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Nucléaire : l'Autorité de sûreté veut un débat sur les principales hypothèses à long terme

La France ne peut pas se contenter de lancer la construction de nouveaux réacteurs. Elle doit anticiper l'avenir de l'ensemble du secteur, estime l'ASN. L'un des principaux sujets concerne la poursuite du retraitement des combustibles usés à La Hague.

Energie  |    |  P. Collet
Nucléaire : l'Autorité de sûreté veut un débat sur les principales hypothèses à long terme

La France doit anticiper dès maintenant les décisions en matière de nucléaire qu'elle devra prendre au cours des dix à quinze prochaines années, explique Bernard Doroszczuk. Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) souhaite que la future loi de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) aille au-delà de la question de la construction de nouveaux réacteurs en abordant notamment la question du cycle du combustible, avec l'arrêt ou la poursuite du retraitement des combustibles usés après 2040. « Il faut une vision d'ensemble, se projeter dans le futur », résume le président de l'ASN.

Penser le nucléaire dans son ensemble

L'an dernier a été marqué par les prémices du débat sur la prochaine PPE. Deux sujets retiennent pour l'instant l'attention : la construction de nouveaux réacteurs et l'allongement de la durée de fonctionnement de ceux en service. Ces discussions, limitées aux capacités de production nucléaires, sont insuffisantes, estime le président de l'ASN. Il juge qu'il est temps de revoir « globalement » les questions de sûreté et de radioprotection et cela pour « l'ensemble des installations nucléaires ».

Concrètement, l'ASN souhaite que le débat porte dès cette année sur « les futurs possibles du cycle du combustible ». En 2040, se posera la question de la mise à l'arrêt de l'usine de La Hague (Manche) où sont retraités les combustibles usés. Une décision doit donc être prise rapidement concernant la poursuite du retraitement (pour lancer la construction d'une nouvelle usine) ou son abandon (pour préparer la gestion des combustibles usés comme déchets, et non plus comme matière nucléaire).

L'ASN souhaite que la prochaine PPE permette « d'engager un travail de réflexion pluraliste sur les futurs possibles du cycle du combustible et les déchets associés ». L'objectif est de poser les « hypothèses structurantes » qui déterminent le futur du nucléaire en France. Il s'agit d'en débattre dans les trois à quatre ans qui viennent, afin de disposer ensuite des dix à quinze années nécessaires à la mise en œuvre des décisions.

Penser l'après-60 ans

“ La prolongation [des réacteurs nucléaires] ne doit pas être la variable d'ajustement d'une politique énergétique mal calibrée ” Bernard Doroszczuk., ASN
Le devenir des réacteurs en service doit aussi être anticipé. Actuellement, la réflexion porte sur l'allongement de la durée de fonctionnement des réacteurs au-delà de cinquante ans. L'ASN aimerait préparer au plus vite l'étape suivante, c'est-à-dire le fonctionnement au-delà de soixante ans. Cette prolongation « ne doit pas être la variable d'ajustement d'une politique énergétique mal calibrée », redit Bernard Doroszczuk.

L'ASN et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont donc ouvert le dossier l'an dernier. EDF doit formuler ses propositions d'ici à fin 2024 pour que l'ASN puisse donner une décision de principe d'ici à fin 2026. Des sujets précis, tels que le vieillissement de pièces non remplaçables (comme des coudes moulés fixés sur la cuve) se posent. Et d'expliquer que l'ASN échange avec son homologue américaine qui, elle, autorise déjà le fonctionnement de réacteurs jusqu'à quatre-vingts ans. « Il y a beaucoup de convergence sur les sujets les plus sensibles », explique Bernard Doroszczuk.

Repenser les impacts climatiques

La question climatique est aussi l'un des enjeux que souhaite aborder l'ASN. L'été dernier, pour la première fois depuis 2003, l'Autorité a dû autoriser des dépassements des températures maximales de rejets d'eau pour cinq réacteurs d'EDF. La canicule et la sécheresse sont encore perçues comme des exceptions, alors qu'elles devraient se multiplier à l'avenir, avance Bernard Doroszczuk.

Le président de l'ASN demande donc que soient mieux anticipées les conséquences des évolutions climatiques sur les installations nucléaires. Aujourd'hui, le sujet est pris en compte lors des visites décennales des réacteurs. Mais ce pas de temps est trop court pour traiter de ces enjeux de long terme, selon l'ASN. Elle souhaite que l'adaptation du nucléaire aux impacts des changements climatiques fasse partie des sujets abordés avec la question de la poursuite du fonctionnement à long terme des installations, comme celle demandée pour les réacteurs d'EDF au-delà de soixante ans.

Le débat doit porter sur les aléas pris en compte (canicules, sécheresses, tornades, etc.), leur cumul et leur évolution possible sur plusieurs dizaines d'années. Ces sujets, appliqués aux réacteurs les plus récents, nous imposent de réfléchir sur quarante ans, explique l'ASN. Par ailleurs, le Rhône, le long duquel se situent quatre centrales (Bugey, Cruas, Saint-Alban et Tricastin), pose des questions spécifiques en termes de besoins cumulés en eau. D'autant, rappelle l'ASN, que d'autres acteurs utilisent le fleuve.

Un « observatoire » de la gestion des déchets anciens

Enfin, en matière de gestion des déchets, l'ASN attend plus des détenteurs. Bernard Doroszczuk a rappelé les enjeux autour des déchets historiques et la difficulté qu'ont les détenteurs à tenir les calendriers de reprise et de conditionnement de ces résidus radioactifs. Certes, « des résultats concrets » ont été enregistrés en 2022, mais les retards restent la norme pour les projets présentant le plus de risques.

Pour faire suite à ces reports successifs, le président de l'ASN annonce que le gendarme du nucléaire va donner plus de visibilité sur ces opérations de reprise des déchets historiques. « Ces projets prioritaires feront l'objet d'une démarche spécifique de suivi par phases ou par jalons de projet, avec des engagements réalistes des exploitants sur au plus les cinq années à venir. » Surtout, les calendriers seront rendus publics avec la création d'un observatoire de la reprise des déchets anciens qui sera mis à jour chaque année dans le rapport annuel de l'ASN.

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