
Des projections optimistes
Les analystes, se fiant aux annonces des différentes politiques environnementales nationales et des initiatives internationales (Kyoto…), prédisent un bel avenir aux énergies renouvelables à long terme. Les investissements, qui atteignent 66 milliards de dollars en 2007 contre 10 milliards en 1998, devraient avoisiner les 343 milliards de dollars en 2020 et 630 milliards en 2030.
La création d'emplois « verts » devrait suivre la même tendance. Aujourd'hui, on dénombre 2,3 millions d'emplois créés, dont 300.000 pour l'éolien, 170.000 pour le solaire photovoltaïque et 600.000 pour le solaire thermique. En Allemagne, champion européen des EnR, le nombre d'emplois est passé de 66.000 en 1998 à 260.000 en 2006. L'organisation internationale du travail (OIT) prévoit 20 millions d'emplois supplémentaires dans ce secteur d'ici 2030.
En France, le chiffre d'affaires du secteur des EnR s'est élevé à 9,4 milliards d'euros en 2007 (+16,3 % en un an) et représentait 86.000 emplois. D'ici 2012, ce chiffre devrait passer à 155.000 emplois.
Ces projections sont ambitieuses et beaucoup d'acteurs craignent que les différentes crises impactent le secteur à court ou moyen terme. Néanmoins, selon les analystes, les enjeux concernant le changement climatique et l'épuisement des ressources fossiles devraient jouer, à long terme, en faveur des énergies renouvelables.
La crise est passée par là…
Selon une étude récente de l'agence internationale de l'énergie (AIE), la crise économique devrait se traduire en 2009 par une baisse de la consommation mondiale d'électricité (la première depuis 1945) et par une chute de 38 % des investissements dans les énergies renouvelables. Ralentissement économique, gel des crédits mais aussi nouvelle compétitivité du pétrole et du gaz du fait de la baisse des prix font que les investissements dans le secteur, qui n'ont cessé d'augmenter ces dix dernières années, devraient baisser de 38 % en 2009.
Cette situation est inquiétante, elle devrait fragiliser un secteur qui est encore en phase de développement et en recherche d'équilibre.
L'exemple de Silpro est-il le premier d'une longue liste ? Le 20 avril dernier, la société Silicium de Provence, destinée à fabriquer du silicium pour l'industrie photovoltaïque, a été placée en redressement judiciaire : les porteurs du projet étaient dans l'incapacité de financer la construction de l'usine et son exploitation. La baisse de la demande mondiale en silicium pourrait également avoir causé en partie l'échec du projet.
De fait, les investisseurs sont de plus en plus frileux. Pour Céline Lauvejat, directrice d'investissement à la Caisse des dépôts, la crise va permettre de revenir aux fondamentaux, en écartant les projets les plus fragiles et en ralentissant l'effet de bulle qu'avait connu le secteur ces dernière années. Cependant, les porteurs de projets peinent à boucler leurs budgets. Les conditions de financement sont en effet de plus en plus difficiles. Si auparavant, les banques ne demandaient en moyenne que 10 % de fonds propres, la tendance tournerait aujourd'hui autour de 20 à 30 %. De plus, la baisse du prix des énergies fossiles rendrait les projets dans les secteurs du gaz et du pétrole plus attractifs.
Les différents plans de relance n'ont-ils pas promis de soutenir le secteur ? Pour l'AIE, les dépenses prévues dans les plans de relance des pays du G20 ne sont pas suffisantes face au défi du réchauffement climatique. Pour de nombreux acteurs, au-delà des effets d'annonce, la mise en place de mesures concrètes tarde. Les acteurs demandent davantage de visibilité à moyen terme. Une fixation ferme des tarifs de rachat de l'électricité « verte » pourrait permettre de soutenir un marché en quête de maturité.