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Pesticides : une étude de l'Inrae constate une persistance omniprésente dans les sols

Une étude menée par des chercheurs de l'Inrae a détecté des pesticides dans une quasi-totalité d'échantillons de sols prélevés dans tout l'Hexagone. Certaines substances ont été relevées au-delà de leur dégradabilité théorique.

Agroécologie  |    |  F. Gouty
Pesticides : une étude de l'Inrae constate une persistance omniprésente dans les sols

De nombreux pesticides persistent dans le sol français et souvent bien au-delà de leur temps de dégradation théorique (DT). Tel est le constat dressé par des chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et deux écotoxicologues de l'université de Bordeaux dans une nouvelle étude (1) publiée dans la revue Environmental Science & Technology. Cette dernière constitue l'aboutissement d'un projet de recherche, intitulé Phytosol, lancé en 2018 à la demande de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

La quasi-totalité des échantillons contaminés

La rémanence de certaines substances phytosanitaires n'est pas une découverte mais, selon les auteurs, sa caractérisation dans les sols de France métropolitaine n'avait encore jamais été précisément effectuée. « À la différence de ce qui est fait pour les milieux aquatiques et l'atmosphère, la surveillance de la contamination des sols par les pesticides n'existe pas à l'échelle du territoire. » Pour tenter de combler ce manque, les scientifiques ont prélevé des échantillons de sols (de zéro à vingt centimètres de profondeur) dans 47 des sites compris dans le Réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS) piloté par le Groupement d'intérêt scientifique sur les sols (GIS Sol), entre 2019 et 2021. À noter que les sites comportaient aussi bien des parcelles cultivées que des sols supposément non traités (prairies, forêts et friches). Les concentrations mesurées ont été comparées aux DT des 111 substances recherchées, calculées sur la base d'informations fournies sur le terrain par les agriculteurs (substances, date d'application et doses appliquées).

Résultat ? Quarante-six des 47 échantillons renfermaient au moins l'une des 67 molécules détectées. Le seul sans trace notable de pesticides provenait d'une prairie laissée sans intervention humaine depuis 1965. De manière « inattendue », plus de 32 pesticides ont été détectés dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, certes à des concentrations « majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures », indiquent les chercheurs. « Cette apparente contamination pourrait être due à la proximité de deux des cinq échantillons forestiers avec des terres arables et d'un échantillon d'une friche avec un vignoble. » Les sols de grandes cultures comprennent néanmoins le plus de pesticides : 33 substances ont été quantifiées dans un seul échantillon (contre 15 en moyenne pour ce type de sites, et 9 pour l'ensemble des échantillons).

Une persistance au-delà de la dégradabilité théorique

Parmi les pesticides relevés, l'acide aminométhylphosphonique (Ampa), principal produit de dégradation du glyphosate, et l'herbicide lui-même ont été détectés dans respectivement 83 % et 70 % des cas. Du reste, dans plus de 40 % des sites, les substances retrouvées étaient des fongicides, comme l'époxiconazole et la famille des inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI). Ce que les scientifiques ont surtout remarqué, c'est la « persistance inattendue » des pesticides détectés, souvent « bien au-delà de leur DT et à des concentrations supérieures à celles escomptées ». Au total, la concentration de 25 des 67 pesticides relevés, dont le glyphosate, a été mesurée alors que ces substances étaient censées s'être naturellement dégradées depuis parfois plusieurs années. D'autres molécules ont par ailleurs été détectées sans que leur application n'ait été signalée.

« Si les herbicides contribuent le plus aux concentrations totales en pesticides retrouvées dans les sols, le risque majeur estimé pour les vers de terre est dû aux insecticides et aux fongicides, soulignent enfin les chercheurs, en citant la fragilité du ver du fumier (Eisenia fetida). Les risques de toxicité chronique pour ces vers de terre sont "modérés" à "forts" pour toutes les parcelles cultivées. » Pour eux, la présence et la persistance d'autant de substances constituent un « réel danger de bioaccumulation », et avec elle la survenance d'effets cocktail, pour de nombreuses autres espèces vivant dans le sol.

1. Accéder à l'étude
https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.2c09591

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