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La chaleur renouvelable ne veut pas être oubliée de la future programmation énergétique

Alors que les débats se focalisent sur l'éolien, le solaire et le nucléaire pour répondre à une électrification massive des usages, plusieurs acteurs appellent à un « plan Marshall » pour la chaleur renouvelable. Objectif : atteindre 300 TWh en 2030.

Energie  |    |  S. Fabrégat
La chaleur renouvelable ne veut pas être oubliée de la future programmation énergétique

Alors que la direction générale du Climat et de l'Énergie (DGEC) du ministère de la Transition énergétique consulte les parties prenantes sur le futur mix énergétique, dans le cadre de la préparation de la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE 3), le Club de la chaleur renouvelable (qui rassemble tous les grands acteurs (1) du secteur) a remis à la ministre Agnès Pannier-Runacher une proposition de plan Marshall. L'objectif : que les énergies renouvelables couvrent, d'ici à 2030, 54 % de la chaleur consommée en France, au lieu de 23 % aujourd'hui (la PPE actuelle prévoyait d'atteindre 38 % en 2028). Ce qui reviendrait à produire 300 térawattheures de chaleur renouvelable et de récupération (en misant en parallèle sur une baisse de la demande de 22 %), pour 183 TWh en 2022. Un objectif pas forcément irréaliste : en Europe du Nord (2) , les énergies renouvelables représentent déjà plus de la moitié de la chaleur consommée. La biomasse constitue l'essentiel de ces calories, mais le marché des pompes à chaleur y progresse fortement.

Des occasions manquées

La chaleur reste « la grand oubliée du débat énergétique actuel », focalisé sur l'électrification des usages et les sources d'électricité renouvelable (éolien, photovoltaïque, nucléaire), déplorent ces acteurs. Pourtant, la crise énergétique, liée à la guerre en Ukraine, a montré la forte dépendance aux énergies fossiles pour ces besoins (près de 60 %).

Malgré tout, la loi d'accélération sur les énergies renouvelables est passée à côté du sujet. Le Fonds chaleur a, quant à lui, été plafonné à 530 millions d'euros pour 2023, quand ces acteurs demandaient de le porter à 1 milliard en 2024 pour accélérer le verdissement de la chaleur et à 3 milliards en 2030.

Plusieurs mesures ont cependant été prises pour accélérer le développement des réseaux de chaleur (classement, coup de pouce « raccordement express »…) et de la géothermie. La réglementation thermique RE 2020 devrait être favorable au solaire thermique, aux pompes à chaleur et au bois énergie, même si l'obligation de chaleur renouvelable, un temps évoquée, a été abandonnée.

Pour aller encore plus loin, les acteurs demandent une planification du développement de la chaleur. En s'assurant, dans un premier temps, que les futures zones d'accélération des énergies renouvelables prévues par la loi (et le règlement européen) n'oublient pas la chaleur et y affichent autant d'ambition que pour l'électricité renouvelable.

Par ailleurs, ils demandent que soit intégrée une stratégie territoriale de chauffage dans tous les documents d'urbanisme et d'habitat (PLU et PLH). La réalisation d'études de faisabilité de création de réseaux de chaleur devrait également être généralisée dans toutes les collectivités de plus de 10 000 habitants. Dans le résidentiel et le tertiaire, l'installation de boucles d'eau chaude secondaires devrait être facilitée. L'État et les collectivités devraient également montrer l'exemple en planifiant un déploiement accéléré de la chaleur renouvelable dans les bâtiments publics.

En parallèle, un plan doit être mis en place pour augmenter les ressources humaines et les compétences dans les métiers de la chaleur et du froid renouvelable, dont les besoins vont aller croissant (formations diplômantes, politique d'emplois spéciale…).

Des mesures pour chaque source d'énergie

Le plan de la filière fixe également des objectifs par source d'énergie et les mesures à prendre pour y parvenir.

Alors que le bois énergie est la source de chaleur la plus utilisée en France (102 TWh en 2021), le plan vise une augmentation à 146 TWh. Mais la future PPE devrait plutôt limiter le développement de cette ressource, afin de flécher le bois vers les usages essentiels et éviter de futurs conflits d'usages.

Pour le solaire thermique, la filière vise 6 TWh en 2030. Le solaire a couvert 1,5 TWh en 2021, soit quelques pour cent de plus que l'année précédente. Cette progression est portée par les territoires ultramarins, alors qu'en métropole le rythme de déploiement a ralenti depuis 2010. Le plan demande le lancement de plans solaires par secteur d'activité : campings, industrie agroalimentaire, piscines publiques…

La géothermie a représenté 2,2 TWh en 2021 et les pompes à chaleur 42 TWh (+13 % en un an), dont l'essentiel du marché porte sur l'aérothermie. Le plan vise 6 TWh pour la géothermie profonde et 10 TWh pour les PAC géothermiques et demande la mise en œuvre effective du Plan géothermie, annoncé en février par le Gouvernement, qui cible autant les installations collectives qu'individuelles.

Un tiers du biogaz produit (11 TWh) est utilisé pour la chaleur, principalement sur le lieu même de production. Auxquels s'ajoutent 4,3 TWh de biométhane injectés dans le réseau de gaz naturel. Le plan mise sur 57 TWh de gaz renouvelables en 2030. Il demande aux pouvoirs publics d'ajuster le cadre économique de l'injection et de lancer rapidement le dispositif des certificats de production de biogaz.

Enfin, la filière demande plus d'ambition sur la chaleur de récupération : 45 TWh en 2030, contre 8 TWh en 2021. Dont 19 TWh pour la chaleur fatale, 16 TWh pour l'incération et 10 TWh pour les combustibles solides de récupération (CSR). Pour accélérer la récupération de chaleur fatale, le club préconise de rendre obligatoire l'évaluation du potentiel de valorisation pour les installations industrielles et les centres de données d'une puissance supérieure à 5 mégawatts (MW) et de lancer un fonds de garantie pour les projets. Quant à la valorisation des déchets, il demande une simplification et une relance des appels d'offres CSR, ainsi qu'une suppression des plafonds de volumes incinérés inscrits dans les plans de prévention et de gestion des déchets.

1. AFPG, Amorce, Atee, Cibe, Enerplan, Fedene, SER et Via Séva2. Suède, Estonie, Finlande, Lettonie et Danemark

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