Le constat n'est pas nouveau : l'automobile pollue et impacte grandement la santé de la population. En particulier les enfants en raison de l'immaturité de leur organisme et de la fréquence à laquelle ils respirent. C'est le constat que fait Unicef France qui publie un nouveau rapport, ce jeudi 4 avril, en partenariat avec le Réseau Action Climat (RAC) et le WWF France.
"Plus de trois enfants sur quatre respirent un air toxique en France", indique le Fonds des Nations unies pour l'enfance, reprenant les chiffres de l'OMS. La pollution de l'air est responsable de nombreuses pathologies (asthme, allergies, eczéma, syndromes dépressifs, diabète, obésité…) qui prennent racine dès l'enfance, voire au stade fœtal, rappelle-t-il.
La principale source de pollution atmosphérique est le trafic automobile, à l'origine de 63 % des émissions d'oxydes d'azote et de 15 % des émissions de particules fines au niveau national. Ces chiffres augmentent fortement dans les zones urbaines denses et à proximité des axes les plus fréquentés. Or, la majorité des lieux d'accueil des enfants se trouvent dans ces zones à risques. "Aujourd'hui, dans Paris et la petite couronne, 27 % des établissements recevant du public sensible comme les crèches, écoles et hôpitaux sont exposés au dépassement de seuils pour le dioxyde d'azote", indique le rapport.
"La pollution de l'air n'est pas irréversible si les décisions qui s'imposent sont prises aux niveaux national et local pour améliorer la qualité de l'air", estime Sébastien Lyon, directeur d'Unicef France. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance formule plusieurs recommandations au moment où le Parlement examine la loi d'orientation des mobilités (LOM). Selon l'étude, l'impact du changement de politique de mobilité sur la santé permettrait de sauver 34.000 vies chaque année, de faire gagner 3 à 7 mois d'espérance de vie dans neuf grandes villes françaises et de réaliser 4,9 milliards d'euros d'économie.
Parmi les recommandations figure la généralisation des zones à faibles émissions (ZFE). Des zones où l'entrée des véhicules les plus polluants est interdit. Ces zones ne sont pour l'instant effectives que dans deux agglomérations françaises, Paris et Grenoble, même si treize autres collectivités se sont engagées dans la démarche.
"Un plan d'investissements publics pour développer les transports en commun en site propre et les aménagements cyclables sécurisés est nécessaire pour accélérer le report modal depuis la voiture vers des modes moins polluants", réclament également les auteurs du rapport. Le gouvernement a affiché sa volonté de donner la priorité aux transports du quotidien à travers la loi mobilités. Mais, "la question centrale du financement des infrastructures reste en suspens", estime le député Matthieu Orphelin, à l'issue de la discussion de la LOM au Sénat.
Parmi les préconisations de l'Unicef figure aussi la fin de la commercialisation des voitures thermiques neuves d'ici 2030. Une proposition inscrite dans le plan climat présenté par Nicolas Hulot en juillet 2017. Mais le Sénat a refusé d'inscrire dans la loi, tandis que le gouvernement s'en remettait "à la sagesse" de la chambre haute. De même, les auteurs du rapport préconisent de rendre obligatoire le forfait mobilités durables. Le gouvernement mène actuellement des discussions avec les partenaires sociaux en ce sens. En attendant, il refuse d'inscrire cette obligation dans la loi.
Enfin, Unicef France demande qu'une prime à la mobilité durable vienne compléter le dispositif de la prime à la conversion. "Elle permettrait aux personnes, selon leurs situations et besoins, de choisir des modes de déplacement plus durables comme l'autopartage, le recours au vélo ou bien les transports en commun en substitution de la voiture". Des suggestions sur lesquelles l'exécutif devrait se pencher de plus près, au moment où Emmanuel Macron doit annoncer les premières mesures issues du Grand débat national.