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Photovoltaïque sur toiture : une opération de renouvellement illustre les écueils du repowering solaire

À Marseille, un parc photovoltaïque installé sur le toit d'un centre postal va être complètement renouvelé pour des soucis d'optimisation et de sécurisation. Un rare exemple de repowering solaire, une opération plus complexe qu'elle en a l'air.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  F. Gouty
Photovoltaïque sur toiture : une opération de renouvellement illustre les écueils du repowering solaire
Actu-Environnement le Mensuel N°423
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°423
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Le « repowering » n'est pas seulement l'apanage de l'éolien terrestre. Le solaire photovoltaïque y a aussi droit, sous certaines conditions. La centrale solaire sur toiture du centre postal de la Millière, dans le XIe arrondissement de Marseille, en est un exemple éclairant. Le toit de ce bâtiment haut de douze mètres, qui accueille également un établissement français du sang, est équipé, depuis 2009, de plus de 2 500 panneaux photovoltaïques, d'une puissance cumulée de 581 kilowatts-crête (kWc). Cette centrale solaire fait partie des quelque 6 000 parcs de première génération encore en activité.

En automne 2021, inquiet d'une détérioration rapide de la performance de sa centrale, son propriétaire la fait auditer par la société Ener-Pacte, spécialisée dans l'optimisation et la sécurisation des installations photovoltaïques. « Notre objectif premier est de "dérisquer" la centrale dans tous ses aspects », déclare Rémi Berthon, cofondateur et directeur général d'Ener-Pacte. Après un diagnostic complet, le choix est fait : une rénovation complète est programmée. « La quasi-totalité des panneaux étaient atteints de défauts, qui causaient une baisse de performance et des risques de sécurité. »

Un « repowering » collatéral ?

L'audit a fait apparaître une vitesse de dégradation anormalement élevée des modules ainsi que de sérieux défauts de conception, à l'origine d'une ribambelle d'écueils : délamination, défauts d'isolement, fuite de courants, points de chauffe, microfissures. « En une dizaine d'années d'exploitation, un petit défaut chronique a un haut degré de probabilité de mal finir et de dériver en un gros désordre (de performance et de sécurité) », souligne Rémi Berthon.

Pour guérir la centrale de ses maux, Ener-Pacte a lancé un chantier de six semaines, avec l'entreprise de maintenance FTC. L'installation actuelle sera remplacée par près de 1 600 panneaux photovoltaïques plus modernes et « deux fois plus puissants ». La centrale marseillaise parviendra ainsi à une capacité de 630 kWc. Le transformateur et les onduleurs – dont le rendement était, lui aussi, « nettement en deçà des machines contemporaines » – seront également changés. Ce nouvel équipement devrait accroître la production globale de la centrale de 200 mégawattheures (MWh) supplémentaires par an. Au total, le parc renouvelé produira 820 MWh par an en moyenne, soit un bénéfice de 32 %.

Les panneaux retirés seront tous orientés vers des filières de réemploi et de recyclage. Environ un quart d'entre eux sont atteints de « défauts irrémédiables » et seront donc pris en charge par Soren (anciennement PV Cycle), dans l'optique de les recycler à 80 %. Le reste est dirigé vers plusieurs prestataires capables de les réparer, de les reconditionner et de les réinjecter sur le marché.

Les différences avec l'éolien terrestre

« Il faut démystifier l'apparente simplicité de l'énergie photovoltaïque, avance le directeur d'Ener-Pacte. Ce que nous essayons de claironner, c'est qu'il existe des risques et que les acteurs ne doivent pas craindre de les prendre en compte pour les éviter. » La société d'audit estime que 60 % des centrales solaires installées entre 2008 et 2013 seraient aujourd'hui non conformes. Pourtant, leur renouvellement – et le repowering qui souvent l'accompagne – reste anecdotique, en comparaison avec celui des parcs éoliens terrestres. Trois raisons principales expliquent cette différence.

“ Il faut démystifier l'apparente simplicité de l'énergie photovoltaïque ” Rémi Berthon, Ener-Pacte
« Pour la plupart des gestionnaires des parcs, parfois non professionnels, le photovoltaïque n'est pas leur activité première, remarque d'abord Rémi Berthon. En raison de sa nature inerte, ils sont souvent moins attentifs au suivi de leurs centrales. » Autrement dit, la détection des défauts et des risques est donc moins rigoureuse que dans l'éolien, dont les acteurs sont à « échelle industrielle et ont des obligations de suivi très importantes ».

L'autre point, qui complique le renouvellement des parcs solaires, concerne les termes réglementaires – « tout sauf intuitifs », selon le directeur d'Ener-Pacte – des contrats d'obligation d'achat par EDF de l'électricité produite. « Le renouvellement des panneaux par simple convenance, même si le niveau de performance attendu n'est plus ou pas atteint, est strictement interdit dans le cadre de l'obligation d'achat, explique Rémi Berthon. La seule possibilité est un remplacement homologué pour répondre à des risques de sécurité validés par un rapport d'expertise demandé par EDF. » C'est notamment ce dont a pu bénéficier la centrale sur toiture de la Millière.

Ainsi, il faut bien souvent patienter jusqu'à l'échéance des contrats pour les renégocier et mettre à jour l'équipement et les performances. Pour les parcs éoliens, ces accords sont conclus pour quinze ans et les plus anciens arrivent donc actuellement à leur terme – provoquant une multiplication des opérations de repowering depuis 2019. Les premiers contrats solaires, quant à eux, ont été signés pour vingt ans et arriveront à leur terme seulement à partir de 2026.

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