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Biodiversité : ce que proposent les candidats à la présidentielle

Si les questions de climat sont peu présentes dans la campagne présidentielle malgré la nouvelle alerte du Giec, celles sur la biodiversité le sont encore moins. Le nombre de propositions et leur qualité sont très hétérogènes selon les candidats.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Biodiversité : ce que proposent les candidats à la présidentielle

Un sondage commandé par les associations de protection de l'environnement montrait, début mars, que la protection de la nature suscitait une forte adhésion des Français. Sur le plan international, les représentants des États parties à la Convention sur la diversité biologique sont en train de négocier de nouveaux objectifs afin d'enrayer l'effondrement de la biodiversité documenté par l'Ipbes (1) .

Malgré ce contexte, les questions de biodiversité sont quasiment absentes du débat de l'élection présidentielle. Si cela peut s'expliquer pour certains candidats par l'absence de propositions fortes en la matière ou leur généralité, comme chez Emmanuel Macron, Valérie Précresse ou Éric Zemmour, cela est moins le cas pour d'autres candidats, comme Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon, qui émettent de vraies propositions.

50 millions d'arbres

Le programme d'Emmanuel Macron en matière de biodiversité est particulièrement léger, et en décalage avec le volontarisme affiché lors des grandes réunions internationales, comme le Congrès mondial de l'UICN à Marseille en septembre 2021. Le président de la République y avait notamment annoncé une initiative pour une sortie accélérée des pesticides à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne. Dans son programme, le chef de l'État fait davantage un bilan de son quinquennat que de nouvelles propositions. Les nouvelles mesures se réduisent à la plantation de 50 millions d'arbres pour « repeupler 45 000 hectares de forêts grâce à 200 millions d'euros du plan de relance et au financement issu du label bas carbone français ».

« Face à l'urgence climatique et à la nécessité de protéger la biodiversité, je veux une écologie de progrès et de solutions, pas une écologie punitive et antisociale », affirme, de son côté, Valérie Pécresse. Dans son projet pour la France, elle affiche l'objectif de classer 10 % du territoire métropolitain en zone de protection forte et de créer un fonds de renaturation de 200 millions d'euros (M€). Des annonces qui ne sont pas sans rappeler les actions déjà mises en œuvre par la majorité actuelle à travers la Stratégie sur les aires protégées et le Fonds friches. Concernant les espèces, la candidate des Républicains fixe l'objectif d'augmenter de 10 % les populations d'oiseaux dans les campagnes d'ici à la fin du quinquennat et de mobiliser chaque territoire autour d'une espèce emblématique, afin de « sauver toutes les espèces en voie de disparition ». Elle propose aussi la création d'une réserve écologique citoyenne chargée de nettoyer les espaces naturels. Son programme prévoit également d'aider les communes à faire face à la montée des océans, de mettre fin au gaspillage de l'eau par la rénovation des réseaux et la réutilisation des eaux usées pour l'agriculture, et de s'engager sur un objectif de zéro rejet de plastique dans la nature.

Espèces témoins

Quant à Marine Le Pen, elle annonce une politique biodiversité fondée sur « l'évolution des populations d'espèces témoins », qui conditionnera l'emploi des pesticides, « en concertation avec le ministère de l'Agriculture ». La candidate du Rassemblement national propose une « prime à l'exploitation pour maintien ou restauration des haies, des surfaces humides, des bois et bocages, comme des autres puits de carbone ». Elle annonce la définition avec les organisations agricoles, dans le cadre du plan stratégique national (PSN) déclinant la PAC, des moyens permettant l'autonomie alimentaire et la « haute qualité des produits » de l'agriculture française, de même qu'un revenu écologique pour tout exploitant respectant un engagement « Nature Environnement ». Le programme de la candidate prévoit, par ailleurs, la mobilisation de l'expertise publique en soutien à l'agriculture urbaine.

« Je défendrai avec vigueur toute atteinte à la beauté et à l'intégrité de notre patrimoine naturel qui est l'un des plus riches d'Europe : nos montagnes, nos rivières et nos forêts devront être protégées comme il se doit, car il en va aussi de l'identité de la France », affirme, de son côté, Éric Zemmour. Parmi les propositions du candidat de Reconquête, la création d'un fonds de reboisement et d'adaptation au changement climatique pour « une gestion stratégique et responsable de nos forêts », l'aggravation des sanctions contre les décharges sauvages, la sanctuarisation de la chasse et de la pêche ou encore le rattachement de la biodiversité à un grand ministère de la Ruralité, de l'Agriculture et des Littoraux.

Nicolas Dupont-Aignan propose, quant à lui, un projet assez détaillé, dont tout un volet consacré à la sauvegarde des paysages, des océans et de la biodiversité. Dans ce cadre, il préconise de « lutter pragmatiquement contre la bétonnisation à outrance » via une série de mesures : incitation à la construction sur des sols déjà artificialisés, limitation de l'extension des grandes surfaces, etc. Le candidat Debout la France souhaite également lancer un grand plan de lutte contre la pollution des mers : augmentation du réseau d'aires marines protégées, promotion à l'international des outils de lutte contre les atteintes à la biodiversité, « plan Marshall » de construction de stations d'épuration sur le pourtour méditerranéen, etc.

Jean Lassalle est peu disert sur le sujet de la biodiversité, qu'il ne cite que pour proposer de développer la recherche sur le milieu océanique. Le candidat du mouvement Résistons entend, par ailleurs, défendre « les pratiques ancestrales telles que la chasse et la pêche traditionnelles, qui font partie du patrimoine national ». Quant aux grands prédateurs (ours, loup, lynx), l'ancien berger estime la cohabitation impossible avec les troupeaux et propose de « sortir des directives européennes Habitats et Oiseaux, ainsi que de la Convention de Berne ».

Interdire les brevets sur le vivant

Les programmes de Yannick Jadot et, dans une moindre mesure, de Jean-Luc Mélenchon se révèlent beaucoup plus riches que les autres sur les questions de biodiversité. Ils mentionnent notamment la sixième extinction de masse. Le candidat de la France insoumise propose d'interdire les dépôts de brevets sur des organismes vivants, de refuser les OGM et de mettre fin aux accords commerciaux internationaux. Il se positionne en faveur de la réduction progressive des doses de pesticides et l'interdiction immédiate des plus dangereux, la lutte contre l'artificialisation des sols et une gestion durable de l'eau par la dépollution et une gestion en régies. Le programme de M. Mélenchon contient également un volet sur la forêt dans lequel il propose d'interdire les coupes rases, de favoriser la diversification en essences et en âge, de laisser 25 % de sa surface en libre évolution, d'assurer une traçabilité complète des importations de bois ou encore d'accroître la coopération internationale dans la lutte contre les pratiques illégales qui détruisent la forêt. Le candidat propose enfin l'interdiction des pratiques de chasse cruelles pour les animaux, comme le déterrage ou la chasse à courre.

« La perte de nature et les dégâts causés aux écosystèmes risquent d'être irréversibles. Nous n'avons plus de temps à perdre pour protéger, réparer et restaurer ce qui peut encore l'être », affirme de son côté Yannick Jadot. Le candidat des Verts propose de faire évoluer les règles de droit, avec l'inscription de la biodiversité dans l'article premier de la Constitution, la reconnaissance du crime d'écocide, l'installation d'un Défenseur des droits chargé de défendre le vivant, la reconnaissance du droit des écosystèmes, une évolution du statut juridique de l'animal, la création d'un secrétariat d'État à la Protection animale, ou encore l'interdiction de breveter le vivant. Le candidat écologiste défend une lourde taxation des entreprises du luxe important des peaux d'animaux. Il propose aussi d'interdire les pratiques de chasse les plus cruelles (chasse à courre, déterrage, piégeage), d'encadrer les autres pratiques (interdiction sur les espèces protégées, week-end sans chasse), de développer des espaces naturels apaisés et de mettre en place une politique d'accompagnement à la protection des troupeaux contre les grands prédateurs, avec un arrêt des tirs de prélèvement. En matière de pêche, le candidat se positionne pour une interdiction des techniques les plus néfastes ou « les plus barbares », comme la pêche électrique ou le finning, ainsi qu'une répartition plus juste des quotas de pêche. Il défend également un durcissement de la réglementation sur les rejets, notamment dans l'eau et les sols, ainsi que le développement d'une « véritable culture de l'aménagement littoral. »

En matière d'aménagement, le candidat écologiste souhaite avancer à 2025 l'objectif de zéro artificialisation et le faire converger avec l'objectif d'absence de perte nette de biodiversité à travers le principe de solidarité écologique et la séquence éviter-réduire-compenser. « Nous encouragerons également le ré-ensauvagement (…) pour la reconstitution des forêts et autres écosystèmes remarquables », prévoit le programme du candidat. Celui-ci se positionne en faveur d'une nouvelle politique forestière visant la reforestation écologique, la réorientation de l'Office national des forêts (ONF) sur ses missions de service public dont la protection de la nature, le conditionnement des aides à la sylviculture et une réforme de la fiscalité forestière.

Nationalisation des forêts

Anne Hidalgo propose, quant à elle, des mesures de protection de la biodiversité en lien étroit avec l'adaptation au dérèglement climatique. « Nous défendrons les solutions fondées sur la nature pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique », affirme la candidate socialiste. Celle-ci propose une nouvelle gouvernance dans la gestion de la forêt, un soutien à l'agroécologie, mais également des mesures transversales comme la consécration des droits de la nature ou une réforme de la fiscalité.

De manière assez inattendue, le candidat communiste, Fabien Roussel, cite l'Ipbes dans son programme. Parmi les mesures qu'il propose figurent l'intégration des considérations relatives à la biodiversité dans les prises de décision des différents secteurs économiques, la protection de 30 % des espaces terrestres et maritimes, l'arrêt de l'importation des produits responsables de la déforestation tropicale, l'arrêt de la privatisation de l'ONF, ainsi qu'un plan de lutte contre la pollution plastique.

Quant aux deux candidats trotskystes, Philippe Poutou propose de « rompre avec le capitalisme » et de « mettre en place une planification écosocialiste : partir des besoins de la population, définis collectivement, en tenant compte des limites de la planète (biodiversité, ressources naturelles, climat, pollution) ». Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) propose la nationalisation des forêts de plus de 20 hectares, le classement de 10 % du territoire en réserves naturelles, la limitation des périodes et des zones de chasse, et la limitation de l'artificialisation à 10 % du territoire. Quant à la candidate Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, la biodiversité semble absente de son programme.

1. Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

Réactions1 réaction à cet article

Pour être équitable, je souligne que Nathalie Arthaud est l'une des seules candidates (avec Yannick Jadot) à avoir répondu à la sollicitation des associations naturalistes et environnementales sur ce sujet dans une lettre en date du 17 mars 2022 publiée sur le site de la LPO. Sans j'espère trahir sa pensée, "tant que l’on accepte cette mainmise sur l’économie [des grands groupes capitalistes], on peut discourir sur la sauvegarde de la mer ou sur les énergies renouvelables, mais on parle pour ne rien dire... Mettre fin à ce système, irresponsable vis-à-vis des ressources de la planète comme il l’est vis-à-vis de l’humanité tout entière, est bien la seule manière conséquente de se battre pour une société respectueuse de son environnement". Hormis ce changement systémique, il n'y a pas de propositions concrètes.

gédéon | 06 avril 2022 à 10h03 Signaler un contenu inapproprié

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