Les nouveaux modèles de simulation, développés par les experts français, prévoient un réchauffement climatique compris entre 2 et 7°C en 2100. Ces travaux alimenteront le prochain rapport du GIEC.
Ce mardi 17 septembre, les scientifiques français du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et de Météo-France ont présenté leurs nouvelles simulations numériques climatiques à l'horizon 2100. Leurs analyses doivent alimenter le sixième rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) prévu pour 2021.
Les scientifiques français ont produit deux nouveaux modèles climatiques qui présentent l'évolution des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) et des aérosols dus aux activités, en fonction des contextes socio-économiques. L'un des modèles a été développé par le Centre national de recherches météorologiques (CNRM, Météo-France/CNRS) et l'autre modèle par l'Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL). Par ailleurs, ces nouveaux modèles "ouvrent pour la première fois de nouvelles possibilités d'analyse à l'échelle régionale et un cadre plus cohérent pour étudier les liens climat-environnement et les impacts du changement climatique", soulignent les chercheurs. Leurs travaux prévoient un réchauffement climatique "plus important en 2100" que ce que prévoyaient les précédents modèles, en 2012.
Pour rappel, l'Accord de Paris sur le climat de 2015 prévoit de limiter la hausse des températures à 2°C, voire 1,5°C en 2100 par rapport à l'ère préindustrielle (1880).
Un seul scénario permet d'atteindre environ 2°C
Face aux objectifs de l'Accord de Paris, les deux modèles prédisent une augmentation de la température moyenne du globe (avec des variations plus ou moins importantes selon les années) au moins jusqu'en 2040, pour atteindre environ 2°C.
Seul un scénario, le plus ambitieux, permet "tout juste" de rester sous l'objectif des 2°C de réchauffement en 2100. Celui-ci implique "un effort d'atténuation encore plus important". C'est-à-dire "une diminution immédiate des émissions de CO2 jusqu'à atteindre la neutralité carbone à l'échelle de la planète vers 2060, ainsi qu'une captation de CO2 atmosphérique de l'ordre de 10 à 15 milliards de tonnes par an en 2100", expliquent les scientifiques. Ce dernier point est techniquement incertain. Le scénario est aussi"marqué par une forte coopération internationale", en dépit du retrait américain de l'Accord de Paris et "[donne] la priorité au développement durable".
La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend donc fortement des politiques climatiques qui seront mises en œuvre dès maintenant et tout au long du 21e siècle.
Les scientifiques du CNRS, du CEA et de Météo-France
Hausse de 7°C : le scénario le plus pessimiste
Dans le scénario le plus pessimiste, basé sur une croissance économique rapide alimentée par les énergies fossiles, la hausse de la température moyenne mondiale atteint 6,5 à 7°C en 2100. Le pire scénario estimé par le Giec prévoyait une augmentation de la température moyenne globale de près de 5°C d'ici à 2100. "La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend donc fortement des politiques climatiques qui seront mises en œuvre dès maintenant et tout au long du 21e siècle", insistent les scientifiques français.
Ils prédisent en outre une disparition complète de la banquise Arctique en fin d'été, dès 2080, en cas d'émissions élevées de GES. Les chercheurs alertent aussi sur la fréquence des canicules, d'ici à 2050, en Europe de l'Ouest et en France (avec une durée plus importante qu'en 2003). L'augmentation des vagues de chaleur "va se poursuivre au moins dans les deux décennies qui viennent, quel que soit le scénario considéré", préviennent-ils. "Dans les scénarios intermédiaires et hauts, un été typique des années 2050 correspondra à l'été 2003".
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