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Faute de décision des États membres, la Commission européenne réautorise le glyphosate jusqu'en 2033

Réunis devant le Comité d'appel de l'Union européenne, les Vingt-Sept ne sont à nouveau pas parvenus à décider eux-mêmes du sort du glyphosate. Bruxelles s'en est donc chargée à leur place et approuve sa réautorisation sur le continent pour dix ans.

Agroécologie  |    |  F. Gouty
Faute de décision des États membres, la Commission européenne réautorise le glyphosate jusqu'en 2033
Actu-Environnement le Mensuel N°442
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°442
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L'autorisation d'utilisation du glyphosate, l'herbicide controversé, sera finalement renouvelée pour dix ans en Europe à partir du 15 décembre 2023. La décision a été prise par la Commission européenne, ce jeudi 16 novembre, à la suite d'un second vote non conclusif en la matière devant le Comité d'appel de l'Union européenne. Les représentants des États membres de l'UE ne sont en effet pas parvenus à constituer une majorité pour ou contre la proposition de règlement d'exécution de la Commission portant sur ce renouvèlement. La même issue était advenue, le 13 octobre dernier, lors d'un premier vote au sein du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (Scopaff).

La controverse continue

En France, le Gouvernement tient à rappeler qu'il n'est « pas contre le principe du renouvellement de la molécule », mais affirme avoir souhaité que « l'Europe encadre plus strictement les usages du glyphosate » et regrette que ces demandes en ce sens, notamment un « délai de réhomologation plus court que les dix ans proposés », n'aient pas été retenues. « La France invite la Commission à accélérer les travaux pour mettre au point les méthodes scientifiques qui doivent permettre de mieux évaluer les risques indirects pour la biodiversité via les chaînes trophiques. » Pour rappel, la France s'était abstenue de voter pour ou contre ce renouvèlement en octobre dernier – abstention renouvelée ce jour.

La Fondation pour la nature et l'homme (FNH) dénonce, elle, un « passage en force » de l'exécutif européen « malgré les avertissements des scientifiques et contre l'avis de deux millions d'Européens » (en écho à plusieurs pétitions précédentes), sollicitant un « véritable plan de sortie de ce pesticide ». La Ligue pou la protection des oiseaux (LPO) souligne par exemple le « mépris du principe de précaution et des conséquences sanitaires et écologiques » du « désherbant le plus vendu au monde ». La Confédération paysanne qualifie, quant à elle, de « scandaleux » la décision prise par la Commission européenne, fustigeant « l'erreur monumentale » de cette réautorisation « ignorant la réalité qui veut que les paysans et paysannes sont les premières victimes des pesticides ». De son côté, Arnaud Rousseau, le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), a salué l'absence « d'interdiction sans solution » et invite la France à investir « maintenant pour trouver des solutions, sans surtransposition et sans augmenter la charge administrative » des agriculteurs.

Une réautorisation sous conditions

La Commission européenne rappelle avoir pris cette décision en s'appuyant sur les avis de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) et de l'Agence européenne des produits chimiques (Echa). La première n'avait pas identifié, en décembre 2019, puis en juillet 2023, de « domaine de préoccupation critique » concernant l'impact du glyphosate sur la santé humaine et l'environnement, mais avait constaté de sérieuses lacunes s'agissant des éventuels effets délétères de la molécule. En mai 2023, la seconde avait écarté le possible caractère « cancérogène » du glyphosate de sa classification officielle. Cela étant, Bruxelles s'est engagée à « agir immédiatement pour amender ou annuler son autorisation » dans le cas où de nouveaux avis scientifiques le recommanderaient.

Par ailleurs, le règlement de la Commission européenne comporte de nouvelles mesures d'encadrement. L'exploitation du glyphosate sous forme de déshydratant d'avant-récolte sera désormais interdite. Les produits contenant du glyphosate ne pourront pas l'associer à plus de cinq autres substances considérées comme des « impuretés ». L'application du glyphosate devra également être soumise à un nombre limité d'utilisations (sans plus de précision). Enfin, chaque agriculteur devra soumettre une certaine quantité d'informations sur « les possibles impacts indirects sur la biodiversité locale ». Le document réglementaire associé doit encore être élaboré par l'Efsa.

Il appartient maintenant aux États membres de continuer à appliquer ou à restreindre cette autorisation sur le plan national d'ici à 2033. En France, l'usage de la substance est limité « aux situations dans lesquelles le glyphosate n'est pas substituable à court terme ». Un nouveau plan Écophyto 2030, en consultation, doit participer à s'en émanciper.

Réactions28 réactions à cet article

La vraie question est : comment l'humanité a-t-elle pu se passer de ces saloperies durant des milliers d'années, et comment la majeure partie de la planète fait-elle pour continuer à s'en passer ? Cela ne concerne que cette agriculture de rendement forcené, qui ayant ruiné les sols et son capital au lieu de n'en prélever que les intérêts, n'a plus que cette fuite en avant pour continuer exister. Ces cinquante dernières années on a passé son temps à découvrir et interdire des tas de produits miracles, mais seulement à chaque fois que malgré la "machine à semer le doute" leur dangerosité aura été dûment démontrée. Et cela continuera tant que les décideurs et les influenceurs ne seront pas pénalement responsables des décisions qu'ils prennent ou sur lesquelles ils influent.

petite bête | 17 novembre 2023 à 10h29 Signaler un contenu inapproprié

Donc Bruxelles dit oui car les états membres ne s'accordent pas, et les Etats membres accusent Bruxelles ... sans être ni pour ni contre ?
Donnons les noms des (ir)responsables des deux camps mouillés dans ces affaires de poltrons profiteurs.

Daniel | 17 novembre 2023 à 12h40 Signaler un contenu inapproprié

Chère petite bête,

Prôner ou célébrer en ces termes les vertus de la suppression immédiate du glyphosate relève de la pure postulation utopique:
D'une part, la dangerosité certaine de l'herbicide n'a jamais été démontrée, DANS LES STRICTES CONDITIONS D'UN USAGE CONFORME AUX RECOMMANDATIONS D'EMPLOI ET AUX PRESCRIPTIONS DE L'A.M.M. (on en reste pour l'heure à de simples présomptions et probabilités).
D'autre part, le nombre de bouches à nourrir a beaucoup augmenté depuis ces derniers "milliers d'années" et nous n'avons pas, comme vous le savez probablement, de solution de substitution à proposer, sauf à risquer des situations de disette.

Je vous rappelle que l'Agriculture de conservation des sols elle même nécessite l'utilisation ponctuelle et raisonnée du glyphosate, sans lequel le labour (premier outil historique de désherbage des sols) devra être remis en pratique, avec l'augmentation très conséquente des consommations de carburant.
Dans les cas où l'Agriculture des conservation des sols est couplée avec l'Agriculture biologique (qui n'emploie pas le glyphosate), on affiche des rendements moyens inférieurs de 50% en blé tendre... Je vous laisse le soin d'y réfléchir.

Cela dit, je pense que l'interdiction, qui se profile, de l'emploi du glyphosate en période de pré-récolte pourrait se justifier, car des alternatives existent.

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 17 novembre 2023 à 13h16 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour,
Je ne suis pas d'accord avec votre titre "Faute de décision des États membres, la Commission européenne réautorise le glyphosate jusqu'en 2033". Cette ré-autorisation est bien issue d'une décision des états membres : celle d'autoriser le glyphosate et celle de ne rien faire pour empêcher son utilisation.
C'est exactement comme pour la France qui s’abstient lors du vote et on nous explique par des arguments divers et variés que l'abstention est la même chose qu'un vote négatif. Non, je suis désolée, ce n'est pas la même chose ! il ne faut pas confondre effet et opinion.

Sardine | 17 novembre 2023 à 14h00 Signaler un contenu inapproprié

C'est aussi insensé qu'irresponsable à fortiori pour 10 ans.

Le monde agricole dans sa majorité qui s'était laissé con vaincre bêtement de supprimer les haies avec tous leurs aspects positifs pour qu'on puisse leur vendre des gros tracteurs continue de détruite les terres arables.

Quand comprendront-ils ?

Sagecol | 17 novembre 2023 à 14h21 Signaler un contenu inapproprié

Avec le glyphosate et toute cette agriculture chimique, la majorité des passereaux ont disparu, sauf un apparemment. Quant à parler d'agriculture "de conservation", il s'agit là d'un des nombreux abus de langage (ici un oxymore) dont le lobby de l'agriculture intensive nous abreuve. En fait le fond de l'affaire c'est que, avec cette obligation de produire plus que ce que la terre ne peut donner, et ne pas perdre une seule journée (rendement, rendement... on a des dettes envers la banque et les autres parrains mafieux), le glyphosate est alors "indispensable", comme tous les poisons désormais interdits mais encore utilisés.
Juste un détail : pas mal d'études montrent que les équipements de protection sont totalement inefficaces à protéger les utilisateurs. Si tant est que ces utilisateurs les mettent. Mais le temps que les pathologies se déclarent...

petite bête | 17 novembre 2023 à 16h09 Signaler un contenu inapproprié

Cas symptomatique - tout autant que pathétique - d'une sévère addiction à une drogue dure...
Et, accessoirement, le résultat de la trouille du PPE de se voir administrer une déculottée électorale (entre autre par l'extrême droite) aux prochaines élections européennes et qui espère désespérément donner un maximum de gages aux agriculteurs intensifs et à tout un système agro-industriel aussi influent que toxique.
Que la santé des européens et de leur environnement en fasse gravement les frais n'entre de toute évidence pas dans l'algorithme de la majorité en place à la CE. Aux électeurs de s'en souvenir l'an prochain : au moins savent-ils qui leur nuit de façon froide et calculée !

Pégase | 17 novembre 2023 à 22h37 Signaler un contenu inapproprié

Chère Petite bête,

Votre discours ci-dessus représente l'archétype, le modèle idéal d'une propagande cynique véhiculant un fatras de contre-vérités destinées à influencer, que dis-je, à manipuler et à tromper l'opinion pour la faire tomber dans l'erreur.

Face à une telle démesure, j'estime être en devoir de vous répondre:
- Non, la majorité des passereaux n'a pas disparu, bien que certaines populations d'oiseaux vivant dans les zones de culture intensive ont décliné significativement, par suite de la disparition des haies (je salue respectueusement Sagecol qui met l'accent sur ce problème qu'il y a lieu de résoudre au plus vite). Et non, le glyphosate, produit pourtant chimique, ne peut être impliqué en tant que responsable de ce déclin, en l'état actuel de nos connaissances.
- Vous travestissez mes propos par défaut: J'ai parlé "d'Agriculture de conservation DES SOLS" et non "d'Agriculture de conservation" comme vous le prétendez, et il n'y a là aucune contradiction du style de l'oxymore. D'ailleurs, cette méthode de culture est toujours vigoureusement prônée par la mouvance écologiste, pour sauvegarder la faune et la flore occupant les couches de terre arable.
- Vous assimilez le glyphosate à "tous les poisons interdits mais encore utilisés": C'est faux, veuillez m'excuser, l'usage du glyphosate n'est pas interdit que je sache, et son autorisation d'usage "rempile" pour dix ans.

(...)

Euplectes | 19 novembre 2023 à 14h47 Signaler un contenu inapproprié

(...)

- "Pas mal d'études montrent que les équipements de protection sont totalement inefficaces à protéger les utilisateurs": Encore faux, chère Petite bête! Les cabines des tracteurs, les buses d'épandage, les combinaisons, les gants, les conditions d'épandage, l'hygiène de décontamination après usage, sont là pour protéger l'utilisateur, l'efficacité de ces équipements a été testée et validée, et ce pour tous les pesticides, suivant les degrés de dangerosité de chacun de ceux-ci (voyez les notices accompagnant chacun de ces matériels).
En ce qui regarde l'utilisation du glyphosate, nous sommes évidemment dans le même cas de figure.

- Néanmoins, vos deux dernières phrases, bien qu'un tantinet sibyllines, sont pertinentes et constructives. Le glyphosate, d'usage courant, est considéré comme un produit plutôt anodin. Il l'est, si les dosages ET les précautions d'emploi sont respectés, ce qui, me dit on, ne serait pas le cas général. Nul doute pourtant que le respect de ces prescriptions d'usage et d'emploi seraient de nature à faire diminuer l'incidence des cas de lymphome chez les utilisateurs et leur famille, incidence qui, alors, pourrait bien ne pas manquer de s'égaliser à celle de la population générale.

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 19 novembre 2023 à 15h36 Signaler un contenu inapproprié

Ce n'est pas pour vous, Cher Monsieur si poli et consensuel et tout ça, que je réponds, mais pour tous les autres lecteurs de ce blog.
Bon sang, mais c'est bien sûr ! Si les vietnamiens mouraient et meurent encore de "l'agent orange", la molécule du glyphosate, le défoliant répandu par les B 52, c'est sûrement parce qu'ils n'avaient de haies! C'est parce que les haies ont disparu que presque tout le monde a de l'AMPA (une des molécules du glyphosate) dans le sang. Et c'est pour la même raison que ceux qui épandent cette merveilleuse chimie doivent mettre des protections par ailleurs inefficaces. On ne peut pas répondre à la "fabrique du doute" : c'est perdre son temps, et j'ai déjà donné avec le "Comité permanent amiante" qui comme je viens volontairement de le faire plus haut utilisait les mêmes procédés de glissements de sens, sans parler des mensonges purs.

petite bête | 20 novembre 2023 à 10h10 Signaler un contenu inapproprié

Chère Petite bête,

Merci pour ces éloges courtois, même si votre ironie l'emporte haut la main sur votre sincérité!

C'est une absurdité sans nom que d'assimiler ainsi la dangerosité de l'agent orange (défoliant employé largua manu par l'armée US pendant la guerre du Vietnam) avec la dangerosité du glyphosate (herbicide), je l'affirme et le justifie ci-après:
- La molécule active du glyphosate est la N-(Phosphonomethyl)glycine, alors que l'agent orange résultait du mélange de deux acides (l'acide bichlorophénoxyacétique et l'acide trichlorophenoxyacétique, plus une dioxine type Seveso, cette dioxine étant une impureté hautement dangereuse (DL50 entre 0,5 et 2 MICROGRAMMES/Kilogramme chez le rat-oral) et apparaissant à doses très significatives lors de la synthèse de l'acide trichlorophenoxyacétique, composant de l'agent orange).
- Les hautes toxicités immédiate, médiate, sub-chronique et chronique des dioxines chez les animaux (dont l'homme) ne sont plus à démontrer, ce d'autant que leur dégradation dans touts supports est longue. Elles sont reconnues responsables de multiples et graves maladies.
-La synthèse du glyphosate n'occasionne aucune apparition malvenue de dioxine. Les DL50 de cet herbicide oscillent entre 4873 (rat-oral) et 1868 (souris-oral) MILLIGRAMMES/Kilogramme (sources pour les doses létales 50:The Merck Index). Le principal produit de dégradation du glyphosate (AMPA) est aussi peu toxique, quoiqu'on veuille bien en dire.

Bien à vous,

Euplectes



-

Euplectes | 20 novembre 2023 à 15h37 Signaler un contenu inapproprié

Et allons-y pour les discussions scientifiques - quand elles le sont seulement - sans fin qui permettent de noyer le poisson et d'engluer le débat dans des considérations techniques qu'il faudrait démonter une par une. C'est le procédé classique de tous les lobbyistes, et je croirais relire les comptes-rendus des discussions sur l'amiante ou tous les produits miracle qu'il a fallu interdire ensuite. Tel organisme indépendant démontre une dangerosité, et tel autre qui prétend être tout aussi indépendant déclare qu'il n'y aurait sans doute pas de danger. Qui doit-on suivre?
Dans le doute, normalement on s'abstient, mais l'agrochimie a réussi à inverser le paradigme : dans le doute, on autorise !
Je laisse tomber, ayant assez perdu de temps.
Mais le jour où les décideurs seront comptables de leurs décisions -tiens, cela me rappelle Garetta et le sang contaminé - alors on aura peut-être un changement d'orientation.

petite bête | 21 novembre 2023 à 10h55 Signaler un contenu inapproprié

euplectes je me demande dans quelle région vous vivez pour ne pas vous apercevoir de visu de la disparition des passereaux et des insectes,et par ailleurs les chiffres ,en particulier de la LPO qui sont sérieusement contrôlés en témoignent

MNM | 21 novembre 2023 à 16h14 Signaler un contenu inapproprié

Chère(e) MNM,

Merci pour cette interrogation. J'ai moi-même constaté la raréfaction préoccupante de certaines espèces d'oiseaux dans certains milieux ruraux, semi-urbains ou urbains, depuis plusieurs dizaines d'années, le nier serait malhonnête de ma part.
La LPO et bien d'autres organisations se sont penchées sur les causes de ce déclin et ont mené de multiples études visant à mettre en lumière les causes de ces déclins.
Pour ce faire:
- Le CESCO (Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation, sous l'égide du MNHN (Muséum national d'histoire naturelle),
- Le Centre d'Expertise et de Données sur le Patrimoine Naturel, regroupant l'AFB (Agence Française pour la Biodiversité), le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), ainsi que le MNHN,
- La Ligue pour la Protection des oiseaux (LPO),
- L'Office Français de la Biodiversité (OFB),
- Le Groupement d'intérêt scientifique oiseaux marins (GISOM),
- La Fédération Nationale des Chasseurs (FDC),
- L'OMPO (Oiseaux Migrateurs du Paléarctique Occidental),
- l'OFB (Office National des Forêts),
- et enfin la Société d'Etudes Ornithologiques de France (SEOF),
se sont regroupées, conformément aux dispositions de le directive européenne oiseaux, pour rédiger le 2ème rapport intitulé: "Etat et tendances des populations d'oiseaux en France - résultats de la seconde évaluation des espèces de la directive Oiseaux". La relecture et la validation des fiches d'évaluation a mobilisé plus de 150 experts.

(...)

Euplectes | 22 novembre 2023 à 10h57 Signaler un contenu inapproprié

(...)

Les résultats publiés dans ce rapport, facilement accessible à tous en interrogeant Google, sont les suivants (je cite):

- Sur les tendances à long terme des populations: "A long terme, une espèce sur trois en augmentation, mais aussi une espèce sur trois en déclin" (voir page 2, figure 1). Il s'agit là des espèces nicheuses. La discussion qui suit précise et affine l'affirmation sur les tendances et la modifie quelque peu.

- Sur les espèces communes: " Les tendances des espèces réparties en quatre classes égales d'effectifs (figure 2) permettent d'observer que les espèces les plus répandues sont plus en déclin que les espèces plus rares. Parmi les espèces dont le nombre de couples est supérieur à 150 000, plus d'une espèce sur deux est en déclin, contre une espèce sur quatre pour les espèces de moins de 1300 couples".
- Sur les tendances diverses selon les groupes d'espèces: La figure 3, page 3, montre que ce sont les Passereaux, les Galliformes et les Columbiformes qui subissent le plus fort déclin.

Face aux conclusions de ces travaux, Monsieur le Président de la LPO (ses compteurs et ses experts y ont activement participé, pourtant), se fend d'un communiqué de presse émotionnel le 16 novembre 2023 et déclare "Glyphosate: la nature condamnée à 10 ans de prison"(sic). Et sa conclusion extrapole, comme à l'habitude: "Il est vital de réconcilier la nature et l'agriculture. Il faut interdire les pesticides!"(LPO France, communiqué de presse, 16 nov. 2023).

(...)

Euplectes | 22 novembre 2023 à 11h44 Signaler un contenu inapproprié

(...)

S'il faut interdire les pesticides, selon l'injonction comminatoire du président de la LPO, il y a lieu de savoir lesquels; car il se trouve que la molécule glyphosate est classée "peu toxique pour les oiseaux et les abeilles" sur l'échelle de toxicité environnementale (cf fiche toxicologique INRS).

Il est toutefois rassurant de voir la LPO accepter encore de participer à des études collégiales et partenariales sérieuses, et il est aisé de lui pardonner de telles déclarations péremptoires et radicales, sous tendues (je n'ai pas dit polluées) par l'électoralisme (je n'ai pas dit le clientélisme) et l'idéologie (je n'ai pas dit l'anticapitalisme).

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 22 novembre 2023 à 12h10 Signaler un contenu inapproprié

merci euplectes pour ces précisions intéressantes
en ce qui concerne Allain Bougrain dubourg personne n'est parfait mais je soutiens ses actions depuis ses débuts(vous pouvez en déduire mon âge) et j'admire le courage et l'enthousiasme qu'il met dans toutes ses interventions sans jamais se décourager face aux attaques et toutes les bonnes volontés ne seront pas trop de trop pour essayer d'enrayer la destruction du vivant

MNM | 22 novembre 2023 à 13h41 Signaler un contenu inapproprié

Réjouissez-vous, LPO : dans son immense bonté Euplectes vous pardonne. Mais ne recommencez pas !
Plus sérieusement, ne perdez pas votre temps, vous n'êtes pas payés pour ça! En fait vous n'êtes pas payés du tout. Militant, c'est une profession de foi, alors que lobbyiste, c'est une profession tout court.

petite bête | 22 novembre 2023 à 13h53 Signaler un contenu inapproprié

Vous avez raison sur le fond, petite bête.
Tout de même, je m'étonne qu'Euplectes n'ait pas cité d'autres passage de ce rapport. Ainsi, en page 3, au chapitre "Des écosystèmes sous pression", on peut lire "Parmi les 16 grandes catégories de pressions ou menaces listées pour l’évaluation des espèces, les plus fréquemment citées sont celles liées à certaines pratiques agricoles (citées dans 23 % des cas, comme l’utilisation de produits phytosanitaires, le drainage ou la déprise) ainsi qu’à l’urbanisation et l’industrialisation du territoire (22 % des cas) et au développement de certaines activités sportives et touristiques. Ces activités exerçant une forte pression sur les espaces naturels peuvent expliquer les tendances négatives des populations d’oiseaux dans les milieux correspondants.[...]". On retrouve donc clairement citée l'utilisation de produits phytosanitaires. Laquelle va du reste de pair avec un usage de plus en plus intense du machinisme agricole, autre facteur de destruction directe d'oiseaux (et de tout le reste) en secteur cultivé. Tout est lié.

Pégase | 22 novembre 2023 à 14h22 Signaler un contenu inapproprié

Et puisque nous sommes dans le registre des publications scientifiques, celle publiée en 2013 par Sylvie Houte & Vincent Bretagnolle (chercheurs au CNRS-CEBC) sous le titre "Conservation de la biodiversité en milieu agricole : durabilité et résilience des écosystèmes en céréaliculture intensive" montre que "Les activités humaines, et en particulier l’agriculture, ont bouleversé l’environnement global en altérant profondément l’utilisation des terres et des eaux, les cycles biogéochimiques, la chimie atmosphérique et la dynamique de la biodiversité à l’échelle planétaire [...]. Les changements d’usage des terres qui entraînent la destruction, la transformation et la fragmentation des habitats naturels, apparaissent clairement comme le facteur déterminant de la « crise de biodiversité » actuelle."
Ainsi donc, c'est en premier chef le modèle agricole intensif qui, reposant sur l'usage forcené des pesticides, la simplification et la standardisation à outrance des paysages ruraux et le recours à un machinisme toujours plus puissant et rapide, érode fortement la biodiversité en secteur agricole et est à même de porter un coup fatal à certaines espèces.
Il serait probablement malhonnête de le nier...

Pégase | 22 novembre 2023 à 14h41 Signaler un contenu inapproprié

Bravo à Euplectes pour son courage et son abnégation à tenter d'éclairer les obscurantistes qui pullulent sur ce site.
Très heureux de ne plus intervenir.
Grosses bises aux camarades Pégase et Petite Bêtes, utiles à la destruction du "système". C'est la lutte finale, etc.

Albatros | 22 novembre 2023 à 16h57 Signaler un contenu inapproprié

Tiens, Albatros, qui nous avait annoncé il y a quelques mois quitter les forums d'AE mais qui y revient, tout en assurant qu'il n'y intervient plus... Quelle belle constance !

Pégase | 22 novembre 2023 à 17h40 Signaler un contenu inapproprié

Oui, oui, oui... l'obscurantiste c'est toujours l'autre! Et ici, en l'occurrence, c'est celui qui montre à ses dépens que lorsque l'on cite la science il faut la citer complètement, et que l'immense majorité des scientifiques indépendants font état dans leurs études de la dangerosité du glyphosate. Mais, justement, épuiser par un lobbying intense et des références scientifiques incomplètes ou biaisées, opacifier le débat, le complexifier, n'est-ce pas l'obscurcir?
Et à quoi reconnait-on un lobbyiste? Il est toujours poli et aimable, cherchant à vous faire sortir de vos gonds pour mettre en valeur sa prétendue sagesse et hauteur de vue. Mais il ne peut s'empêcher de "dire le bien" et de délivrer les bons et les mauvais points. C'est pour cette raison que je me refuse à aller sur le terrain où ces gens-là veulent nous entraîner. Merci en tout cas à Pégase d'avoir montré que lorsqu'on prétend se servir de la science, il faut s'en servir complètement. Pour ce qui est d'Alabatros, la référence au marxisme montre à quelle époque - le passé d'une illusion - il se réfère encore.

petite bête | 23 novembre 2023 à 09h56 Signaler un contenu inapproprié

J'ai récemment entendu sur les ondes le président de la commission environnement (défense de rire !) de la FNSEA déclarer qu'il était hors de question, bien évidemment au nom de la sacro sainte compétitivité de l'agriculture française (on voit ce qui préoccupe fondamentalement la commission environnement de ce syndicat hégémonique...), que la France encadre les usages du glyphosate. No limits !
Ce sectarisme de la FNSEA est parfaitement révélateur d'une absence totale de volonté de la moindre remise en cause de cette pierre angulaire de l'agrobusiness qu'est le glyphosate.

Pégase | 23 novembre 2023 à 15h25 Signaler un contenu inapproprié

Cher Pégase,

Soyez assuré - et rassuré, je n'ai pas voulu occulter l'effet délétère potentiel de certains phytosanitaires sur le déclin de certaines populations d'oiseaux: je vous assure que ce genre de pirouette n'est pas dans mon genre.
Ici, mon propos était (et est) le sujet suivant: La molécule glyphosate est-elle peu ou prou une cause de la raréfaction constatée de certaines espèces d'oiseaux?
Certains phytosanitaires peuvent-ils en être responsables? Réponse: oui.
D'autres phytosanitaires peuvent-ils en être innocents? Réponse: oui.

Si certains phytosanitaires ("phyto" pour ce qui suit) peuvent en être responsables, pourquoi d'autres phyto n'en serait-ils pas innocents?
Pour quels motifs cryptiques ne consentez vous pas à séparer le bon grain de l'ivraie, à traiter différemment les responsables et les innocents?
Notre chère Petite Bête parlait plus haut de référence au passé (à propos du marxisme), mais, sauf son respect, quand le vous vois, lui, vous et tant d'autres, réclamer l'entière suppression de tous les phytos sans distinction d'aucune sorte... Je ne puis me retenir d'évoquer l'horrible commandement d'un légat du Pape à ses troupes qui envahissaient Béziers au moyen âge, sur le sort unique et définitif à réserver aux habitants! A pratiques moyenâgeuses, prises de position moyenâgeuses, toutes proportions gardées concernant les produits phyto... je ne puis qu'oser ce parallèle, veuillez me pardonner.

(...)

Euplectes | 23 novembre 2023 à 15h56 Signaler un contenu inapproprié

(...)

Concernant le glyphosate (employé convenablement) et sa toxicité sur les populations d'oiseaux, vous pouvez toujours imaginer, soupçonner, conjecturer, supposer, présumer, généraliser, diverger, assimiler, extrapoler..., vous ne pourrez apporter la preuve d'un quelconque effet délétère de cet herbicide sur le niveau des populations d'oiseaux.

Concernant la "bataille d'études", l'excellent travail du tandem Houte-Bretagnolle que vous mettez en avant, échoue et succombe à démontrer toute corrélation entre la molécule glyphosate et le déclin de certaines populations de certaines espèces d'oiseaux, tout simplement parce qu'il souffre, comme tant et tant d'autres, d'un biais éliminatoire majeur: Il ne traite pas de ce sujet précis et ne peut donc être pris en compte, comme tant et tant d'autres!

Quand donc, cher Pégase et chère Petite bête, voudrez-vous accepter que si le glyphosate est bien un phyto, tous les phyto ne sont pas du glyphosate. Toutes les Anglaises ne sont pas rousses (lol).

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 23 novembre 2023 à 16h17 Signaler un contenu inapproprié

Oh eh bien si le glyphosate ne tue pas les oiseaux - enfin... pas directement! - tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des présomptions, suppositions, supputations et conjectures.

petite bête | 23 novembre 2023 à 18h11 Signaler un contenu inapproprié

J'invite toutes celles et tous ceux que ce sujet intéresse ( glyphosate et déclin des oiseaux), à s'informer plus avant sur les données actuelles et exactes de la science, mais aussi sur les données des études contradictoires avec leurs conclusions tendancieuses et généralisatrices (du style: le glyphosate étant un phytosanitaire, ce produit doit être regardé comme réunissant tous les effets adverses potentiels de tous les autres produits classés phytosanitaires).

Celles et ceux-ci pourraient alors se forger une opinion construite sur une meilleure connaissance de cette question, apte à une prise de conscience rationnelle (c'est mon souhait) loin des falsifications dogmatiques dont on leur rebat les oreilles à longueur de journée.

La connaissance approfondie est essentielle dans ce problème difficile, comme en tous autres, et nécessaire à la prise de décisions concertées, et délicates.
Le proverbe latin "bene facit id quod bene amat" (On ne fait bien que ce que l'on connaît bien) trouve ici tout son sens.

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 25 novembre 2023 à 15h30 Signaler un contenu inapproprié

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