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Actu-Environnement

Photovoltaïque : l'autoconsommation se cherche un modèle

Alors que les tarifs d'achat pour le photovoltaïque sont en sursis, l'autoconsommation apparaît comme une solution pour développer cette énergie. Mais le modèle économique reste à définir. Pistes de réflexion.

Décryptage  |  Energie  |    |  S. Fabrégat
Environnement & Technique N°331
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°331
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Le gouvernement a annoncé une concertation sur les dispositifs de soutien public aux énergies renouvelables. Très critiqués, les tarifs d'achat pourraient tout bonnement disparaître au profit de nouveaux mécanismes. Lesquels ? C'est la question que se posent tous les professionnels du secteur.

Si on regarde du côté de nos voisins européens, en Allemagne et en Italie notamment, lorsque le photovoltaïque a gagné en compétitivité, les tarifs d'achat ont été abandonnés au profit de primes à l'autoconsommation. Aujourd'hui, dans ces pays, l'autoconsommation n'est plus incitée financièrement mais continue de gagner du terrain. En Allemagne, 70% des installations seraient désormais en autoconsommation, estime Jean-Yves Quinette, ingénieur pour le cabinet d'études Tecsol.

Ce modèle serait-il transposable en France ? Alors qu'une réflexion a été lancée par l'Etat sur l'autoconsommation, les professionnels demandent un cadre juridique clair et un dispositif de soutien pour amorcer cette pratique, en attendant la parité réseau. C'était le sujet d'une rencontre organisée par Tecsol le 4 novembre dernier.

Sans incitation, un marché de niche

"Aujourd'hui, l'autoconsommation n'est pas encore performante économiquement", reconnaît Germain Gouranton, vice-président d'Enerplan. "Face au montant de l'investissement, le taux d'autoconsommation doit être optimisé. Et aujourd'hui, on se retrouve dans un marché de niche".

Et l'éolien autoconsommé ?

Le cabinet de conseil E-Cube strategy consultants estime que l'énergie éolienne pourrait être la première filière à être rentable sans subvention en autoconsommation, et ce, dès 2015 pour certains gros consommateurs (industriels, centres commerciaux, hôpitaux…).
"En France, un projet a déjà vu le jour et plusieurs industriels précurseurs en sont déjà à une phase d'avant projet. Si la rentabilité n'est attendue qu'à partir de 2015, les échelles de temps pour mettre en place de tels projets (entre 2 et 4 ans) devraient conduire les parties prenantes à évaluer risques et opportunités dès à présent", souligne E-cube sur son blog.
Le coût de l'électricité en France ne permet pas à une installation photovoltaïque en autoconsommation d'être rentable aujourd'hui, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins. "En Italie, la réglementation est stable et le coût de l'électricité élevé, l'autoconsommation est donc rentable. Notre offre ne peut pas fonctionner en France car le coût de l'électricité est bas", explique Nicolas Maillot, de la société Elexia.

A moyen ou long terme, l'autoconsommation pourra être avantageuse. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a estimé que le prix de l'électricité allait augmenter de 30% d'ici 2017. Mais sans visibilité de l'évolution des tarifs de l'électricité, difficile d'entrevoir à quelle échéance autoconsommer son électricité photovoltaïque deviendra vraiment rentable.

De plus, il faut trouver la bonne concordance entre la production solaire, qui est diurne, et les consommations. Dans le tertiaire ou les commerces, la production photovoltaïque coïncide davantage avec les horaires d'activité. Ainsi, en Italie, Elexia a développé l'autoconsommation sur cinq grandes surfaces. "Nos systèmes couvrent 20 à 35% de leur consommation d'électricité et le taux d'autoconsommation (1) est très élevé". Un projet du même type, porté par des entreprises, est en cours de développement du côté de Perpignan.

"Avec la disparition des tarifs jaunes et verts fin 2015, l'autoconsommation deviendra plus naturelle dans le tertiaire. Les systèmes développés en grande toiture permettent de réaliser des économies d'échelle. Le coût de l'électricité produite sera alors inférieur au coût d'achat de l'électricité", estime David Marchal, du service Réseaux et énergies renouvelables de l'Ademe.

Mais dans le résidentiel, le taux d'autoconsommation est faible, proche de 20 à 30% et rend difficile l'amortissement de l'investissement. La raison ? La plupart des consommations sont réalisées hors période de production solaire. "Le pilotage des consommations peut modifier le profil de charge. Ainsi, 45% des besoins d'un ménage pourraient être pilotés et reportés au moment de la production solaire (lavage, froid, eau chaude sanitaire). On peut jouer avec la gestion (lissage, pilotage), l'utilisation thermique (eau chaude sanitaire, pompe à chaleur) et la mobilité (véhicules électriques)", estime Jean-Yves Quinette. Le stockage est également l'une des solutions avancées, mais pour l'heure, celle-ci renchérit le coût de l'installation.

L'Aquitaine se jette à l'eau

Face aux incertitudes, de nombreux acteurs restent frileux. Ce n'est pas le cas de la région Aquitaine, qui a lancé un appel à projets pour l'autoconsommation. L'objectif : développer des installations d'une puissance supérieure à 10 kWc, qui autoconsomment les deux tiers de la production.

"Quand on analyse le coût des projets, on passe quasiment du simple au triple", explique Pascal Latorre, chargé de mission au Conseil régional. "Le type d'installation, intégré ou non, joue beaucoup dans le coût de revient du projet".

A titre d'exemple, un projet de centrale au sol de 107 kWc pour une station d'épuration, avec 66% d'autoconsommation, coûte 7,7 c€/kWh. En revanche, un projet de photovoltaïque intégré en toiture dans un bâtiment tertiaire, de 75 kWc avec 97% d'autoconsommation, coûte 19,27 c€/kWh.

Mais pas de quoi refroidir la région ! Celle-ci a décidé de soutenir les projets sélectionnés jusqu'à ce qu'ils parviennent à la parité réseau. "Sur vingt cinq ans de durée de vie de l'installation, si la parité est atteinte au bout de dix ans [ce que prévoient les spécialistes], il reste quinze ans où l'énergie produite est rentabilisée", explique Pascal Latorre. La région a fait ses calculs : le taux d'intervention publique s'élèvera entre 20 et 30% du coût des projets. L'expérimentation, jugée "brillante" par de nombreux acteurs du secteur, connaît un véritable succès. En 2014, un industriel aquitain de la catégorie des électro-intensifs devrait même se porter candidat.

Eviter les effets pervers d'une prime à l'autoconsommation

De son côté, l'Ademe est encore en cours de réflexion sur le sujet. "La cible prioritaire d'une expérimentation serait les zones non interconnectées, les DOM COM, où la part des énergies atteint le seuil de 30% sur le réseau et où le coût de l'électricité est élevé", explique David Marchal. L'idée serait de cibler l'autoconsommation sans stockage, qui n'engendre pas de surcoût, et de partir sur un système de prime à l'autoconsommation conjuguée à un tarif d'achat à l'injection. "Par exemple, la prime pourrait être fixée à 14 c€/kWh et le tarif d'achat serait plus faible, à 9 c€/kWh. Dans notre logique, il faut une forte baisse du tarif d'achat pour inciter à l'autoconsommation. Mais attention à ne pas engendrer d'effets pervers !". Une incitation forte à l'autoconsommation pourrait être néfaste à l'objectif d'économies d'énergie puisque plus on consomme son électricité plus on perçoit d'argent… "Il faut trouver un système qui évite ces effets non vertueux", admet David Marchal.

Une autre solution, déjà pratiquée aux Pays-Bas et au Danemark, pourrait être envisagée : le "net metering". Un crédit est donné au producteur pour chaque kWh produit en sus de sa consommation et injecté sur le réseau. Si la consommation est supérieure à la production injectée, le consommateur paie les kWh supplémentaires consommés. Dans le cas contraire, les crédits dus pour les kWh injectés sont reportés à la période suivante. Mais l'intérêt du système pour le producteur dépend de la période de calcul mise en place qui peut porter sur une heure, une journée, un mois…

1. Il ne faut pas confondre taux de couverture solaire et taux d'autoconsommation. Le premier désigne la part de la production solaire dans la consommation totale tandis que le deuxième représente la part d'électricité photovoltaïque autoconsommée. Ainsi, un bâtiment peut consommer 100% de sa production photovoltaïque mais ne couvrir que 20% de ses besoins en électricité avec.

Réactions16 réactions à cet article

Faire de l'eau chaude sanitaire avec du photovoltaïque : Non, c'est n'importe quoi d'un point de vue rendement (<10%)! Pour faire de l'eau chaude sanitaire seuls les capteurs à eau sont efficaces. Il y a trop de malhonnêteté dans cet article. En revanche, dans le sud, l'usage des pompes de filtration piscine coïncide parfaitement avec l'apport solaire car il faut filtrer quand il y a du soleil...

sigis | 07 novembre 2013 à 08h18 Signaler un contenu inapproprié

Auto-consommation au niveau d'un îlot autour du bâtiment producteur !
Voilà qui pourrait être un bon plan: un grand toit bien orienté au milieu d'un ensemble d'utilisateurs individuels et/ou tertiaires, par ex des toits d'une grande surface ou grand bâtiment, en ville ou à proximité.
Auto-consommation du bâtiment producteur d'une part, et injections dans le réseau pour le bénéfice des proches voisins. Faudrait mettre au point un système permettant de vendre les kWhs à ces voisins....
Une ID à explorer !
A+ Salutations
Guydegif(91)

Guydegif(91) | 07 novembre 2013 à 09h33 Signaler un contenu inapproprié

Quand on parle des autres pays, il faut fournir les paramètres qui permettent de comparer ce qui est comparable

Exemple : quel différence de temps d''ensoleillement à Stockholm, Den Hage (La Haye), Dunkerque, et Perpignan.

A combien pourrait baisser le coût d’un panneau solaire fabriqué en France si la demande était très sensiblement bien supérieure ?

Quelle est la part dans un panneau solaire des composants devant forcément être achetés à l’étranger ?

Mêmes deux question pour les batteries de stockage

Dans la mesure où s’équiper c’est à la fois contribuer au ménagement de l’environnement et aider l’état à remplir ses objectifs bruxellois est-il logique d’aider de la même façon un Niçois qu’un Dunkerquois ?

Merci

Jean-Marie | 07 novembre 2013 à 09h39 Signaler un contenu inapproprié

Il faut voir la production d''eau chaude comme un moyen de stocker la production photovoltaïque et d''en reporter la consommation...

cathy | 07 novembre 2013 à 09h44 Signaler un contenu inapproprié

Il apparaît évident qu'un autre modèle économique doit être mis en place pour permettre à cette énergie renouvelable de se développer dans notre pays sans que cela devienne un gouffre pour les finances de l'Etat.
Plutôt que subventionner un tarif d'achat de l’énergie produite par le photovoltaïque, il semble plus efficace de favoriser l'autoconsommation en accordant des crédit d’impôt ou des aides à la fourniture pose des panneaux.
Cela permettrait un retour sur investissement raisonnable (5 à 7 ans) et incitatif pour tout acquéreur de ces systèmes en évitant les dérives économiques observées les années précédentes.

CRICRI80 | 07 novembre 2013 à 09h49 Signaler un contenu inapproprié

Le photovoltaïque sera rentable lorsqu'on pourra réaliser l'installation soit même et sans contrainte d'intégration au bâti. A quand la vente libre des éléments dans les magasins de bricolage?
Un autre problème est aussi la possibilité de se raccorder après le disjoncteur EDF, en phase et sans microcoupure lors de la commutation. A ma connaissance ce matériel d'électronique de puissance n'existe pas.

soleil57 | 07 novembre 2013 à 10h17 Signaler un contenu inapproprié

Arrêtons le dumping du nucléaire et l'autoconsommation sera déjà beaucoup plus rentable, ajoutons des crédits à la recherche, et le développement du stockage par hydrogène (électrolyse diurne) et on n'y verra plus clair, encore faudra-t'il que ça plaise a EDF! ce qui n'est pas sur du tout!!

lio | 07 novembre 2013 à 10h39 Signaler un contenu inapproprié

@sigis : le rendement quand la source est gratuite n'est plus le facteur déterminant. On ne peut plus raisonner comme avec les énergies fossiles, où chaque kg ou litre consommé coute et dégage divers effluents. Avez-vous vu le rendement de la production d'ECS électrique à partir d'une centrale ? Sur l'ensemble du cycle, on ne dépasse pas 35%. Si vous ajoutez une PAC derrière les modules PV, on fait mieux, et sans aucun GES. cqfd.

JYves | 07 novembre 2013 à 11h33 Signaler un contenu inapproprié

les multi nationales sont de mèche avec les politiques ...business is business ceci autant pour le nucléaire que pour les éoliennes ...ça doit être trés profitable pour l'etat comme pour les multi natinales .
Donc ne révons pas ! si l'autocommation est tout ce qu'il y a de plus écologique et efficace ...ils y mettrons vite un frein avec des taxes qui seront dissuasives ....!

carl | 07 novembre 2013 à 15h50 Signaler un contenu inapproprié

En attendant le stockage de l'énergie, il est déjà possible de rediriger l'électricité produite la journée vers un chauffe-eau électrique que le foyer peut utiliser hors période solaire, le soir, par exemple.
Ceci est possible grâce à immerSUN, un produit que nous (Rtone) distribuons, et qui permet ainsi de maximiser l'autoconsommation.

Rtone | 07 novembre 2013 à 17h12 Signaler un contenu inapproprié

Bien sûr si vous écoutez Enerplan , le SER et toutes assos qui militent pour leurs fonds de commerces avec la bénédiction de l'état , nous allons reproduire les m^mes conneries de 2008 et dépenser quelques milliards de plus, notamment avec le PV.Nous n'avons plus besoin d'avoir un kit PV sur la toiture pour développer l'autoconsommation , c'est une arnaque voulu et plébiscité par les particulier qui malheureusemnt ne connaissent pas les techniques , par exemple les batteries de VE qui peuvent largement se passer des panneaux PV.
La charge se fait simplement par le réseau pour charger la batterie de 35 kW pour un coût de 088 ct€, qui permettrait de diviser par deux le prix du kWh , pour un investissement d'environ 14000 € avec un ROI de 7 ans , et un échange standard de la batterie Li-ion tous les 10 ans. La voilà la vraie autoconsommation , l'autonomie d'un foyer lambda .

sinus | 05 février 2014 à 10h02 Signaler un contenu inapproprié

Encore une baisse sur les tarifs d'achats :-( Et ce malgré la baisse du nombre de raccordements hallucinante de 83 % par rapport à la même période l'année dernière ! On se demande vraiment quand le gouvernement va réagir.

Clara | 23 juillet 2014 à 11h58 Signaler un contenu inapproprié

@ Clara , normale ...je voudrais que ça baisse encore plus ! inadmissible ces tarifs artificiels payés par les plus modestes , en fait , qui eux ne peuvent pas investir dans du photovoltaïque .
le mieux c'est l'autoconsommation ou du locale sous forme de régie municipales mais surtout pas d'injection dans le réseau . comme ça on récolte ce que l'on sème ....mais discrétement car l'etat pourrait bien y mettre une taxe !!! CDT

carl | 23 juillet 2014 à 15h38 Signaler un contenu inapproprié

@Carl
On y arrive progressivement :-)

Carla | 23 juillet 2014 à 16h00 Signaler un contenu inapproprié

Il y a le bilan financier qui est une chose. Mais quel est le bilan CO2 des panneaux ( majoritaires ) qui sont produits en Chine (électricité au charbon) et les kwh fossiles économisés chez nous...

DL | 01 août 2014 à 10h29 Signaler un contenu inapproprié

Je souhaite installer un kit autoconsommation 1000w pour diminuer ma facture EDF

Ma toiture est plein sud, je suis dans la région PACA, quelle est le démarche à suivre? Faut il faire une demande à la mairie?

J'ai trouvé u kit autoconsommation de 1000w avec des micro onduleurs sur une petite boutique sur internet.

ou éventuellement le kit de 2000w.

Je compte l'installer moi même,que pensez vous?



Merci pour votre réponse

Cordialement

Jean-Jacques | 05 janvier 2015 à 16h28 Signaler un contenu inapproprié

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