Jeudi 15 mars 2012, l'OCDE a publié ses Perspectives de l'environnement à l'horizon 2050. S'appuyant sur les travaux de modélisation menés conjointement par ses services et l'Agence d'évaluation environnementale des Pays-Bas, "le rapport se projette dans l'année 2050 pour imaginer quelles répercussions les tendances économiques et démographiques pourraient avoir sur l'environnement si le monde n'adopte pas de politiques vertes plus ambitieuses". Il propose par ailleurs des "politiques (…) susceptibles d'améliorer ces perspectives".
Agir vite
Le constat dressé est simple : "la taille de l'économie mondiale a plus que triplé depuis 1970, tandis que la population de la planète augmentait de plus de 3 milliards de personnes pour atteindre 7 milliards aujourd'hui". Or, "cette croissance s'est accompagnée d'une pollution de l'environnement et d'un épuisement des ressources naturelles qui pourraient bien, à terme, compromettre le développement humain".
Afin de limiter les dégradations de l'environnement, l'OCDE propose deux mesures. Il s'agit tout d'abord de "la nécessité urgente d'agir dès à présent pour modifier le cours de notre développement futur" car "au-delà de certains « points de basculement », les modifications préjudiciables subies par les systèmes naturels deviennent irréversibles". Sans compter qu'"une action précoce est rationnelle, des points de vue environnementaux et économiques".
Le second axe important mis en avant par l'OCDE est la retranscription des dégâts environnementaux dans le prix des biens et services. Il faut "rendre la pollution plus coûteuse que les solutions plus vertes", plaide l'Organisation qui recommande de "veiller à ce que les prix reflètent mieux la véritable valeur du patrimoine naturel et des services écosystémique". De même, elle réitère une demande récurrente : supprimer les subventions préjudiciables à l'environnement.
Hausse de 50% des émissions de GES
En matière de dérèglement climatique, le constat de l'OCDE est particulièrement noir, puisqu'aucun élément positif n'est avancé. Premier reproche : les "engagements de Copenhague et Cancún [sont] insuffisants pour limiter le réchauffement à 2°C de manière efficace par rapport aux coûts". De même, l'OCDE constate que les émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent à progresser et que les preuves de la réalité des changements climatiques s'accumulent. Seules améliorations constatées : la diminution des émissions de GES par unité de PIB (découplage relatif) dans les pays industrialisés et émergents, la baisse des émissions de CO2 liées aux changements d'utilisation des terres dans ces mêmes pays et l'élaboration de stratégies d'adaptation dans de nombreux pays même si elles ne sont "pas encore suffisamment mises en œuvre".
Globalement, l'OCDE conclut que "les perturbations liées au changement climatique vont sans doute s'aggraver et devenir irréversibles, puisqu'on prévoit une augmentation de 50 % des émissions mondiales de GES". En conséquence, la concentration de GES dans l'atmosphère "pourrait atteindre 685 parties par million (ppm) d'ici à 2050", quand les spécialistes évoquent un maximum de 450 ppm pour limiter à 2°C la hausse de la température moyenne globale par rapport à l'ère préindustrielle. A ce sujet, l'OCDE évoque une hausse possible allant "de 3 à 6°C".
Nagoya représente un progrès pour la biodiversité
S'agissant de la biodiversité l'Organisation formule quatre reproches. Il s'agit de la "perte continue de biodiversité sous l'effet de pressions croissantes" (changements d'utilisation des terres et évolution du climat), de la réduction progressive des forêts vierges, de la "surexploitation ou [l']épuisement des stocks halieutiques" et de la propagation des espèces envahissantes.
Néanmoins, aspect positif, l'OCDE estime que des "progrès [ont été réalisés] dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique avec l'adoption en 2010 du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 et du protocole de Nagoya".
Quant à l'expansion des zones protégées, elle figure au titre des éléments encourageant même si l'OCDE constate la "sous-représentation de certains biomes et des aires marines protégées". De même l'expansion des forêts, "principalement due au reboisement par plantations" et la réduction des taux de déforestation vont dans le bon sens.
Eau : quantité et qualité problématiques
En matière de ressources en eau, l'OCDE s'inquiète tout d'abord de voir que "2,3 milliards de personnes de plus qu'aujourd'hui (plus de 40 % de la population mondiale) [sont] appelés à vivre dans des bassins hydrographiques soumis à un stress hydrique élevé". De même, la populations urbaines augmentant plus vite que le nombre de foyers raccordés aux services d'eau, de nombreux habitants sont toujours dépourvus d'accès à une eau potable dans les zones rurales et urbaines et les objectif du millénaire pour le développement (OMD) sur l'assainissement ne seront pas atteint, déplore l'OCDE.
Quant à la qualité de l'eau, l'Organisation dénonce l'"aggravation de la pollution et [l']épuisement accéléré des ressources en eaux souterraines", la "détérioration de la qualité des eaux de surface dans les pays non membres de l'OCDE", l'"augmentation de la charge d'éléments nutritifs à l'échelle mondiale et des risques d'eutrophisation" et l'"augmentation du volume d'eaux usées non traitées rendues au milieu naturel". Seul point positif, l'OCDE constate une "diminution de la pollution de l'eau par des sources ponctuelles (industrie, municipalités) dans les pays de l'OCDE" et juge "probable" la réalisation de l'OMD sur l'accès à des sources d'approvisionnement améliorées dans les pays émergents.
La pollution de l'air s'aggrave
Enfin, l'OCDE dresse un tableau déplorable de l'évolution de la qualité de l'air. "
Néanmoins, les pays industrialisé ne seront pas épargnés, puisque "compte tenu de leur vieillissement démographique et de leurs populations urbanisées, [ils] vont enregistrer l'un des plus forts taux de décès prématurés liés à l'ozone troposphérique, après l'Inde".