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Hydrogène : poser les bases d'un marché mondialisé

Plusieurs travaux sont menés en parallèle pour garantir la sécurité des équipements liés à l'hydrogène, mesurer l'empreinte carbone sur son cycle de vie ou encore certifier l'origine et les modes de production.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Hydrogène : poser les bases d'un marché mondialisé

« La demande, la demande, la demande ! C'est le gros point faible », a martelé Paolo Frankl, responsable de la division énergies renouvelables à l'Agence internationale de l'énergie (AIE), lors d'une conférence organisée dans le cadre du salon Hyvolution, qui se tenait les 30 et 31 janvier à Paris.

Alors que les projets de production d'hydrogène se multiplient et pourraient atteindre, selon les annonces, plus de 400 gigawatts (GW) à l'échelle mondiale à l'horizon 2030, l'AIE a identifié deux priorités pour l'année à venir : mettre en place des politiques pour stimuler la demande, qui peine à décoller, et accélérer la certification et la reconnaissance mutuelle pour faciliter les échanges.

« Quatre-vingts pays ont mis en place des stratégies hydrogène. Les coordonner est un véritable défi », confirme Laurent Antoni, directeur exécutif de l'IPHE, une initiative intergouvernementale sur l'hydrogène, à laquelle participent notamment la France, l'Australie, le Japon, les États-Unis et le Canada. En effet, si certains pays misent sur l'hydrogène renouvelable, d'autres défendent un hydrogène bas carbone produit avec du nucléaire, comme la France, ou encore sur le captage et le stockage de CO2 (CCS) pour décarboner l'hydrogène produit à partir de fossiles. « L'hydrogène a les mêmes propriétés, quel que soit son mode de production. Peu importe sa couleur, ce qui compte, c'est que l'hydrogène soit décarboné, estime Laurent Antoni. Le plus important est la collaboration internationale pour aller dans la même direction. Nous avons besoin d'une approche robuste pour quantifier l'empreinte carbone de l'hydrogène. »

En parallèle des stratégies et des réglementations nationales, des travaux de standardisation et de certification sont donc menés pour rassurer les marchés et accompagner les politiques publiques. L'enjeu : faire converger ces standards pour qu'émerge un marché mondialisé, avec des règles du jeu partagées.

Garantir la qualité et les performances

“ Nous avons besoin d'une approche robuste pour quantifier l'empreinte carbone de l'hydrogène ” Laurent Antoni, IPHE
Les travaux visent plusieurs objectifs : développer des méthodes d'analyse du cycle de vie (ACV) pour mesurer l'empreinte carbone de l'hydrogène, certifier les équipements et services pour garantir leur qualité et leur performance, ou encore garantir l'origine et le mode de production de l'hydrogène. « Il faut trois ans en moyenne pour établir une norme, nous travaillons par consensus », explique Gilles Thouet, représentant de la Commission électronique internationale (CEI), qui établit des normes internationales, à l'instar d'ISO, l'Organisation internationale de normalisation. Plusieurs documents opérationnels ont déjà été publiés par la CEI afin de garantir la sécurité des équipements et des travailleurs évoluant dans un environnement hydrogène.

De son côté, l'ISO a lancé des travaux de normalisation sur les dispositifs et systèmes pour la production, le stockage, le transport, le mesurage et l'utilisation de l'hydrogène. « L'objectif est de faciliter la comparaison des composants par les industriels, d'évaluer la performance, la qualité, la résilience des matériaux… », explique Pierre Serre-Combe, représentant du CEA et participant aux travaux de l'ISO pour la France.

Établir l'empreinte carbone de l'hydrogène

L'ISO travaille également à établir une méthodologie de calcul des émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble du cycle de vie de l'hydrogène. Un premier document a été publié en novembre 2023. « Ce n'est pas encore une standardisation internationale, mais une étape intermédiaire dans la construction commune, explique Guy de Reals, responsable de la régulation et des standards chez Air liquide. Il s'agit d'une spécification technique pour établir l'empreinte carbone de l'hydrogène, de la production à la consommation en passant par le transport et le stockage. Ce document est basé sur d'autres standards ISO. »

Un travail copiloté par la France et le Brésil et qui pourrait aboutir en 2024. Les attentes sont fortes, comme l'explique Paulo Miranda, de l'Association brésilienne de l'hydrogène (ABH2) : « Le Brésil va produire des biofuels, mais aussi de l'hydrogène à partir de biomasse, d'énergies renouvelables… Nous avons de grands projets de production pour répondre à la demande locale, mais aussi pour l'export. Le Brésil a besoin de standards comparables aux standards internationaux. » Une norme internationale permettra en effet de faciliter les échanges en fixant des règles communes, bases d'une compétition équitable. Elle reste une démarche volontaire pour les industriels. « Ce n'est pas un label qui dit ce qu'il est bien ou pas bien de faire. Ce jugement relève de la souveraineté des États. C'est très intéressant d'avoir une vision partagée de ce qui est acceptable ou pas, mais cela dépend de négociations internationales, de traités… La standardisation est là pour mesurer, c'est tout », insiste Guy de Reals.

L'Union européenne a décidé par exemple de ne soutenir financièrement que les projets de production d'hydrogène renouvelable. Mais une méthodologie d'empreinte carbone pourrait lui permettre, par exemple, de faire évoluer ses règles ou de faciliter la mise en place d'un mécanisme carbone aux frontières pour l'hydrogène.

Garantir l'origine et les modes de production

Enfin, un dernier outil est essentiel à la mise en place d'un marché international : la certification, pour garantir l'origine et le mode de production de l'hydrogène. « La certification est la clé pour garantir la confiance du marché », analyse Daria Nochevnik, vice-présidente de l'Hydrogen council. L'AIE et l'IPHE ont publié, en août 2023, un premier document de certification de l'hydrogène. « Il représente le premier consensus sur la terminologie de l'hydrogène produit dans différentes parties du monde. C'est un bon point de départ qui va être mis à jour, explique Daria Nochevnik. Le défi est important car, aujourd'hui, les juridictions ont tendance à développer des critères qui leur sont propres. » Plusieurs certifications ont en effet été mises en place, notamment à l'échelle européenne : un système de garanties d'origine européennes sur l'hydrogène vert et bas carbone par Certif'Hy ou encore une certification de l'hydrogène renouvelable par Bureau Veritas.

Lors de la COP 28, à Dubaï en décembre dernier, trente pays se sont engagés pour la mise en place de la reconnaissance mutuelle des certificats d'hydrogène propre et pour une norme internationale pour les technologies de l'hydrogène. Parmi les signataires : l'Inde, le Chili, le Brésil, les États-Unis et l'Arabie saoudite.

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