Lever quelques-uns des freins qui pénalisent le développement du rétrofit des véhicules en France, du modèle thermique vers notamment le mode électrique, hybride ou à hydrogène : tel est l'objectif de trois arrêtés, élaborés en concertation avec les experts du domaine, publiés au Journal Officiel du mardi 24 octobre.
Le premier texte, relatif aux « conditions de transformation », autorise ce type de modification sur des véhicules spéciaux : dépanneuses, bennes à ordures, camping-cars et autres grues mobiles. Il indique également les informations à communiquer à l'acheteur en termes d'émissions de gaz à effet serre évitées, en moyenne, sur dix ans, grâce à cette opération.
Pour les véhicules de plus de cinq ans, le second texte, centré sur « la réception des véhicules » dispense le rétrofiteur d'un avis technique du constructeur pour des opérations vers du GNV, du GPL, une motorisation hybride, hybride rechargeable ou de l'hydrogène thermique. Comme c'est déjà le cas vers l'électrique. Enfin, le troisième arrêté permet aux véhicules lourds bénéficiant d'un système de dépollution efficace, de niveau Euro VI, de prétendre à un certificat Crit'Air 2.
Un marché en rodage
En France, le marché commence progressivement à se structurer. En témoignent les rapprochements récents de plusieurs acteurs tels que le rétrofiteur Rev Mobilities avec le groupe Gruau, spécialisé dans la transformation des véhicules professionnels, sur le segment électrique, ou encore celui de Safra et Hyliko, sur le segment de l'hydrogène. Ces deux partenaires espèrent transformer quelques dizaines d'unités par an à partir de 2024. En septembre dernier, l'opérateur Transdev mettait, pour sa part, en circulation son premier car électrique rétrofité par Retrofleet, en Centre-Val-de-Loire, pour du transport scolaire. La semaine dernière, les groupes Kéolis et GCK annonçaient à leur tour leur projet de rétrofiter quatre autocars vers l'hydrogène pour le compte de Clermont-Auvergne Métropole et du Syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération clermontoise.
Quelques jours plus tôt, Renault Trucks révélait avoir converti un camion diesel de 12 tonnes en camion électrique à batteries en ne modifiant « que le strict nécessaire » : moteur, boîte de vitesses et réservoir, ainsi que les éléments associés au moteur thermique tels que la pompe hydraulique et les compresseurs pneumatiques. Le salon Solutrans spécialisé dans les véhicules industriels et urbains a même fait de cette démarche l'une des cinq thématiques principales de sa manifestation, organisée du 21 au 25 novembre prochains à Lyon.
Le 26 avril dernier, le Gouvernement avait manifesté sa volonté de soutenir le rétrofit, via le lancement d'un plan national en sa faveur. D'autres mesures s'ajouteront donc certainement bientôt à ces trois arrêtés. Parmi les amendements retenus dans le projet de loi de finances pour 2024, après le déclenchement de l'article « 49.3 », figure déjà, en tout cas, l'extension du dispositif de suramortissement aux véhicules lourds rétrofités.