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Logistique : deux années stratégiques pour la décarbonation du secteur

Lancée en 2023, la Stratégie nationale logistique a permis d'engager toute une série d'actions destinée à optimiser et à décarboner les flux. Revue de détails des grandes orientations choisies et des options privilégiées pour 2024.

Transport  |    |  N. Gorbatko
Logistique : deux années stratégiques pour la décarbonation du secteur

Il y a un an, le Gouvernement présentait sa première Stratégie nationale de la logistique. Une démarche associant étroitement éléments de méthode et outils concrets de décarbonation, afin de verdir cette filière responsable de 10 % des émissions de CO2 en France et qui emploie un million de salariés pour plus de 300 milliards de tonnes-kilomètres acheminées, essentiellement par la route. Le 4e Comité interministériel de la logistique (Cilog), qui s'est tenu le 22 décembre dernier, a été l'occasion de faire le point sur les avancées enregistrées en 2023 et sur les actions prévues en 2024.

En termes de méthode, la stratégie avait prévu l'élaboration d'un scénario de référence de la demande de transport de marchandises aux horizons 2030 et 2050. L'étude menée par la Direction générale des infrastructures des transports et des mobilités (DGITM) a montré que ces besoins pourraient progresser de 12 % en 2050 en cas d'augmentation de la production industrielle dans le cadre de la réindustrialisation du pays. Ce chiffrage sera affiné et territorialisé, mais il offre déjà la possibilité aux différentes filières économiques (santé, agroalimentaire, chimie et matériaux, construction, mines et métallurgie, mode et luxe) de commencer à identifier des pistes de réduction de leurs émissions liées à la logistique, dans un contexte compliqué de réduction nécessaire de l'artificialisation des sols et de limitation des circulations en lien avec les ZFE. Un dialogue essentiel et qui doit être amplifié, selon l'association France Logistique.

Mobilisation des acteurs

“ La pénurie d'entrepôts est une réalité qui commence à toucher certaines régions françaises ” Anne-Marie Idrac, France Logistique
La DGITM et la Direction générale des entreprises (DGE) avaient également confié à l'université Gustave-Eiffel la mission de produire un tableau de bord national de la logistique et d'animer un réseau d'observation. Ce travail devrait notamment favoriser la collecte et/ou la construction d'indicateurs susceptibles d'évaluer l'avancement de la Stratégie nationale logistique et de la planification écologique ainsi que les impacts des politiques publiques. Cette approche avait vocation à être déclinée sur les territoires, afin notamment de nourrir les schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet).

En 2023, toutes les régions de métropole ont ainsi organisé leur conférence sur la logistique. Pour certaines, ces échanges ont débouché sur une feuille de route définissant des actions prioritaires. Cette démarche sera actualisée en 2024. Les actions de suivi à mettre en place seront par exemple précisées afin de favoriser la mise en réseau des acteurs, le recueil des retours d'expérience, l'échange des bonnes pratiques ou la détermination des besoins en termes de foncier.

Quelques lauréats de l'appel à projets Logistique 4.0

Le consortium « BTP Log 4.0 » développe un outil pour favoriser l'approvisionnement et le remploi mutualisé multimodal sur les chantiers. Pickup Services déploie des espaces de services pour les vélos-cargos afin de créer une organisation territoriale de la cyclologistique. Le regroupement E.Swap construit un écosystème basé sur le « battery swapping » ou l'échange d'une batterie déchargée contre une pleine. Logistic Factory Hauts-de-France met en place une plateforme collaborative pour massifier les flux de transport par voie ferroviaire.

Afin d'améliorer la performance environnementale des entrepôts, mais aussi de faciliter leur implantation, une charte a été signée en 2021 entre le Gouvernement et des acteurs de l'immobilier logistique, désormais au nombre de 59. Ces derniers s'engagent par ce biais à mettre en œuvre un certain nombre d'actions, comme la couverture de leurs toitures par des panneaux photovoltaïques, la réinfiltration des eaux pluviales, la renaturation de leur environnement ou le développement de la biodiversité aux alentours. En échange, les pouvoirs publics leur apportent leur aide pour améliorer la qualité de leurs dossiers. « La performance de ces nouvelles chaînes logistiques dépendra largement de leur maillage sur le territoire et de l'optimisation de leurs implantations. Un entrepôt éloigné des besoins génère davantage de transports et, finalement, plus d'émissions, explique Anne-Marie Idrac, présidente de l'association France Logistique. Or, la pénurie d'entrepôts est une réalité qui commence à toucher certaines régions françaises. »

Les chantiers du fluvial et du ferroviaire

Sur le terrain, de nombreuses autres initiatives ont été promues. Les pouvoirs publics avaient par exemple encouragé l'élaboration d'un programme de travaux visant à régénérer le réseau de Voies navigables de France, dans le cadre d'un contrat d'objectifs avec l'établissement public. Reliant le grand bassin parisien à l'Europe du Nord, via les Hauts-de-France, la liaison Seine-Escaut a ainsi enregistré des avancées en 2023, grâce à la réouverture du canal à grand gabarit de Condé à Pommeroeul, aux travaux de rescindement de l'Oise, marquant le début du creusement du canal Seine-Nord Europe et la reconstruction des écluses de Méricourt. Un avenant à ce contrat a été signé le 22 décembre 2023 afin de poursuivre et d‘accroître ces efforts.

En 2024, l'État prévoit par ailleurs de se doter d'une stratégie nationale fluviale visant notamment à accélérer la décarbonation des bateaux, à renforcer le rôle de la voie d'eau dans l'industrie ou l'aménagement du territoire et à faire passer la part modale du fluvial de 2 à 3 % en 2030 en développant à fois le transport des voyageurs et celui des marchandises. La connexion avec les ports est à ce titre capital. L'aménagement d'un corridor logistique sur le Rhône, de Marseille à Lyon, jusqu'à la Saône, est notamment envisagé pour faciliter le passage des marchandises vers l'Italie, la Suisse ou l'Allemagne. Une réflexion similaire est engagée dans le territoire Grand Est.

Le fret ferroviaire est également concerné. En 2023, chacune des huit régions impliquées a remis un travail de planification de ses capacités à cinq et dix ans, identifiant les développements nécessaires à l‘augmentation de ses trafics. Une plateforme de pilotage nationale a été inaugurée en septembre 2023 pour identifier et coordonner les besoins capacitaires. Elle devra déboucher en 2024 sur un schéma directeur national du transport combiné, précisant en particulier quels terminaux devront être créés, étendus ou modernisés, entre autres pour le transport des semi-remorques par le rail.

La route, toujours un poids lourd

L'État a en outre mis en œuvre plusieurs dispositifs de soutien à l'électrification des poids lourds : un suramortissement fiscal pour les véhicules de plus de 2,6 tonnes utilisant des énergies propres, prorogé jusqu'au 31 décembre 2030 et désormais élargi au rétrofit électrique, mais également un appel à projets « écosystème des véhicules lourds ». Doté de 60 millions d'euros (M€) en 2023, ce dernier a permis de financer l'achat de 661 véhicules lourds l'année dernière, dont 631 camions générant 208 M€ d'investissements pour 37 000 tonnes de CO2 évitées par an. En 2024, quelque 122 nouveaux lauréats pourront acquérir 412 véhicules lourds, dont 387 camions totalisant 157 M€ d'investissements pour 20 440 tonnes de CO2 évitées. Une nouvelle vague est prévue cette année pourvue d'une enveloppe de 130 M€. D'après la dernière Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), les émissions annuelles de CO2 engendrées par les poids lourds devraient baisser de 10 millions de tonnes en 2030, par rapport à 2019, malgré une hausse tendancielle du fret.

Identifiés en concertation avec les donneurs d'ordres, d'autres leviers devraient aussi faciliter la décarbonation du transport par route, comme l'amélioration des taux de chargement des véhicules, des fréquences de livraison, de l'emplacement des entrepôts ou encore le report modal. À cette fin, un groupe de travail a été créé sous l'égide du Conseil national de l'industrie avec des représentants des filières, de l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) et des transporteurs (Otre et TLF). Piloté par la DGE, la DGITM, France Logistique et l'Agence de la transition écologique (Ademe), ce groupe de travail œuvre déjà en faveur de la diffusion d'informations et d'une meilleure organisation de la logistique.

En 2024, il se penchera aussi sur la numérisation et la standardisation des données afin de faciliter les échanges entre prestataires et donneurs d'ordres, mais aussi l'identification des besoins en foncier logistique, l'optimisation des emplacements et la résilience de la chaîne logistique face aux dérèglements du climat. Le secteur du commerce y sera plus étroitement associé. Pour ce qui concerne la numérisation des données, l'appel à projets « Logistique 4.0 » a déjà conduit au soutien de 30 projets dans le domaine de l'interopérabilité des données et de la traçabilité, entre autres. Une nouvelle édition sera lancée en ce début d'année. « Après une année de mise en œuvre de la Stratégie nationale logistique, nous avons progressé sur nos objectifs en activant tous les leviers », estime ainsi Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.

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