Dans le match des nouvelles technologies d'éclairage, comment s'en sortent les LED (diodes électroluminescentes) ? C'est la question à laquelle répond l'Ademe dans un avis publié le 24 septembre. Entre 2010 et 2012, les ampoules à incandescence ont été progressivement retirées du marché européen. Objectif : économiser 40 TWh à l'échelle de l'UE d'ici 2020.
En substitution, les consommateurs ont pu se tourner vers les lampes fluo-compactes (ou lampes basse consommation), les LED ou les lampes halogènes (classe énergétique A, B ou C). Mais ces dernières, qui représentent 70% des ampoules achetées aujourd'hui, pourraient être progressivement interdites à partir de 2016. Les LED et lampes fluo-compactes (LFC) se partageraient le marché de l'éclairage domestique à terme.
Pour l'heure, les LED sont "assez peu répandues sur le marché de l'éclairage" mais pourraient gagner d'importantes parts de marché grâce à l'amélioration de leurs performances et à la baisse des prix. Leur durée de vie très longue et leur faible consommation électrique les rendent en effet intéressantes. En revanche, leurs performances environnementales globales, bien que meilleures que celles des ampoules à incandescence, peuvent être améliorées, souligne l'Ademe. Celle-ci rappelle par ailleurs que l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a mis en garde, en 2010, contre certains risques sanitaires liés aux LED blanches et les déconseillait aux personnes sensibles (enfants…).
Une technologie prometteuse
Parmi les avantages de la LED par rapport aux autres technologies : sa durée de vie. Elle peut aller "jusqu'à 40.000 heures contre 2.000 h pour les lampes halogènes et 8.000 h pour les lampes fluocompactes". De plus, elles sont insensibles aux chocs.
Côté efficacité énergétique, l'Ademe souligne que les LED actuellement mises sur le marché sont plus performantes que les lampes fluo-compactes. De plus, elles affichent un fort potentiel d'amélioration, leur technologie évoluant rapidement. Pour rappel, l'éclairage représente 12% des consommations électriques des ménages, hors chauffage et production d'eau chaude.
Mais les performances varient selon les technologies. "Si une LED isolée affiche un très bon rendement énergétique (environ 150 lumens par watt -lm/W- et jusqu'à 220 lm/W pour les plus performantes), une lampe à LED offre un rendement compris entre 40 et 80 lm/W [contre 60 lm/W pour une fluo-compacte]. Cette baisse de rendement est notamment liée à la chaleur produite par les diodes accolées dans la lampe". A l'avenir, les LED devraient accroître leur efficacité et atteindre 100 lm/W et jusqu'à 220 lm/W pour les LED "super lumineuses".
Si l'on prend en compte les consommations énergétiques de l'ensemble du cycle de vie d'une lampe, les deux technologies redeviennent ex æquo. En effet, "le processus de fabrication des LED est relativement énergivore". Cependant, "il faut successivement plusieurs LFC pour éclairer aussi longtemps qu'une seule lampe LED".
Parmi les autres atouts non négligeables des LED, l'Ademe souligne qu'elles supportent des allumages et extinctions fréquents, ce qui n'est pas forcément le cas des LFC. De même, "elles émettent instantanément le flux lumineux désiré, sans montée en régime, ce qui peut s'avérer avantageux pour des applications spécifiques telles que les lieux de passage". Enfin, elles "fonctionnent en très basse tension, ce qui peut être un avantage pour la sécurité électrique dans le bâtiment".
Un bilan environnemental à améliorer
Côté impacts environnementaux, si les LED ne contiennent pas de mercure contrairement aux LFC, certains matériaux utilisés lors de leur fabrication, comme l'indium et le galium, "sont considérés comme critiques car les ressources s'épuisent". Or, aujourd'hui, ils ne sont pas recyclés. "L'enjeu est donc de réduire la quantité de ces matériaux dans la LED et de réussir à les recycler", estime l'Ademe. De même, pour améliorer le bilan environnemental de leur cycle de vie, "les fabricants de LED peuvent agir en prévoyant dès la conception, le démontage et le recyclage de la lampe".
Tout de même, nuance l'Ademe, "l'impact environnemental d'une source lumineuse [étant] principalement déterminé par son efficacité à produire la lumière et sa durée de vie", les LED tirent leur épingle du jeu. Elles affichent des impacts environnementaux réduits de 75% par rapport à une ampoule à incandescence. Un chiffre qui devrait progresser jusqu'à 85% grâce aux évolutions technologiques.
Cependant, l'étude de l'Ademe ne semble pas prendre en compte l'impact des LED sur la biodiversité, des impacts méconnus, selon l'association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) qui appelle à une évaluation environnementale plus globale de ces technologies.
Des risques pour les personnes sensibles
Enfin, rappelle l'Ademe, l'Anses alertait en 2010 sur les risques sanitaires posés par les LED blanches : stress toxique pour la rétine, causé par la lumière bleue présente en forte proportion, et risque d'éblouissement, lié à la forte intensité en lumière. Elle recommandait notamment d'éviter leur utilisation dans les lieux fréquentés par les enfants et les personnes sensibles à la lumière. Pour les lampes fluo-compactes, c'est l'exposition aux ondes électromagnétiques qui était pointée du doigt et avait amené l'Ademe, en 2010, à formuler des précautions d'usage… Conclusion : rien ne vaut l'éclairage naturel ?