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L'UICN dresse un constat sans appel : les espèces continuent de disparaître

L'objectif d'enrayer la perte de biodiversité en 2010 ne sera pas atteint par la communauté internationale, selon un rapport, publié tous les 4 ans par l'UICN, qui a appelé les gouvernements à redoubler d'efforts pour réduire la crise d'extinction.

   
L'UICN dresse un constat sans appel : les espèces continuent de disparaître
Lynx ibérien (Lynx pardinus)
© UICN
   
Alors qu'en 2002 les gouvernements, au Sommet mondial de la Terre à Johannesburg, s'étaient fixés pour objectif de freiner le recul de la biodiversité d'ici à 2010, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) montre, dans une étude exhaustive qui analyse la situation de près de 45.000 espèces, que l'objectif 2010 ne sera pas atteint.

Dans ce rapport de synthèse intitulé ''Les espèces sauvages dans un monde en mutation'' publié tous les 4 ans, sur les 44.838 espèces menacées figurant sur la Liste rouge de l'UICN, 16.928 espèces d'animaux ou de plantes sont menacées d'extinction. Un chiffre ''considérablement sous-estimé'', souligne l'UICN, l'analyse ne portant que sur 2,7% des 1,8 million d'espèces décrites.

Un oiseau sur huit, un mammifère sur quatre, un amphibien sur trois

Selon l'UICN, 20% des 5.487 mammifères de la planète sont aujourd'hui menacés d'extinction. A titre de comparaison depuis l'année 1500, seules 76 espèces se sont éteintes. De plus, la situation pourrait s'avérer pire car l'UICN estime qu'elle manque de données pour plus de 800 espèces. Le nombre de mammifères menacés pourrait atteindre 36 %, a indiqué Jan Schipper, expert de l'UICN.

Plus de la moitié des amphibiens (59 %) et 42 % des reptiles d'Europe sont également en déclin. Pour 23 % des amphibiens et 21 % des reptiles, la situation est si grave qu'ils sont classés comme espèces menacées sur la liste rouge européenne. De plus, chez les amphibiens, la chytridiomycose, une maladie infectieuse provoquée par un champignon, touche un nombre croissant d'espèces et complique les actions de conservation, ajoute l'UICN.

Concernant les oiseaux, 1.226 espèces dans le monde contre 1.186 en 2004, sont menacées de disparition, 4 sont éteintes à l'état sauvage et 190 sont déclarées en danger critique d'extinction. 363 espèces d'oiseaux sont aussi menacées d'extinction. Le plus grand nombre d'espèces menacées se trouve au Brésil et en Indonésie, mais la plus forte proportion d'oiseaux menacés d'extinction ou déjà éteints correspond aux îles océaniques, précise l'UICN.

Pour certaines catégories de plantes, comme les conifères et les cycadacées, la situation est encore ''plus préoccupante'', avec 28% et 52% d'espèces menacées respectivement.

La menace croissante du changement climatique

Dans tous ces cas, la principale menace est la destruction des habitats, en raison de l'agriculture, des aménagements ou encore de l'exploitation forestière. La destruction et la dégradation des habitats touchent 40% des mammifères tandis que le changement climatique et la déforestation accélérée par le développement des agrocarburants contribuent à la disparition des espèces d'oiseaux, avec l'introduction d'espèces exotiques envahissantes.

Dans les océans, la situation est tout aussi alarmante, une grande variété d'espèces marines étant menacée par la surpêche, le changement climatique, les espèces envahissantes, l'urbanisation du littoral et la pollution. Au moins 17% des 1.045 espèces de requins et de raies, 12,4% des mérous et six espèces de tortues marines sur sept sont menacés d'extinction. 27% des 845 espèces de coraux sont également menacées et 27,5% des oiseaux marins sont déclarés en danger d'extinction.

Si aujourd'hui une part importante des espèces non menacées d'extinction sont sensibles au changement climatique (30% des oiseaux, 51% des coraux et 41% des amphibiens), le réchauffement pourrait à l'avenir toucher gravement un plus grand nombre d'espèces sauvages.

Imaginez la pêche sans poissons, l'exploitation forestière sans arbres, le tourisme sans récifs coralliens ni autres espèces sauvages, les cultures sans pollinisateurs, souligne Jean-Christophe Vié, Directeur adjoint du Programme de l'UICN pour les espèces et auteur principal du rapport. Tous les animaux et les plantes qui constituent la trame extraordinaire de la vie sur la planète ont un rôle spécifique et assurent des biens essentiels : nourriture, médicaments, oxygène, eau salubre, pollinisation des cultures, stockage du carbone et fertilisation des sols, rappelle-t-il.

Imaginez les dommages pour nos économies et nos sociétés si tout cela était perdu, poursuit-il alors que le rapport de l'économiste indien Pavan Sukhdev souligne que la perte de la biodiversité coûterait 3.100 milliards € par an à l'échelle mondiale, soit 6% du PIB mondial en 2050.

Redoubler d'efforts

“ La conservation agit, mais pour réduire la crise d'extinction il faut faire bien davantage et vite ” Jean-Christophe Vié de l'UICN
Si Jean-Christophe Vié note ''quelques avancées'' de la part des Etats pour réduire la perte de biodiversité grâce à des actions de conservation, nous sommes encore loin d'avoir inversé la tendance, souligne-t-il tout en appelant les Gouvernements à faire des efforts aussi importants, sinon plus, pour sauver la nature que pour sauver les secteurs économiques et financiers. La conservation agit, mais pour réduire la crise d'extinction il faut faire bien davantage et vite, avertit Jean-Christophe Vié.

Sebastian Winkler, responsable international pour le Count-Down 2010 au sein de l'UICN, recommande de mobiliser tous les acteurs (gouvernements, organisations internationales, ONG, entreprises..) pour stopper l'érosion de la biodiversité. Il faut demander des actions concrètes au niveau local (agendas 21, etc.) et ne pas négliger les petites actions autour, a-t-il souligné en janvier dernier à Paris à l'occasion de la signature par une dizaine de collectivités franciliennes de la Déclaration du ''Compte-à-rebours 2010'' qui s'engageaient à enrayer la perte de la biodiversité.

Aux côtés de la lutte contre le changement climatique, la biodiversité est notre plus grand défi, a indiqué M. Winkler. Ce dernier préconise de s'aligner sur les objectifs fixés par le protocole de Kyoto pour empêcher la destruction des ressources végétales et animales et appelle à la création d'un GIEC de la biodiversité.

Les négociations ont déjà débuté pour l'après 2010 avec l'idée de mettre en place des mesures plus concrètes, comme la lutte contre les espèces invasives, selon Sebastian Winkler, qui pourraient être décidées lors de la prochaine Conférence de la Convention sur la diversité biologique qui aura lieu du 18 au 29 octobre 2010 au Japon.

Réactions4 réactions à cet article

Hélas

L'espèce "homo débilus", malheureusement, elle,non seulement n'est pas en diminution, mais prolifère ;-(

En particulier dans les sphères parlementaires, gouvernementales et même présidentielles de tous les pays où certains confondent éGolique avec éCologique.

Mais étaient-ils intelligents déjà ceux qui ont qualifié le bipède avec, paraît-il, une cervelle pensante, d'homo sapiens sapiens

Quelle myopie !

Sprikritik | 09 juillet 2009 à 08h11 Signaler un contenu inapproprié
Hélas

Peut-être espèrent-ils pouvoir pallier à la disparition des milliers d'espèces animales et végétales par la création en masse de produits de synthèse?!
Je suis sûr que d'ores et déjà, des banques de données (bien cachées évidemment!) sont constituées, avec des échantillons des millions de molécules nécessaires à la création de nouveaux produits...
Seulement, ce qu'ils oublient, c'est que la nature n'est pas figée dans le temps ; elle évolue, elle mute, elle est toujours en mouvement... Qu'adviendra t-il lorsque notre "réservoir" de biodiversité sera vide et à sec? Comment allons-nous faire face aux mutations des virus, des bactéries, aux attaques des produits chimiques toujours plus nocifs et ceux déjà en place dont on ne connaîtra leurs effets que dans 50 à 100 ans?
Sans matière pour élaborer de nouveaux remèdes, je doute fort que l'espèce "Homos débilus ridiculus nombrilius" puisse croître de façon aussi exponentielle durant encore de longues années...

Il faut revenir à l'essentiel, rendre à la nature ce qui lui appartient, c'est à dire récupérer tous les brevets des grandes industries agro-alimentaires et pharmaceutiques, qui ont par un jeu pernicieux et vicieux, volé la richesse de ce monde en se l'accaparant au détriment des autres...

On doit faire en sorte que l'agriculture biologique ne soit plus un effet de mode, un palliatif, mais un mode de culture international, où les produits chimiques sont bannis, où les notions de profits à outrance, de rentabilité et de productivisme soient remisées pour de bon !

Marre de voir la richesse de notre planète qui s'amenuise et disparaît peu à peu sans que l'on ne puisse faire quelque chose à notre échelle !
Il faut que les gouvernements en place osent lutter contre les lobbies des industries polluantes, et incluent dans chacun de leurs programmes des actions fortes et concrètes pour lutter réellement et efficacement contre le réchauffement climatique accéléré par l'Homme et la disparition des espèces...

Je fais de l'animation nature, ce qui me permet de dire les choses comme elles sont aux enfants, afin qu'ils aient un autre son de cloche que celui apporté par les médias et notre société de consommation en général...
Connaître, Apprendre et aimer, voilà les bases d'un profond respect qui mènera l'Homme à trouver un équilibre tant primordial pour la sauvegarde de notre chère planète nourricière...

L'Auré des bois | 09 juillet 2009 à 17h16 Signaler un contenu inapproprié
Les poissons, ces oubliés

Lorsqu'on parle d'animaux en voie de disparition on cite régulièrement les mammifères, les oiseaux, les amphibiens,rarement les poissons et encore plus rarement les poissons d'eau douce. Qu'en est-il des poissons d'eau douce européens, français?
Merci

Un ami des poissons | 10 juillet 2009 à 09h34 Signaler un contenu inapproprié
Conservation et biodiversité

Je me demande si un jour, une fois, une année les objectifs de conservation en vue d'arrêter ou de considérablement réduire la perte de la biodiversité terrestre et aquatique. Mais il faut continuer le combat et espèrer.
C'est un combat qui ne concerne pas l'intelligence humaine, peut être sa conscience et ses choix.

Bateyack | 10 juillet 2009 à 18h25 Signaler un contenu inapproprié

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