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Les rivières, atouts pour les territoires et le climat

Longtemps invisibilisée et endiguée, l'eau des rivières apparaît comme une des clés de la renaturation du territoire. L'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse plaide pour une nouvelle logique d'aménagement, en alliance avec les milieux naturels.

Aménagement  |    |  A. Sinaï
Les rivières, atouts pour les territoires et le climat

« Le moment est venu d'aménager les territoires autrement, en intégrant l'eau, les rivières, la nature, le vivant. L'enjeu est de passer à une logique d'aménagement qui bénéfice d'une eau bien visible, qui s'infiltre au lieu de ruisseler sur des surfaces imperméabilisées, avec des cours d'eau renaturés conçus comme autant d'atouts : pour réduire les risques d'inondations, autoépurer les eaux, augmenter la biodiversité ou développer l'attractivité touristique et économique en améliorant le cadre de vie. Il ne s'agit donc plus d'opérer contre les rivières et les milieux naturels, mais avec ceux-ci, en les aidant à nous aider », s'enthousiasme Laurent Roy, directeur général de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse.

Les mentalités évoluent. Il s'agit désormais de moins « corseter » l'eau, de la laisser se déployer à travers méandres et vases d'épanchement. L'artificialisation des rivières oblige actuellement les collectivités à intervenir pour réparer les services dégradés par les aménagements, parfois au prix d'impacts financiers, économiques et sociaux élevés. Par exemple, une rivière privée de ses galets, à cause des barrages ou des extractions, s'enfonce. À l'inverse, plus les digues sont distantes de son cours, moins elles sont soumises à la force de l'eau, moins elles risquent de rompre. C'est aussi moins d'investissements pour les construire.

Des infrastructures naturelles

La comparaison des scénarios de gestion montre que, sur le long terme, la restauration des rivières, la remise à ciel ouvert des cours d'eau enterrés, la diversification des écoulements par modification de la géométrie du lit, la recréation de méandres sont autant d'actions qui peuvent sembler complexes, mais sont génératrices d'économies pour les finances locales.

Par exemple, la divagation de la Durance (Bouches-du-Rhône) était entravée par des ouvrages transversaux protégeant les terres agricoles. Ce système amplifiait les crues. Grâce au recul et à l'arasement des épis, enrochements transversaux servant de digues, la largeur du lit gagne 40 %, la rivière retrouve son style en tresse et des économies sont réalisées sur le budget de renforcement des ouvrages.

Dans les Pyrénées-Orientales, l'artificialisation du Tanyari, rivière de 13 km, provoquait un risque pour les populations et les activités économiques. Trois solutions ont été déployées pour ralentir la vitesse d'écoulement des eaux : la création de bassins de rétention à l'amont, celle d'un chenal de crue et la restauration du cours d'eau sur 2,5 km en lui redonnant davantage de place. Il s'agit d'investissements avec un meilleur ratio coûts-bénéfices. Les exemples se multiplient sur le territoire.

Des économies sur les coûts de potabilisation

“ Il ne s'agit plus d'opérer contre les rivières et les milieux naturels, mais avec ceux-ci, en les aidant à nous aider ” Laurent Roy, agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse
Laisser l'eau s'écouler réduit aussi le coût de potabilisation et induit un prix de l'eau du robinet plus faible. Dans le marais de Saône par exemple, l'eau est de meilleure qualité depuis que les berges ont été diversifiées. De plus, 91 % des nitrates sont éliminés si le parcours est sinueux et non canalisé. En bordure de rivière, une bande de végétation de 10 à 20 mètres absorbe plus de 80 % de flux de polluants.

De l'amont à l'aval, la forme du cours d'eau se façonne avec les flux d'eau et de sédiments. Les fleuves sont des systèmes dynamiques qui combinent de l'eau et des sédiments en recherche d'équilibre. Les cours d'eau respirent, ils ajustent leur forme pour répartir au mieux les crues et les ajouts de sédiments. En aval, ils transportent graviers, sable et galets qui aident à protéger le littoral contre l'érosion marine et contribuent à restaurer la biodiversité.

La diversification des formes fluviales protège la vie aquatique. Les nappes sont rehaussées, le rafraîchissement de la température de l'eau, qui ne stagne plus dans les gravières, favorise le retour des poissons d'eau courante, l'abaissement des seuils qui barrent certaines rivières, comme le Var, à Carros (sur la Côte d'Azur), réduit l'exposition aux inondations. La revalorisation paysagère qui en résulte contribue à un « marketing territorial », souligne l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse.

Une réponse au réchauffement

La renaturalisation des rivières participe d'une réponse systémique au dérèglement climatique, tant dans leur capacité à endiguer les crues, par épanchement naturel, que par leur contribution à la réduction de l'érosion côtière, accélérée par la montée des eaux. « La restauration des rivières est à placer au rang des priorités, avec une vision plus large, à l'échelle d'un territoire et non plus d'une portion de cours d'eau », souligne Thomas Pelte, chef du service ressources en eau, milieux et fleuve Rhône à l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, qui accompagne les collectivités par des aides spécifiques pour les projets ambitieux ou lorsqu'une reconnexion avec une zone humide est favorisée.

Dans le contrat des bassins-versants de l'Aude, la Berre et des Corbières maritimes, 20 millions d'euros sont mobilisés sur la période 2021 à 2023 pour aménager les rivières, se prémunir des inondations et poursuivre une politique d'acquisition foncière, démarrée il y a plus de dix ans à l'initiative du Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (Smmar) et de ses syndicats adhérents. En témoigne l'exemple de la Clamoux, sous-affluent de l'Aude, où le syndicat mixte de l'Aude Centre a acheté six hectares de vignes.

« Autrefois corsetée sur 4 à 5 mètres de large par des murs, entourée de vignes, la rivière a retrouvé son lit et la nature a repris ses droits », explique Hélène Mathieu-Subias, directrice technique du Smmar. « La Clamoux s'étend désormais sur une largeur de 70 mètres et peut freiner le passage des crues torrentielles en cas d'intempéries. Cette stratégie financière est aujourd'hui actionnée sur l'ensemble du bassin-versant, avec un objectif de 1 000 hectares d'acquisition à court terme. »

Réactions2 réactions à cet article

Nous aimerions bien que l'Agence ADOUR-GARONNE dont je dépends, s'inspire de l'Agence R.M.C. qui est toujours en pointe sur les sujets où les agences sont impliquées.

LILI | 14 janvier 2022 à 09h08 Signaler un contenu inapproprié

Après de décennies de rectification, de recalibrage, de corsetage, de recouvrement, de détournement et autres travaux d'artificialisation, aux effets délétères dénoncés depuis le début par des hydrogéologues, des écologues et des naturalistes, voici qu'on débouche enfin du long tunnel du tout aménagé et que la voix de la raison retentit enfin au grand jour ?
Ce n'est pas tout à fait fini. Car la nouvelle grande menace pour bien des cours d'eau est de servir de zones de pompage pour de coûteuses et néfastes bassines réservées à une caste d'agri-managers, aussi ultra minoritaires qu'influents en hauts lieux.

Pégase | 15 janvier 2022 à 10h23 Signaler un contenu inapproprié

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