Annoncé à la sortie de l'hiver, l'acte 2 du plan de sobriété vise à « inscrire la baisse de notre consommation d'énergie dans la durée », selon le ministère de la Transition énergétique qui le présentait mardi 20 juin. Un panel de mesures a été défini par dix groupes sectoriels (État, collectivités, transports, logement, tertiaire…). Comme pour le premier volet, de nombreuses mesures sont avant tout incitatives ou consistent à faire appliquer la réglementation existante (à l'instar de la fermeture des portes lorsqu'un commerce est climatisé…). Dans son propos introductif, la Première ministre, Élisabeth Borne, explique : « La sobriété, ce n'est pas la décroissance ; c'est changer un peu nos habitudes, décaler les usages et éviter les consommations inutiles ».
Alors que l'acte 1, associé aux prix dissuasifs de l'énergie, a permis d'atteindre 12 % d'économies d'énergie, aucun objectif chiffré n'est fixé pour cette deuxième étape, si ce n'est une cible de long terme : réduire la consommation nationale d'énergie de 40 % d'ici à 2050 pour atteindre la neutralité carbone. « Notre objectif collectif est d'ancrer ces nouvelles habitudes dans la durée », explique Élisabeth Borne, ajoutant que figurent également dans le plan « des mesures de long terme qui permettront de faire baisser notre consommation dans la durée ».
Mobiliser tous les acteurs et poursuivre dans la lignée de l'hiver
L'idée phare du plan de sobriété est d'embarquer toute la société dans les économies d'énergie. Cela passe par une mobilisation des plus jeunes via leurs écodélégués, des mesures de sobriété dans le secteur culturel (cinémas, festivals…) ou encore dans le sport (l'octroi de la licence de Ligue 1 et de Ligue 2 sera conditionné à des critères de sobriété énergétique). Les sociétés d'autoroute s'engagent à diffuser des messages invitant les conducteurs à lever le pied dès cet été.
Plusieurs mesures visent à amplifier les actions mises en place l'hiver dernier. Ainsi, le dispositif Ecowatt, développé par RTE pour signaler les jours de tension sur le réseau électrique, évoluera pour indiquer les plages dans la journée où le mix énergétique décarboné est capable de répondre à la demande. Il s'agit d'inciter les citoyens à décaler leurs consommations à ces moments-là. Une consultation nationale sera également lancée, de juillet à septembre, sur l'éclairage public, l'un des principaux leviers activé cet hiver par les collectivités pour réduire leurs factures. Plusieurs mesures seront mises en débat : nouvelles obligations d'extinction pour les commerces et les bâtiments non résidentiels, réduction de la puissance lumineuse…
La sobriété doit également être poursuivie cet été, martèle le plan. Pour y parvenir, la consigne pour la climatisation est de 26 °C et les maires devront faire appliquer le décret Portes fermées qui cible les commerces climatisés. Les grandes enseignes de la distribution s'engagent, quant à elles, à promouvoir les solutions alternatives à la climatisation (dispositifs d'ombre, brasseurs d'air, ventilateurs...).
Accentuer l'effort de certains secteurs
Des mesures à plus long terme figurent également dans le plan. Ainsi, le Gouvernement lancera, d'ici l'hiver prochain, un Plan thermostat mobilisant tous les acteurs de la filière (fabricants, distributeurs, énergéticiens…) pour « permettre à tous les Français de s'équiper ». Un décret, publié en juin, prévoit que l'ensemble des bâtiments résidentiels et tertiaires devront être équipés de thermostats d'ici à 2027.
Plusieurs mesures ciblent le secteur du numérique : refroidissement des centres de données (passage de 21 à 23 °C lorsque c'est possible), améliorer les systèmes technologiques de refroidissement des serveurs ou encore prévoir la veille des boîtiers internet et des décodeurs TV. Par ailleurs, le secteur devra présenter d'ici à la fin du mois des engagements sur le développement des activités de réemploi et de reconditionnement, la réparation, la réduction de la définition des vidéos en ligne (streaming).
Les entreprises du CAC 40 devront, de leur côté, présenter des objectifs chiffrés d'économies d'énergie et faire en sorte que le télétravail soit effectivement synonyme de baisse des consommations.
Enfin, de nombreux défis seront lancés et/ou amplifiés pour mobiliser les différents acteurs : économies d'énergie dans les bâtiments publics, concours « Baisse ta clim' » dans le tertiaire, Actee Cube ville pour accompagner les collectivités vers des économies immédiates sans investissements majeurs (doté de 200 M€), Cube Flex pour expérimenter l'effacement de consommation dans le tertiaire.