« Le public doit être informé et pouvoir donner son avis sur si et comment la prolongation de nos réacteurs, au-delà de quarante années d'activité, doit être abordée », a martelé Christine Noiville, chercheuse et présidente du Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN). Ce dernier a lancé, ce jeudi 18 janvier, une nouvelle concertation publique (1) sur le sujet dans le cadre du quatrième réexamen périodique amorcé en 2017. Celui-ci concerne les vingt réacteurs de 1 300 mégawatts électriques (MWe) sur le territoire français. Cette démarche volontaire, pilotée par le HCTISN mais supervisée par deux « garants » membres de la Commission nationale du débat public (CNDP), se déroulera jusqu'au 30 juin.
Une question de vieillissement
Au sein de la série de réacteurs en question, de « deuxième génération », le plus ancien est Paluel-1, installé dans la centrale éponyme en Seine-Maritime, dont le quarantième anniversaire adviendra en 2025. Sa visite décennale, première de la liste, est programmée pour l'année suivante. « La deuxième tranche de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) sera examinée en dernière, en 2034 », a indiqué Étienne Dutheil, directeur chargé de la production nucléaire chez EDF. À noter qu'hormis le futur troisième réacteur de la centrale de Flamanville dans la Manche (un EPR de type 1, dit de « troisième génération »), l'Hexagone compte quatre autres réacteurs de deuxième génération, mis en service entre 2000 et 2002 et dont le palier de puissance diffère (1 450 MWe) : les deux tranches de la centrale de Chooz (Ardennes) et les deux de la centrale de Civaux (Vienne).
Prolongation et longueur procédurale
Si la démarche a déjà été éprouvée lors du réexamen périodique de la première série de réacteurs, l'objet de cette concertation présente des particularités. « Les réacteurs de 1 300 MWe présentent notamment une double enceinte en béton, contre une simple enceinte métallique pour ceux de 900 MWe, a expliqué Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). La configuration de leurs locaux diffère également, ce qui implique des conséquences différentes face aux risques d'inondation interne. » L'intéressé a confirmé, en outre, que l'IRSN s'intéressera de plus près, dans son expertise, à des questions soulevées lors de la précédente concertatio. « Nous avons retenu une attente forte du public sur le devenir des piscines de combustibles et nous apporterons un regard plus approfondi sur ce sujet », a-t-il averti.
Ouvrir le débat sur la fin de vie ?
« L'autorisation légale de fonctionnement d'un réacteur ne fixe aucune limite à sa durée de vie, a tenu enfin à rappeler Julien Collet, de l'ASN. Seul un réexamen périodique complet et favorable à la poursuite de son activité peut le conduire à être autorisé à fonctionner pendant au moins dix années supplémentaires, dans le respect des plus hautes et récentes exigences de sécurité » – à savoir, celles appliquées pour l'EPR de Flamanville. Malgré tout, l'ASN affirme travailler, en parallèle, à évaluer les conséquences d'une prolongation à long terme de ces réacteurs quadragénaires. Travail dont elle livrera les conclusions « avant la fin de l'année 2026 ». D'ici là, a assuré le HCTISN, la possible fusion de l'ASN et de l'IRSN « ne remettra pas en question » la marche à suivre.