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Loup : des tirs autorisés autour des élevages considérés comme non protégeables

Les tirs de défense ne sont en principe possibles qu'en cas d'attaque du prédateur en dépit de mesures de protection des troupeaux. Le Gouvernement lève cette dernière condition pour des troupeaux jugés non protégeables.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Loup : des tirs autorisés autour des élevages considérés comme non protégeables

« Concilier souveraineté alimentaire et transition écologique, et en particulier préservation de la biodiversité, est notre ambition. Ce plan s'inscrit dans cette droite ligne. La décorrélation entre la croissance du loup et l'évolution d'animaux d'élevage prédatés démontre que ce chemin est possible, si l'on apporte aux éleveurs des solutions de protection efficaces et des moyens de défendre leurs troupeaux », a déclaré le ministre de la Transition écologique à l'occasion de la publication, ce vendredi 23 février, du nouveau Plan loup (1) destiné à couvrir la période 2024 à 2029.

La publication de ce plan, qui fait suite à une consultation publique lancée en novembre dernier, intervient trois jours après la réunion du groupe national loup sous l'égide de la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, chargée de la coordination du plan. Une réunion qui s'est déroulée sans les représentants des associations de protection de la nature qui avaient claqué la porte de cette instance en septembre dernier, estimant qu'aucune mesure en faveur de l'espèce n'était prise dans le cadre de ce plan pourtant théoriquement destiné à la protéger.

La mise en ligne du nouveau plan s'est accompagnée de la publication au Journal officiel de deux arrêtés interministériels, un arrêté-cadre qui réglemente les tirs du canidé, un autre qui encadre l'indemnisation des dommages sur les troupeaux, ainsi que d'une instruction technique (2) signée par la préfète coordinatrice.

Réponse aux demandes de la profession agricole

« Les dispositions relatives au tir répondent aux demandes de la profession agricole », explique-t-on au Gouvernement. L'arrêté-cadre permet aux éleveurs de se doter de matériels de vision nocturne. Les louvetiers, quant à eux, n'auront plus l'obligation d'éclairer leur cible avant de procéder au tir. Pour les tirs de défense simple, le texte donne la possibilité de passer de un à deux, voire trois, tireurs, en fonction des circonstances locales, comme des alpages très étendus.

“ Les autorisations de tir dépendent du nombre d'attaques, car ce qui détermine le tir, c'est l'attaque ” Ministère de l'Agriculture
L'instruction technique, quant à elle, permet aux préfets d'accélérer la délivrance des autorisations de tir, avec un délai de quarante-huit heures au maximum après l'attaque. Elle prévoit également l'envoi de louvetiers dans le même délai ou dans un délai de soixante-douze heures si une autorisation de tir n'avait pas été préalablement accordée.

Ces facilitations apportées dans les possibilités de tir du canidé sont loin de satisfaire les associations de protection de la nature. « On n'est favorable au tir du loup que dans des conditions très spécifiques, lorsqu'il est mené par des professionnels (OFB), quand on a une attaque avérée et qu'on sait qu'un loup pose problème, et surtout que le fait de l'éliminer va engendrer une solution et non un problème », explique Cédric Marteau, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

L'« avancée majeure » vantée par le Gouvernement est donc logiquement rejetée par les ONG. Cette « avancée » est la possibilité de délivrer des autorisations de tirs de défense aux éleveurs de bovins et d'équins dès la première attaque de loups malgré l'absence de mesures de protection. Cette possibilité concerne des élevages considérés actuellement comme non protégeables du fait de l'absence de solutions efficaces et qui sont exposés en raison de l'évolution du front de colonisation du prédateur hors des massifs montagneux. « Ce sont plutôt les loups exclus des meutes qui sont à l'origine de ce type de dégâts. Plus on mettra la pression sur des groupes familiaux très structurés, plus on aura des loups erratiques qui n'auront plus la capacité de chasser en groupe », estime Cédric Marteau.

La mesure est toutefois censée être provisoire dans l'attente des résultats des recherches sur de nouveaux moyens de protection, menées notamment par l'Inrae. L'utilisation de drones ou des effarouchements à l'aide de phéromones figurent parmi les pistes évoquées.

Plafond inchangé

Le plafond de loups prélevables reste inchangé, à 19 % de la population, avec une possibilité d'augmenter cette proportion à 21 % en cas de prédation particulièrement marquée. Le plafond, en nombre absolu, pour 2024 sera donc connu une fois que l'Office français de la biodiversité (OFB) aura effectué une nouvelle estimation de la population, courant mars, à partir d'une nouvelle méthode.

« La méthode privilégiant l'analyse des données génétiques est apparue comme la plus fiable scientifiquement pour estimer les effectifs. Elle a fait l'objet d'un large consensus parmi les parties prenantes intéressées au regard des évolutions méthodologiques proposées (mise en œuvre d'un plan d'échantillonnage spatialisé, simplification de la collecte des indices par un recours aux écouvillons, renforcement de la transparence) », assure Fabienne Buccio, la préfète coordinatrice. La nouvelle estimation de la population sera présentée lors de la prochaine réunion du groupe loup, prévue le 2 avril prochain.

En 2023, la population globale était estimée à 1 104 individus. Deux-cent sept loups ont été tués sur les 209 pouvant être prélevés. Depuis le début de l'année 2024, huit loups ont été tués, informe le ministère de l'Agriculture. « Les autorisations de tir dépendent du nombre d'attaques, car ce qui détermine le tir, c'est l'attaque », rappellent ses services. Entre 2 500 et 3 000 autorisations de tir ont été délivrées, mais celle-ci doivent s'inscrire dans le plafond annuel, sous le contrôle de la préfète coordinatrice qui recueille les décomptes. Au final, 85 % des tirs sont effectués par les louvetiers et les agents de l'OFB qui ne détiennent pourtant que peu d'autorisations. Les 15 % restants sont réalisés par les éleveurs qui détiennent la majorité des autorisations.

Mais, au final, ces nouvelles dispositions devraient conduire à une augmentation du nombre de loups détruits, en phase avec le projet européen de reclassement du loup d' « espèce strictement protégée » en simple « espèce protégée ». «  Augmenter le nombre de loups abattus est un très mauvais signal et, malheureusement, un gros mensonge pour le monde pastoral car cela ne solutionnera pas la limitation des dégâts », estime le directeur général de la LPO.

1. Télécharger le Plan loup 2024-2029
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43556-plan-loup-2024-2029.pdf
2. Télécharger l'instruction technique de la préfète
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43556-loup-tirs-instruction-technique.pdf

Réactions2 réactions à cet article

Les amis des loups n'ont jamais vu sur place ce qu'était l'action du loup sur une brebis .Comme disait un homme politique décédé récemment: les avocats qui étaient pour la peine de mort et qui assistaient à cette fin de vie changeaient d'opinion après .

la revue mentionne régulièrement les loups ; mais je n'ai jamais lu d'articles sur les vipères qui disparaissent

modus | 26 février 2024 à 09h55 Signaler un contenu inapproprié

Ben voyons : les loups ne votent pas, eux, aux européennes !

Pégase | 06 mars 2024 à 13h34 Signaler un contenu inapproprié

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