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Investissements climat : il faut redoubler d'efforts

Élaboré pour faire face à l'urgence climatique, le Green Deal européen nécessite d'engager l'économie dans des changements structurels profonds. Mais, selon un rapport d'I4CE, les investissements indispensables font encore largement défaut.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Investissements climat : il faut redoubler d'efforts

Au sein de l'Union européenne, les efforts financiers en faveur du climat ont certes augmenté de 9 % entre 2021 et 2022, atteignant 407 milliards d'euros, soit 2,56 % de son PIB. Mais pour l'Institut I4CE, cette évolution ne sera pas suffisante, loin de là, sans un net renforcement de ces budgets, pour tenir les engagements des Vingt-Sept en 2030 dans le cadre du Green deal, y compris des objectifs sectoriels comme doubler le taux de rénovation énergétique des bâtiments existants, passer à 42,5 % d'énergie renouvelable ou atteindre 510 gigawatts de capacité éolienne installée. En l'absence d'outil disponible pour assurer ce suivi, les experts de cet organisme de recherche ont recensé les investissements publics et privés dans 22 domaines structurants : énergie éolienne, réseaux électriques, infrastructures, rénovation des bâtiments, voitures électriques…

Autant d'items essentiels, à leur avis, pour permettre le verdissement de trois grand secteurs – l'énergie, les transports et les bâtiments – et faire émerger des systèmes de production et de consommation plus durables. Par manque de données suffisantes, ils en ont exclu certains secteurs comme l'industrie, l'agriculture, les forêts, les déchets ou encore l'adaptation au changement climatique. Mais leur rapport, publié ce mercredi 21 février, offre déjà une bonne vision des faiblesses des approches européennes.

L'éolien et le bâtiment négligés

Cette étude révèle en effet des résultats très hétérogènes. Dans l'hydroélectricité et le stockage par batteries, par exemple, les investissements ont dépassé les besoins annuels : de plus de 2 milliards d'euros pour l'un, 500 millions d'euros pour l'autre. Mais ces deux domaines sont les seuls à être dans ce cas sur les 22 étudiés. S'ils ont été conséquents, les soutiens aux panneaux solaires ne satisfont toujours que 78 % des besoins annuels, affichant un déficit de 8 milliards d'euros. Quant aux aides à l'énergie éolienne, avec un manque de soutien estimé à 74 milliards d'euros, elles plafonnent à 17 % des besoins. La rénovation énergétique des bâtiments ou le développement des réseaux électriques sont également à la peine. Dans l'ensemble, les résultats ne sont pas à la hauteur des enjeux et le déficit annuel moyen d'investissement s'élève à 406 milliards d'euros.

L'enveloppe devrait donc encore doubler dans les six prochaines années pour totaliser au moins au 813 milliards d'euros, soit 5,1 % du PIB, dont 122 milliards de plus pour le seul système énergétique (89 milliards pour l'éolien, 36 milliards pour le solaire) et 137 milliards supplémentaires pour le « système bâtiment », dont 65 milliards pour les pompes à chaleur. Le transport ferroviaire et les véhicules électriques auraient besoin de 147 milliards complémentaires. « Construire des infrastructures ferroviaires pour les déplacements longue distance nécessite 47 milliards d'euros par an entre 2024 et 2030 (…). Les investissements estimés pour 2022, de 18 milliards d'euros, représentent 39 % des besoins », constatent les experts.

Un potentiel menacé

Le risque est donc important de passer à côté du potentiel économique, social et environnemental du Green Deal : réduction de la demande énergétique, notamment fossile, et de la dépendance vis-à-vis de pays peu fiables, résilience face aux crises, meilleure compétitivité, diminution de la pollution atmosphérique, gains sanitaires… « Plus le déficit est faible, plus l'économie de l'Union sera en mesure d'apporter des changements structurels », soulignent les rapporteurs. À l'inverse, chaque déficit annuel s'ajoute aux besoins des années suivantes… Dans certains domaines, l'écart serait en outre relativement facile à combler. Il « suffirait », par exemple, de consacrer 4 milliards de plus par an à l'installation de bornes de recharge destinées aux véhicules électriques pour répondre correctement à la demande.

Pour l'I4CE, combler ce déficit d'investissement climatique nécessite cependant un peu plus de méthode de la part des institutions européennes. « Compte tenu de son importance, la Commission européenne doit mieux évaluer et aborder le problème », pointe l'institut, en plaidant pour le lancement d'une évaluation « plus précise, plus granulaire et plus complète, axée sur les besoins. » Une approche qui permettra en outre d'éclairer le débat sur la bonne articulation entre financements privés et financements publics. Certains dossiers ne pouvant relever que des aides de la collectivité, comme la rénovation des écoles primaires à l'échelle communale ou l'interconnexion transeuropéenne des infrastructures électriques et ferroviaires à celle de l'UE.

Cette approche plus globale devrait aussi intégrer les réglementations existantes et futures, des systèmes de tarification du carbone et des programmes de financement public. Des aides supplémentaires de l'UE seront probablement également à prévoir, notamment dans les secteurs transeuropéens par nature. Leur quantité, leur nature et leur ciblage sectoriel dépendront des secteurs économiques et des choix politiques. À ce titre, un débat devra sans doute s'ouvrir sur l'élaboration d'un plan d'investissement climatique européen à long terme afin d'examiner les questions techniques et les choix politiques à privilégier, estiment les rapporteurs. Un meilleur suivi des soutiens publics et privés contribuera par ailleurs à mesurer les changements structurels permis dans l'économie de l'UE.

Réactions1 réaction à cet article

Il faut redoubler d'efforts en faveur des investissements climat... et c'est précisément le moment que retient le ministre de l'économie pour raboter d'un milliard le dispositif MaPrimerénov enfin élargi à des travaux de rénovation globale ! En parallèle, il n'hésite plus à s'afficher grand nucléocrate, pour des gains climat escomptés dans... 20 ou 30 ans !
Et comme si cela ne suffisait pas, le premier ministre asphyxie toute ambition de transition écologique du modèle agricole intensif, pourtant gros pourvoyeur de GES (et autres joyeusetés) !
Quel sens de l'Histoire et des responsabilités face aux défis majeurs, ce gouvernement !

Pégase | 21 février 2024 à 17h27 Signaler un contenu inapproprié

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