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Feux de forêt : Emmanuel Macron annonce un grand chantier de replantation dépourvu de moyens

En visite en Gironde auprès de ceux qui luttent contre les feux de forêt, le président a annoncé le lancement d'un grand chantier national pour replanter la forêt détruite. Mais la baisse concomitante des moyens interpelle.

Aménagement  |    |  L. Radisson
Feux de forêt : Emmanuel Macron annonce un grand chantier de replantation dépourvu de moyens

« Refaire la forêt, prévenir les risques d'aujourd'hui et demain. » C'est ce qu'a annoncé Emmanuel Macron, mercredi 20 juillet, en visite auprès des personnels mobilisés pour combattre les deux méga-feux de forêt de La Teste-de-Buch et de Landiras (Gironde), qui ont détruit plus de 20 000 hectares depuis le 12 juillet.

« Nous allons lancer un grand chantier mobilisant les professionnels de la forêt : l'ONF, les forestiers, mais aussi les bénévoles, pour pouvoir replanter une forêt dont nous allons bâtir des règles plus protectrices dans la durée », a annoncé le président de la République. Face à ce défi se pose toutefois la question des moyens que l'État alloue à cette politique, alors que ces annonces n'ont pas encore été déclinées par les ministres qui en sont chargés.

Le jour même du déplacement d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Agriculture présentait en Conseil des ministres un projet de loi de ratification de l'ordonnance du 1er juin 2022, qui donne plus de places aux agents privés au sein de l'Office national des forêts (ONF). Le moyen d'assouplir la gestion de l'établissement public et de renforcer son action, selon le gouvernement. Un pas vers la privatisation des forêts publiques, selon les syndicats de personnels. Ceux-ci ont déposé, le 22 juin dernier, un recours contre le contrat signé par l'établissement public avec l'État. « Par ce contrat, le gouvernement décide de supprimer 500 emplois supplémentaires à l'ONF d'ici à 2025. (…) En vingt ans, l'ONF a subi près de 5 000 suppressions de postes, soit près de 4 emplois sur 10 : de 12 866 personnels, en 2000, à 7 963, en 2020, s'indigne l'intersyndicale des personnels de l'établissement public. Pourtant, le dérèglement climatique et le dépérissement des forêts vont nécessiter de plus en plus de travail : suivi sanitaire et renouvellement des peuplements forestiers. »

Garantir une gestion nationale de la forêt

La Convention citoyenne pour le climat était sur la même longueur d'ondes que les syndicats. « Le réchauffement climatique s'intensifie et, en parallèle, la probabilité des incendies dans les forêts de notre pays. Les forêts étant indispensables pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour la sauvegarde de notre biodiversité, son entretien et sa surveillance sont donc primordiaux. Il est donc de ce fait impératif de pérenniser l'existence de l'ONF et d'en augmenter ses effectifs. Par ailleurs, il est essentiel que cet organisme reste public pour en garantir une gestion nationale et indépendante de tout intérêt financier privé », avait recommandé la Convention.

“ En vingt ans, l'ONF a subi près de 5 000 suppressions de postes, soit près de 4 emplois sur 10. ” Intersyndicale des personnels de l'ONF
Ce 20 juillet, la Fédération nationale des communes forestières (FNCofor) et l'Association des maires ruraux de France (AMRF) alertent également les pouvoirs publics sur la nécessité de renforcer les services publics forestiers. « Les maires sont directement impliqués. Ils ont un rôle primordial dans ces écosystèmes, à la fois garants de l'intérêt général, protecteurs de la biodiversité et à l'interface de toutes les politiques publiques. Ils doivent pouvoir être accompagnés par des agents de terrain compétents afin d'aménager leur territoire, pouvoir assurer leur mission de sécurité et de prévention des risques tout en étant acteurs du développement économique de la filière forêt-bois et de la transition énergétique », plaident les deux associations.

Le sénateur écologiste Ronan Dantec a interpellé le ministre de la Transition écologique au sujet des effectifs de l'ONF lors des questions au gouvernement, mercredi 20 juillet. « Cette hémorragie se poursuit cette année avec 95 postes de moins, pourtant essentiels pour la prévention des incendies », a déploré l'élu, réclamant au minimum un moratoire sur la suppression de postes. Le gouvernement s'interrogerait sur le bien-fondé de la réduction des effectifs au moment où le président annonce ce grand plan national de replantation. « Avec le ministre de l'Agriculture, nous venons de faire des propositions pour la direction générale de l'ONF », a indiqué Christophe Béchu. « Les discussions budgétaires ministérielles et interministérielles sous l'égide de la Première ministre sont toujours en cours », a également indiqué Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, à l'issue du Conseil des ministres.

« Dialoguer avec les propriétaires privés »

« L'ONF, c'est 25 % de la forêt française. 75 % des forêts sont des forêts privés, a toutefois rappelé Christophe Béchu, devant les sénateurs. Braquer les projecteurs par rapport à ce que nous avons à faire sur les forêts publiques, c'est une chose, mais nous ne pouvons pas oublier le dialogue avec l'ensemble des propriétaires privés, que ce soit en termes de couloirs de défense incendie et de réflexion sur les essences. »

La forêt privée couvre, en effet, 12,7 millions d'hectares en France métropolitaine, selon les chiffres de l'IGN, avec une part beaucoup plus importante dans l'ouest du pays. Le gouvernement peut toutefois mettre en œuvre des outils incitatifs ou d'accompagnement pour améliorer la gestion et la prévention des incendies dans ces forêts. Dans le cadre d'une mission flash sur la prévention des incendies de forêt, la commission du développement durable de l'Assemblée nationale préconisait, en janvier dernier, un strict respect des règles d'urbanisme et de l'obligation de débroussaillement pour les propriétaires concernés. Elle suggérait d'étendre l'obligation de document de gestion à toutes les forêts privées, c'est-à-dire y compris à celles de moins de 25 hectares.

Lors de la clôture des Assises de la forêt et du bois, en mars dernier, le gouvernement avait annoncé des mesures pour accompagner les propriétaires privés dans la gestion durable de leurs forêts. Il s'était notamment engagé sur le prolongement du dispositif d'encouragement fiscal à l'investissement en forêt (Defi) « au-delà de 2022 dans le cadre d'une prochaine loi de finances ». « Son objectif est de lutter contre le morcellement de la forêt, c'est-à-dire l'abandon de certains espaces forestiers causant notamment des problèmes de sécurité (chutes, effets sur les sols…) ou encore des risques d'incendies », expliquait le gouvernement.

Pas sûr toutefois que cela suffise. « La gestion forestière permet une meilleure défendabilité des forêts », a expliqué Gérard Gautier, président de Fransylva Bouches-du-Rhône au micro de RCF, du fait d'une réduction de la masse forestière combustible et par la création de pistes forestières. Mais encore faut-il que les propriétaires soient suffisamment incités, ou contraints. « C'est un travail compliqué et cher et, dans nos forêts, qui ne sont pas rentables par définition, c'est extrêmement compliqué d'imposer ces travaux », a ajouté ce représentant de la fédération des syndicats de propriétaires forestiers.

« Un plan resté dans les cartons »

« Nous devons intensifier les outils et moyens mis en œuvre dans les régions Sud et les étendre à l'ensemble du territoire. Je pense notamment aux 200 plans de prévention des risques incendies de forêts (PPRIF) ; je pense également à la politique de défense de la forêt contre l'incendie du ministère de l'Agriculture », a, de son côté, annoncé Bérangère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'Écologie, devant les sénateurs. À la Teste-de-Buch, le PPRIF est toutefois « resté dans les cartons », bien que prescrit depuis quinze ans par la préfecture, dénonce l'association Robin des bois.  « En quinze ans, les lotissements, les campings, les pistes de quad ont proliféré sur la commune (…) et se sont immiscés dans le massif forestier. Des cabanes de résiniers ont été transformées en résidences secondaires extravagantes qui se vendent cher sur le marché de l'immobilier », s'indigne l'ONG.

Deux missions d'inspection ont été lancées, en mars 2022, pour actualiser la politique de prévention de l'incendie et rendre plus contraignantes et plus efficaces les obligations, indique également Mme Couillard. Mais, pour l'heure, tant ces nouvelles obligations que les moyens nécessaires restent attendus.

Réactions3 réactions à cet article

Beaucoup de parcelles forestières sont issues de successions multiples et sont très morcelées et très souvent ne font l'objet d'aucune exploitation.
Pourquoi l'ONF ou une autre structure d'intérêt public ne préempterait pas ces parcelles afin de générer de la forêt publique; et d'assurer une gestion plus conforme et adaptée au changement climatique.
Ceci devrait pouvoir faire l'objet d'une initiative législative. Or dans ce domaine le conservatisme est la règle alors que cette démarche serait innovante et conforme à l'intérêt général face à la montée des périls.
Arnold STASSINET

DRIEA | 22 juillet 2022 à 16h29 Signaler un contenu inapproprié

Blabla, blabla, blabla, Macron2 fait du Macron1... Mais ces incendies sont pain béni pour les installateurs d'intermittentes (pour rappel, le projet de 1000 hectares de panneaux PV sur la forêt landaise) : même plus besoin de défricher...

dmg | 29 juillet 2022 à 19h48 Signaler un contenu inapproprié

Dès lors qu'il s'agit d'écologie pratique, nos politiques ne savent guère que faire dans l'effet d'annonce dénué de fondement. Cette politique du vide intersidéral en matière d'écologie est inquiétante pour le présent comme pour l'avenir.
@ DRIEA : votre proposition est intéressante. Mais comme vous le dites, la pesanteur du conservatisme, appuyée sur la sacro sainte défense de la propriété privée, la rend illusoire. Nos députés et sénateurs conservateurs ne se voudront jamais suivre.

Pégase | 31 juillet 2022 à 18h02 Signaler un contenu inapproprié

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