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Sécuriser l'accès à l'eau en Adour-Garonne : les projets territoriaux se dessinent

Parmi les plus exposés au changement climatique, le bassin Adour-Garonne s'est doté d'une stratégie pour sécuriser son accès à l'eau à l'horizon 2050, avec une déclinaison dans les six territoires qui le composent. Point sur l'avancement de la démarche.

Eau  |    |  D. Laperche
Sécuriser l'accès à l'eau en Adour-Garonne : les projets territoriaux se dessinent

Le second pas est réalisé dans l'objectif du bassin Adour-Garonne de sécuriser l'accès à l'eau à l'horizon 2050 : les contours des projets territoriaux, déclinaisons locales des grandes orientations de sa stratégie pour réduire le déficit, sont désormais esquissés. Les enjeux sont conséquents pour le bassin, car il devrait compter parmi les plus exposés au changement climatique : le déficit dans les rivières en étiage devrait atteindre 1,2 milliard de mètres cubes en 2050.

Le comité de bassin a donc défini une stratégie en quatre axes et mandaté les établissements publics territoriaux de bassin (EPTB) des six territoires (1) pour qu'ils élaborent des plans opérationnels d'investissement territorialisés. « Chaque président d'EPTB nous a rendu sa copie, indique Guillaume Choisy, directeur de l'agence de l'eau Adour-Garonne. Mais tous les projets ne sont pas arrivés à la même maturation sur un même territoire : pour certains, les travaux – plus longs – ne sont pas encore chiffrés. D'ici à la fin de l'année, nous affinerons le calendrier opérationnel. Nous avons déjà toute la matière pour le faire. Des stratégies d'investissement ont été déterminées avec, parfois, des projets de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) à finaliser et à mettre en œuvre. »

Des PTGE pour mobiliser

“ L'objectif est d'atteindre, en 2027, 88 PTGE mis en œuvre sur le bassin ” Guillaume Choisy, agence de l'eau Adour-Garonne
Un des axes de la stratégie compte en effet sur la mise en œuvre de PTGE pour mobiliser des actions comme la création de retenues ou la sécurisation du remplissage des ouvrages existants, l'utilisation de solutions fondées sur la nature ou encore l'agroécologie. « Une quarantaine sont en cours – peu sont entièrement finalisés –, 35 autres devraient être lancés. L'objectif est d'atteindre, en 2027, 88 PTGE mis en œuvre sur le bassin, précise Guillaume Choisy. L'idée est de s'appuyer pour cela sur les schémas d'aménagement et de gestion des eaux (Sage). »

Concernant l'agroécologie, la filière agricole a été mobilisée pour l'élaboration d'un pacte d'engagement (2) pour une transition agroécologique sur le Grand Sud-Ouest pour 2022 à 2027. Si ce dernier n'a pas encore été signé, il est désormais adopté à l'unanimité des membres. « Le pacte vise une inversion de la courbe et, qu'en 2030, nous observions une baisse des pesticides dans les eaux, y compris souterraines, souligne Guillaume Choisy. Nous sommes partis des capacités d'évolution des coopératives et des acteurs économiques vers les objectifs du Sdage. Nous ne fixons pas d'objectifs chiffrés dans le pacte, car nous ne pouvons pas les quantifier de la même façon pour tous les territoires : tous les sols ne vont pas réagir de la même façon. Par exemple, dans les Landes, les sols sont réactifs et nous pouvons espérer réduire la pollution en trois à quatre ans. »

Selon le directeur de l'agence de l'eau, près de 40 % du bassin sont plus particulièrement touchés par cette question (notamment par des pollutions liées aux herbicides et aux nitrates) pour ses eaux de surface et 35 % pour les eaux souterraines. « Un travail sur l'érosion est également mené : mettre plus de couverts végétaux, mieux curer les retenues pour améliorer durablement la gestion quantitative, note Guillaume Choisy. Nous disposons d'un vrai panel de solutions. Nous ne sommes plus – les agriculteurs non plus – dans la stratégie de dire, il faut stocker l'eau. Nous avons dépassé cet enjeu et nous visons une multitude de solutions pour un multi-usage. »

36 territoires intéressés par la Reut

La stratégie vise également un recours à des ressources alternatives, comme la réutilisation des eaux usées traitées ou des eaux pluviales. « Trente-six territoires ont des projets bien identifiés de réutilisation des eaux usées traitées et, dans les bassins en déficit quantitatif sur le littoral, la réflexion est quasiment généralisée, pointe Guillaume Choisy. La majorité des projets prévoient une phase sur des sujets plutôt urbains ou infra-urbains, comme le lavage de voirie, l'arrosage des jardins publics, mais généralement ils élargissent rapidement vers une phase d'irrigation agricole, qui représente les plus gros volumes. Certains acteurs veulent alimenter les chasses d'eau dans les écoquartiers, mais cela reste un peu compliqué car il subsiste des blocages sanitaires. »

Parmi les pistes également empruntées figurent aussi l'optimisation de la gestion des canaux (notamment le canal latéral de la Garonne ou celui de Saint-Martory), la recharge de nappes souterraines avant l'étiage, la restauration de zones humides ou encore le recours à des retenues inutilisées. « Nous avons recensé ces retenues inutilisées avec leurs potentiels, leurs volumes d'eau… L'idée, c'est de pouvoir les reconnecter au milieu pour leur donner un nouvel usage, soit de réalimentation des rivières en étiage, soit de les utiliser pour des agriculteurs situés à proximité sans augmenter les volumes par rapport à la mobilisation actuelle », expose Guillaume Choisy.

La stratégie estimait qu'il serait aussi possible de mobiliser 80 millions de mètres cubes grâce à des gravières. « Un certain nombre de gravières – qui représentent environ une trentaine de million de mètres cubes - sont déconnectées des milieux : nous pourrons aller très vite pour exploiter ces ressources, indique Guillaume Choisy. En revanche, d'autres gravières situées notamment le long de la Garonne demandent encore des études approfondies, en cours, car une gravière connectée avec le lit de la rivière ou avec la nappe peut entraîner le vidage de la ressource. »

Une mobilisation accrue des retenues hydroélectriques

La stratégie s'appuie également sur les travaux du rapport Le Coz pour augmenter la mobilisation des retenues hydroélectriques pour un soutien d'étiage. « Sur l'Ariège et l'Aveyron, nous avons lancé des études pour mettre en place des transferts d'eau afin de disposer de retenues pleines en sortie d'hiver », explique Guillaume Choisy.

Par ailleurs, pour maintenir la flexibilité de la production électrique, des stations de transfert d'énergie par pompage (Step) devront également être déployées. Des études sont aussi lancées.

Point sensible toutefois, l'ensemble va impliquer un changement du modèle économique de la gestion de l'eau. Les lâchers pour le soutien d'étiage lors d'épisodes de sécheresse font déjà l'objet de compensations financières versées aux gestionnaires d'ouvrages hydroélectriques. Aujourd'hui, leur manque à gagner est compensé à hauteur d'environ 4 millions d'euros par an. Ces coûts sont couverts pour moitié par l'agence de l'eau, le reste par les collectivités (3) . Mais la plus grande mobilisation des barrages et les investissements associés vont demander de revoir les équilibres financiers. Des travaux sont aujourd'hui en cours et de premières pistes de réponse pourraient être apportées, début 2023.

Les débits d'objectifs d'étiage feront l'objet d'une autre réflexion sensible : le rapport Le Coz estime en effet que, dans les territoires pyrénéens, quelle que soit la mobilisation des retenues hydroélectriques, ils ne pourront être maintenus. « Pour l'instant, ce n'est pas d'actualité, notre objectif est de mettre en œuvre des actions pour sécuriser la ressource. Mais face au changement climatique, nous savons qu'il faudra mener une réflexion sur les débits d'objectifs d'étiage et définir une méthode pour les réviser, estime Guillaume Choisy. Nous regardons cette question dans un cadre national et lors de la concertation pour les schémas directeur d'aménagement et gestion de l'eau (Sdage). »

La prochaine étape de la stratégie du bassin Adour-Garonne repose désormais sur le lancement et le financement de l'ensemble des projets. « Notre enjeu pour la fin de l'année avec l'ensemble des collectivités est de flécher des moyens. Certains territoires demandent beaucoup d'investissements qu'il va falloir hiérarchiser de manière à apporter un gain maximum dès les débuts de la démarche, considère Guillaume Choisy. Dans la situation dans laquelle nous sommes, nous ne pouvons pas courir après les problèmes quantitatifs. »

1. Tarn, Aveyron, Neste, Garonne, Adour amont et Charente.2. Télécharger le pacte d'engagement
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-40043-pacte-transition.pdf
3. Le plan de financement des charges depuis 2016 est à 40 % issu de redevances du Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne (SMEAG), à 10 % des collectivités membres du SMEAG et à 50 % de l'agence de l'eau.

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