Les progrès en matière d'autonomie énergétique des poids lourds restent limités pour les longues distances. Une alliance d'experts du secteur propose une solution originale sous la forme de terminaux d'échanges.
Et si l'alliance ECTN (European Clean Transport Network) remettait le principe des relais de poste au goût du jour ? Formé en 2022 par le spécialiste de la supply chain Ceva Logistics, l'énergéticien Engie et la société concessionnaire d'autoroutes Sanef, ce consortium prévoit de développer un réseau de terminaux destinés au transport routier longue distance décarboné, le long des autoroutes.
Sur ces aires de services spécialement aménagées, les chauffeurs trouveraient les équipements nécessaires pour faire une pause et recharger leur tracteur en électricité, en hydrogène ou en biogaz, mais ils pourraient surtout confier leur chargement à un autre chauffeur et reprendre la route en sens inverse avec un autre chargement.
Pas d'arrêt pour les marchandises
« Une remorque partie de Lille peut par exemple être prise en charge aux alentours de Paris par un chauffeur venu de Dijon. La recharge en énergie du tracteur est faite sur place. Chacun échange sa remorque et la marchandise poursuit son chemin au lieu de passer une nuit sur un parking avec un chauffeur, tandis que les chauffeurs, eux, font demi-tour et rentrent chez eux », explique Julien Pointillart, directeur délégué environnement et RSE de Sanef Groupe. De quoi pallier les difficultés des véhicules lourds en matière d'autonomie énergétique, puisque les tronçons de trajets par tracteurs seront plus courts.
La moitié des émissions de CO2 de nos clients provient des poids lourds. Trouver des solutions de décarbonation des transports constitue un enjeu majeur.
Julien Pointillart, Sanef Groupe
De quoi lutter aussi, dans le même temps, contre la pénurie de chauffeurs qui sévit partout en Europe. «
Le système est particulièrement souple, observe Julien Pointillart.
Le chauffeur peut aussi prendre un autre tracteur déjà rechargé pour repartir. On peut ainsi dissocier les temps de travail et de pause des chauffeurs, des temps de charge. Et comme les véhicules sont utilisés à leur maximum, les transporteurs peuvent rentabiliser l'achat d'un véhicule décarboné et réduire le différentiel de coût avec un diesel, par exemple. » Pour chaque tronçon parcouru, l'énergie utilisée peut également être différente. Dernier avantage de la solution : elle permet de passer à l'échelle petit à petit, sans nécessiter de gros investissements initiaux.
Cinq terminaux-tests
Une étude de faisabilité a déjà été lancée afin de déterminer la meilleure organisation possible, les étapes du déploiement du projet en France, puis en Europe, ainsi que l'ampleur des investissements nécessaires. Elle se poursuivra durant plusieurs mois. En parallèle, l'alliance compte tester la faisabilité du projet in situ, dès cet été, pour un an ou deux. Chaque jour, entre Lille et Avignon, une flotte de 20 tracteurs à faibles émissions de carbone transportera 20 remorques qui s'échangeront sur cinq terminaux. L'occasion de répondre à des questions pratiques liées à l'aménagement des zones logistiques, aux chargements, à la circulation des poids lourds, aux outils informatiques nécessaires, à la sécurité ou aux assurances.
Le développement du projet à grande échelle, qui cette fois nécessitera un financement conséquent, n'a pas encore été programmé. Mais les chargeurs se montrent déjà très intéressés. Quant aux partenaires, ils misent sur le projet pour verdir de manière conséquente leurs activités. « La moitié des émissions de CO2 de nos clients provient des poids lourds, souligne Julien Pointillart. Cela représente 3 millions de tonnes par an, 1,5 % des émissions du territoire français. Pour nous, trouver des solutions de décarbonation des transports constitue un enjeu majeur. »
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