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Emmanuel Macron réunit son premier conseil de politique nucléaire sous les critiques

Le président a réuni pour la première fois cette instance de pilotage du programme nucléaire français en vue de tenir son calendrier serré de construction de nouveaux réacteurs. Les antinucléaires dénoncent un passage en force.

Energie  |    |  L. Radisson
Emmanuel Macron réunit son premier conseil de politique nucléaire sous les critiques

« Borner tous les enjeux autour de la construction et du renforcement d'une filière industrielle intégrée. » C'est ainsi que l'Élysée résume l'objet du Conseil de politique nucléaire (CPN) qu'Emmanuel Macron a réuni ce vendredi 3 février. Cette instance avait été créée par Nicolas Sarkozy, en 2008, quelques semaines avant d'annoncer la création d'un deuxième EPR, qui ne sera jamais réalisé tandis que le premier n'est toujours pas opérationnel.

Réunissant la Première ministre, les ministres compétents (Énergie, Économie, Recherche, etc.) et les représentants du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la réunion de cet outil de pilotage de la politique nucléaire fait suite au discours de Belfort du président de la République. Tenu il y a quasiment un an, il y avait annoncé la relance de la filière nucléaire, avec la création de six nouveaux réacteurs EPR2 et l'objectif d'une première mise en service d'ici à 2035.

Préparer la prolongation de la durée de vie des centrales

Le CPN s'est d'abord penché sur le parc nucléaire existant. « Afin d'assurer la sécurité d'approvisionnement électrique française, et après un niveau de production du parc nucléaire historiquement bas au cours des deux dernières années, le CPN a lancé la remobilisation de l'ensemble des acteurs pour préparer l'hiver 2023 en anticipant au mieux les arrêts programmés des réacteurs », rapporte l'Élysée dans un communiqué publié à l'issue de la réunion. Le lancement d'études destinées à préparer la prolongation de la durée de vie des centrales existantes à soixante ans et au-delà a également été acté durant la réunion.

Sont également annoncées plusieurs études sur la gestion des déchets ultimes résultant de la relance de la filière qui seront présentées lors d'un prochain CPN. Enfin, un renforcement du rôle du CEA dans le domaine de la recherche est annoncé, tandis que la construction « d'un grand plan de formation aux métiers du nucléaire » a été validée.

Sécuriser le calendrier de mise en service des nouveaux EPR

Mais, surtout, le CPN a passé en revue les principaux sujets relatifs au programme de construction des EPR, indique l'Élysée. Les conclusions du débat public en cours sur ce programme seront intégrées dans la future Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) qui doit être présentée en juin 2023, avant un débat au Parlement de la loi qui la portera. L'Élysée rappelle le projet de loi de relance du nucléaire, adopté par le Sénat le 24 janvier dernier, et la création de la délégation interministérielle au nouveau nucléaire, créée par décret début novembre. Deux outils destinés à sécuriser le calendrier de mise en service des nouveaux EPR.

“ Le passage en force actuel est un doigt d'honneur au débat public mené depuis des mois par la Commission nationale du débat public sur le futur énergétique de la France ” FNE
Le CPN a également « acté l'accélération des travaux » sur le projet Nuward d'EDF de développement de petits réacteurs modulaires (SMR), mais aussi le soutien aux projets de petites réacteurs innovants (AMR), avec l'objectif de disposer d'une tête de série dans les années 2030.

« Sabotage en règle du débat public »

Le sujet est sensible car l'accélération de l'exécutif fait fi des procédures en cours. Le 24 janvier dernier, le réseau Sortir du nucléaire et Greenpeace France ont claqué la porte du débat public, dénonçant « une mascarade démocratique et un sabotage en règle du débat public par le Gouvernement ». Plus notable encore, la Commission nationale du débat public (CNDP) a tapé du poing sur la table après la suppression par le Sénat de l'objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité. « Une telle mesure (…) revient (…) à considérer comme sans intérêt pour définir la stratégie énergétique les interrogations, les remarques et les propositions faites lors du débat public en cours », s'est indignée la CNDP.

« Le passage en force actuel est (…) un doigt d'honneur au débat public mené depuis des mois par la Commission nationale du débat public sur le futur énergétique de la France, dont la richesse des controverses travaillées en amont, des échanges, des questionnements et de la participation méritent mieux que de s'assoir dessus », abonde France Nature Environnement (FNE) selon des termes inhabituellement utilisées par la fédération d'associations de protection de l'environnement.

En tout état de cause, le dossier est suivi comme le lait sur le feu par un Emmanuel Macron, qui met la pression sur toute l'Administration et les industriels concernés pour doper la filière. L'Élysée annonce d'ailleurs que le CPN se réunira deux fois par an. Mais ce sera même davantage, puisque les deux prochaines réunions sont programmées pour juin et pour la fin de l'année. Entre-temps, une nouvelle instance de suivi devrait voir le jour sous l'égide d'Élisabeth Borne en vue de « décliner les décisions » prises en CPN.

« Je le dis souvent : le nucléaire français est à la fois trop faible pour oser se soumettre à l'exercice démocratique, et trop puissant pour devoir s'y plier. Cela a rarement été aussi criant », réagit sur les réseaux sociaux Yves Marignac, consultant sur le nucléaire et la transition énergétique au sein du groupe Négawatt.

Réactions2 réactions à cet article

Bien dit Yves Marignac, mais que faire pour bloquer cette fuite en avant du nucléaire alorsn e le problème des déchets actuellement entassés à la Hague nest tjrs pas résolu....

Boulard | 06 février 2023 à 17h26 Signaler un contenu inapproprié

Relancer l'industrie nucléaire ou comment tirer une balle dans le pied des générations futures, qui devront faire avec les déchets du confort des nôtres et les risques colossaux de santé publique à très long terme !
L'inconséquence de nos décideurs politiques est abyssale.

Pégase | 06 février 2023 à 23h09 Signaler un contenu inapproprié

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