Dans un rapport paru le 9 octobre, l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) dresse un bilan d'étape des Etats membres dans l'atteinte de leurs trois objectifs fixés en 2020 par le paquet "énergie-climat", adopté en 2008 par l'Union européenne : une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'UE par rapport à 1990, une part de 20% d'énergies renouvelables (EnR) dans la consommation finale d'énergie, et une augmentation de 20% de l'efficacité énergétique d'ici 2020. Les États membres montrent "des progrès mitigés" en vue de réaliser ces trois objectifs climatiques et énergétiques pour 2020. A ce jour, "aucun n'est en passe de les atteindre dans les trois domaines", prévient l'AEE dans son rapport.
La France à la traîne en matière d'EnR…
Néanmoins, avec 18% de diminution de ses émissions de GES en 2012 par rapport à 1990, l'UE "est très proche de son objectif" de 2020, indique l'agence. Excepté pour sept Etats membres (Autriche, Belgique, Estonie, Finlande, Irlande, Luxembourg, Espagne) qui en sont loin. Avec les mesures nationales "déjà adoptées", l'UE "dans son ensemble" pourrait toutefois réduire de 21% les rejets de GES à cette échéance, table l'AEE. Le système d'échange de quotas d'émissions (ETS) y contribuerait fortement, en incluant l'aviation internationale.
"Au-delà de l'ETS de l'UE, les plus fortes baisses d'émissions sont attendues par les mesures de soutien aux énergies renouvelables", conformément à la directive EnR de 2009, ajoute l'agence. L'UE est en effet "également en bonne voie" pour parvenir à son objectif 2020 : les sources renouvelables on représenté 13% de la consommation d'énergie finale dans l'UE en 2011, précise l'AEE. Un objectif d'étape pour 2011-2012 avait été fixé à 10,7%. Mais six Etats membres dont la France (Lituanie, Malte, Pays-Bas et Royaume-Uni) ne l'ont pas atteint. Les États membres "doivent doubler leur consommation d'énergie renouvelable par rapport à la période 2005-2011, pour atteindre l'objectif 2020", avertit l'agence.
.. mais au top concernant l'efficacité énergétique
En revanche, la France fait partie des bons élèves en matière d'efficacité énergétique. Seuls l'Hexagone, l'Allemagne, la Bulgarie et le Danemark sont pour l'heure en passe d'atteindre leurs objectifs 2020 grâce à la mise en œuvre "de mesures équilibrées dans tous les secteurs concernés" (économies d'énergie des ménages, transports…), explique l'AEE. Cette dernière souligne l'impact de la crise économique et des politiques nationales limitées à l'exigence de performance énergétique du bâti parmi les freins. L'AEE appelle les États membres à agir.
La question de nouveaux objectifs climatiques et énergétiques pour 2030, fait débat au sein de l'UE, après que la Commission européenne ait présenté en mars dernier son Livre vert. Le document suggère une baisse de 40% des émissions de GES et une part d'environ 30% de renouvelables.
Quid du troisième objectif en 2030 ?
Bruxelles envisage en revanche un abandon de l'objectif d'efficacité énergétique "qui n'est pas contraignant", avait rappelé la Commission, et ce, en dépit de progrès déjà réalisés. Ainsi, la consommation d'énergie primaire est passée en 2006 d'environ 1.825 millions de tonnes d'équivalent pétrole (Mtep) à 1.730 Mtep en 2011, selon le livre vert, en confirmant toutefois que "ce résultat est lié pour partie à la crise économique et pour partie à l'efficacité des politiques mises en œuvre".
Encadré par la directive sur l'efficacité énergétique de 2012, ce troisième objectif est assorti d'autres directives contraignantes traitant de secteurs tels que les bâtiments (directive relative à la performance énergétique des bâtiments) ou les produits électriques (directive "écoconception"). "Un objectif contraignant pour l'efficacité énergétique ou l'intensité énergétique nécessiterait de laisser des marges de manœuvre aux Etats membres pour qu'ils atteignent l'objectif", expliquait la Commission, prévenant qu'en contrepartie il y aurait "moins de mesures contraignantes au niveau européen".
La France soutient pour sa part un triple objectif "contraignant" en matière de climat, d'EnR et d'efficacité énergétique d'ici 2030, avait déclaré en avril dernier l'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho. L'Hexagone plaide pour une baisse de 40% des émissions de GES en 2030.