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Mine de lithium dans l'Allier : un débat public annoncé pour le printemps

L'ouverture de mines en France, pour produire les matières indispensables à la transition énergétique, est soutenue par le Gouvernement. Le premier projet de production de lithium entre dans la phase des études d'impact et, bientôt, du débat public.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
Mine de lithium dans l'Allier : un débat public annoncé pour le printemps
Actu-Environnement le Mensuel N°443
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°443
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Annoncé en octobre 2022, le projet d'exploitation d'un gisement de lithium dans l'Allier se précise. La Commission nationale du débat public (CNDP) vient d'annoncer le lancement d'un débat public (1) , au printemps prochain, sur cette première mine de lithium en France. Un questionnaire de pré-débat (2) a été mis en ligne pour identifier les attentes du public en la matière. L'Autorité environnementale (Ae) a, quant à elle, publié, fin décembre, le cadrage préalable (3) à la réalisation des études d'impact, en vue du dépôt d'une demande d'autorisation pour la première phase du projet, la phase pilote.

Baptisé Emili, ce projet est porté par Imerys (détenteur du permis exclusif de recherche), avec le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE, la SNCF et la Région Auvergne Rhône-Alpes. Il vise à extraire et produire du lithium pour fournir les gigafactories françaises (voire européennes) de batteries. L'ambition est de produire, pendant au moins vingt ans, un volume suffisant pour équiper 700 000 véhicules électriques par an (soit 34 000 tonnes par an d'hydroxyde de lithium). Ce qui couvrirait 35 % de l'objectif fixé par le Gouvernement pour réduire la dépendance aux importations de lithium, provenant principalement d'Australie et du Chili. Coût du projet : 1 milliard d'euros.

Une première phase pilote, dont la construction démarrerait en 2024 pour une mise en service en 2025, permettrait de produire 13 000 tonnes de lithium par an, avant le démarrage de la phase commerciale en 2027 pour la mine et 2028 pour l'usine de conversion.

Le projet en bref

Le projet se situe sur le site de Beauvoir, à Échassières dans l'Allier, où Imerys exploite une carrière de kaolin (granit altéré), dans lequel est présent du lithium. « Deux premières campagnes de sondages en 2021 et 2022 ont permis de confirmer la richesse du gisement, en concentration et en quantité́, entre 100 et 300 mètres de profondeur environ, sous la surface autorisée de la carrière (80 ha) : 117 millions de tonnes de ressources avec une teneur moyenne de 0,9 % d'oxyde de lithium (Li2O), représentant plus d'un million de tonnes de lithium, 0,13 % d'étain et 0,02 % de tantale », précise l'Ae.

La construction d'une chaîne intégrée est envisagée sur le site. Concrètement, il s'agirait d'extraire le granite, de concasser et broyer le matériau en souterrain pour limiter les nuisances, avant de poursuivre le traitement en surface, dans une usine de concentration dédiée (calcination à 1 000°C puis lixiviation à l'eau). Le minerai sera ensuite envoyé jusqu'à une usine de conversion, dont la localisation n'est pas encore arrêtée. Plusieurs conditions : que le site soit « proche » d'Echassières, desservi par le train (pour limiter le transport en poids lourds lors de la phase commerciale) et que les ressources en eau y soient suffisantes. « La réhabilitation d'une ou de lignes de train serait nécessaire ainsi qu'un raccordement électrique pour chacune des deux usines », précise l'avis de l'Ae.

De multiples impacts à étudier

Dans son cadrage préalable, l'Ae fait le point sur les impacts à étudier et sur le périmètre de l'étude d'impact. Celle-ci devra porter sur l'ensemble du projet, phases pilote et industrielle, estime-t-elle.

Le premier enjeu porte sur la santé humaine. Le lithium est un irritant (cutané, oculaire et des voies respiratoires), classé également reprotoxique et perturbateur endocrinien. L'extraction devrait être menée cinq jours par semaine, à raison de 15 heures par jour et d'un à deux tirs quotidiens, qui génèreront du bruit et des vibrations. Le broyage et le concassage, prévus en souterrain, produiront quant à eux des poussières et des eaux d'exhaure qui, sans traitement, peuvent engendrer des pollutions. L'étape de conversion produira également des effluents, dont le traitement doit être organisé. La Conversion et la concentration ont également recours à des produits polluants comme l'acide chlorhydrique, l'acide fluorhydrique, voire des cyanures. « L'étude d'impact devra donc analyser avec soin les risques sanitaires du projet à chaque étape du procédé́ », souligne l'Ae. « Dès la phase pilote du projet, des hypothèses d'émissions de polluants et de bruit maximisées doivent être décrites, et leur impact étudié́ au regard des populations riveraines ».

Deuxième enjeu : la ressource en eau, dans un contexte de changement climatique . Chaque étape nécessitera des volumes importants en eau, et particulièrement l'usine de conversion. « Il a été indiqué aux rapporteurs un besoin de prélèvement annuel, pour le projet d'ensemble, supérieur à un million de mètres cubes. En l'état actuel, le site envisagé dans l'ouest de l'Allier ne pourrait pas fournir cette quantité́ d'eau ».

Les incidences sur la biodiversité devront également être étudiées puisque le lithium est une substance corrosive pour l'environnement. « Des concentrations dix à cent fois supérieures au seuil de toxicité́ (estimé de l'ordre de 10 microgrammes/litre) ont été mesurées dans les sites d'extraction du Chili et d'Australie », souligne l'Ae.

Enfin, les consommations en énergie (électricité et gaz), notamment pour l'étape de conversion, qui comporte des chaudières et des tours de refroidissement, sont importantes. Des mesures devront être prises « à hauteur des enjeux énergétiques nationaux ». Idem pour l'impact carbone, des travaux à l'exploitation en passant par le transport des salariés et du minerai jusqu'au client final. Sans oublier « la consommation par les usines d'espace non déjà̀ imperméabilisé́ sera à compenser, eu égard à la possible artificialisation des sols (…) et donc aux atteintes possibles du projet sur les fonctions des sols et sur la captation de carbone ». Pour chacun de ces impacts, les porteurs de projets devront prévoir les mesures d'évitement, de réduction et, si nécessaire, de compensation, rappelle l'Ae.

1. Consulter le site Internet du débat public<br />
https://www.debatpublic.fr/mine-de-lithium-allier
2.  Accéder au questionnaire pré-débat
https://www.debatpublic.fr/mine-de-lithium-allier/un-premier-projet-de-mine-de-lithium-dans-lallier-quen-dites-vous
3. Consulter l'avis de l'Ae
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/231220_cp_imerys_delibere_cle28bf34.pdf

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