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Plan de résilience : comment le gouvernement s'organise pour s'affranchir massivement des énergies russes

Annoncées hier par le gouvernement, toute une série de mesures visent à réduire la dépendance de la France vis-à-vis du gaz et du pétrole russes, encore importante aujourd'hui. Détails.

Energie  |    |  N. Gorbatko
Plan de résilience : comment le gouvernement s'organise pour s'affranchir massivement des énergies russes

Afin d'atténuer l'impact de ses propres sanctions à l'égard de la Russie, la France n'a pas d'autre choix que de réduire le plus rapidement possible sa dépendance vis-à-vis du gaz et du pétrole en provenance de ce pays ; avec pour horizon gouvernemental d'en sortir « intégralement » d'ici à 2027. Une partie des mesures du plan de résilience économique et sociale, présenté hier par le Premier ministre, Jean Castex, en compagnie des ministres de l'Économie, de la Transition énergétique et de l'Agriculture, vise donc cet objectif.

Les énergies renouvelables à la rescousse

Dans la droite ligne de ses récentes annonces destinées à rattraper le retard français en matière d'énergies renouvelables, le gouvernement affiche d'abord sa volonté de simplifier les procédures dans ce domaine, afin de réduire les délais de déploiement des installations. Une annonce attendue et demandée depuis longtemps par les associations spécialisées dans la transition écologique, qui espèrent que la promesse sera rapidement tenue.

Également à l'ordre du jour : l'accélération de la production de biogaz, censé représenter 10 % de la consommation de gaz du pays en 2030. Dans ce but, la prise en charge des frais de raccordement au réseau a été réduite de 40 à 60 %, cette semaine.

Délégué de l'association Amorce, Nicolas Garnier se félicite de cette volonté affichée de sortir massivement du gaz. Il salue aussi la « belle avancée » du biogaz. « Il va falloir maintenant étudier filière par filière comment la développer, notamment à partir des boues d'épuration et des déchets ménagers », souligne-t-il.

Enfin, malgré les récents problèmes de corrosion de ses systèmes de sécurité et les inquiétudes liées à ses capacités de traitement de ses déchets, le parc nucléaire devrait également être plus fortement sollicité. En décembre, EDF a été chargée d'identifier les leviers d'une plus grande disponibilité des réacteurs pour l'hiver prochain.

La décarbonation toujours d'actualité

Autre voie choisie par le gouvernement : la poursuite de la décarbonation de la chaleur ou de l'industrie. En attendant de nouvelles propositions, comme un appel à projets exceptionnel de France 2030 début avril, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a prévu d'ouvrir les prêts de Bpifrance aux PME et ETI, ainsi qu'aux entreprises du BTP désireuses de changer leur outil de production. Ces dernières, impliquées dans la rénovation énergétique des bâtiments, sont très impactées par la volatilité des prix des matériaux. Elles bénéficient donc d'attentions particulières, dont la possibilité d'une révision de leurs prix, lorsqu'elle n'a pas été prévue dans les contrats dans le cadre des marchés publics, et la non-application de pénalités de retard.

La chaleur renouvelable en bonne place

“ N'oublions pas que les chauffages individuels au gaz ou à l'électricité équipent 80 % des immeubles d'habitation ” Nicolas Garnier, Amorce
Le gouvernement annonce par ailleurs un accroissement de 40 % des crédits du Fonds chaleur : soit 150 M€ supplémentaires. Objectif : convertir les réseaux de chaleur des collectivités ou des entreprises à la biomasse ou la géothermie, par exemple. Une bonne nouvelle, commente Jean-Baptiste Lebrun, directeur du réseau Cler. « Mais il faut encore améliorer l'accès à l'ingénierie des collectivités pour monter les projets et les critères de financement de ce fonds. En effet, si les montants pour chaque projet ne sont pas suffisants, ils ne se feront pas. » Pour Nicolas Garnier, il est également nécessaire de réfléchir à une bonne utilisation des crédits, en prévoyant par exemple des aides pour le raccordement des logements collectifs et pour leur adaptation pour ce type d'installations. « N'oublions pas que les chauffages individuels au gaz ou à l'électricité équipent 80 % des immeubles d'habitation », précise-t-il. La démarche concerne aussi les bâtiments de l'État et de ses opérateurs qui bénéficieront d'un fonds d'aide au remplacement des chaudières fossiles par des solutions renouvelables.

Les particuliers également concernés

Les particuliers chauffés par une installation individuelle au gaz ou au fioul, souhaitant la remplacer par une pompe à chaleur (PAC) ou par un équipement biomasse, pourront bénéficier, de leur côté, de 1 000 euros de plus, à partir du 15 avril prochain, dans le cadre du dispositif MaPrimeRénov'. Les forfaits pour l'installation de nouvelles chaudières au gaz seront arrêtés en parallèle. Un choix qui sera plus avantageux pour les ménages les plus modestes, estime la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, « en cumulant les aides MaPrimeRénov' et les certificats d'économies d'énergie (CEE). » Mais Nicolas Garnier s'inquiète de la qualité des pompes à chaleur choisies. « Si leur rendement est faible, elles créeront une surconsommation d'électricité. Il faudrait conditionner les aides à des critères de qualité », conseille-t-il. En l'absence de mesures réellement structurantes et ambitieuses, Jean-Baptiste Lebrun juge, pour sa part, ses options cosmétiques. « Rembourser 1000 euros sur une nouvelle chaudière n'a pas beaucoup de sens, si cela ne s'accompagne pas d'une rénovation énergétique. Et n'oublions pas qu'une pompe à chaleur, en période de pointe, a de fortes chances d'être alimentée par de l'électricité produite à partir de gaz… »

Et la sobriété ?

Si ce dernier salue néanmoins une réaction politique forte et « bienvenue », il regrette le fléchage globale de ces nouveaux crédits. « Le seul moyen réellement efficace de réduire nos consommations de gaz et de pétrole à court terme est d'agir sur nos comportements, insiste-t-il. Mais tout cela s'organise. Il faut faciliter les choses avec un ciblage fin selon ce qui est possible pour chacun ou chacune. Plutôt que d'alléger la fiscalité sur l'essence, on aurait pu prendre des mesures pour continuer à développer l'usage du vélo ou du covoiturage. On sait le faire en cas de pic de pollution. »

Pour Jean Castex, ce plan doit être évolutif, « parce que la situation l'est (…). Ce que nous proposons aujourd'hui constitue donc une première réponse qu'il va très probablement falloir faire évoluer dans le temps », explique-t-il. De fait, il devra déjà s'atteler, dès l'été prochain à l'élaboration de la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et de la nouvelle Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

Réactions8 réactions à cet article

Toutes les subventions vouées à produire de l'énergie partent en CO2.Exemple type: biogaz. L'urgence est d'éviter la production de CH4, donc CO2, car un parc de biogaz ad-hoc pour 2030 ou 2050 nous reviendra dans la figure sous forme de dérèglement climatique.
Il faut isoler, et profiter du peu de temps restant pour décroître.

Daniel | 18 mars 2022 à 08h59 Signaler un contenu inapproprié

Conduire une politique, quelle qu'elle soit, de façon drastique demande de l'autorité et des moyens. L'autorité formelle (procédures et mises en oeuvre) se trouve au sein des institutions de la République, mais les responsables politiques ne savent ou ne veulent pas l'exercer à bon escient.

Les moyens et outils de débats et d'action se sont considérablement améliorés avec l'innovation numérique : bases de données partagées et flux d'informations tendus. Là encore, les politiques publiques sont conduites sans considération pour les changements à l'oeuvre au sein de la société ; Une décision sans consensus, un préfet sans visibilité, et un public sans connaissance des buts et enjeux.

Votre avis ?

henri le roy | 18 mars 2022 à 11h11 Signaler un contenu inapproprié

D'accord avec Daniel : il faut décroitre et réduire vraiment les besoins en énergie : pas de programme ambitieux d'isolation des habitations ? De norme draconiennes pour les nouvelles constructions ? Pour réduire aussi l'usage de la voiture en ramenant les commerces au cœur des villes et non dans des centres commerciaux en périphérie ?

FV77380 | 18 mars 2022 à 11h11 Signaler un contenu inapproprié

ATTENTION:cela fait une semaine que le nucléaire français est en panne à 42 % , reste 35 GW sur le réseau , ce dernier survit grâce au gaz pour 8 GW et les importations 8 GW aussi .En conséquence ce n'est pas le moment d'insulter les belligérants en Ukraine , les allemands qui nous vendent leur électricité et les algériens leur gaz.

Darwin | 18 mars 2022 à 12h10 Signaler un contenu inapproprié

Tant mieux si les évènements accélèrent la transition énergétique. On ne va pas cracher dans la soupe ! Les solutions diversifiées proposées semblent à la hauteur du défi. Cependant, je comprend mal le choix de "MaPrimeRénov'' pour distribuer les aides. Ces aides d'un montant pourtant faible (1250€ pour 10 000€ de dépenses d'isolation) sont largement pillées par des entreprises "voyous" qui ne font pas le travail m'ont été refusées pour un projet de rénovation de mon habitation principale. Il m'a fallut 7 mois de bagarre avec un recours amiable, puis un recours contentieux pour finalement percevoir l'aide. Il y a vraiment une administration qui a du temps à perdre face aux citoyens qui n'en ont pas et dont les souhaits de transition énergétique sont contrecarrés.

SAGITTE | 18 mars 2022 à 22h05 Signaler un contenu inapproprié

Un tabou, manifestement : et redémarrer Fessenheim... Là est la ligne rouge imposée par l'Allemagne, qui va interdire à l'Europe de réellement se passer des importations russes : afficher une réelle volonté de sortir des hydrocarbures impose de dépasser des dogmes d'un autre siècle ! Tout le reste n'est que gesticulations, et nous précipite inéluctablement vers un recours accru au gaz, les solutions futuristes genre hydrogène ou giga-batteries sont totalement immatures et absolument irréalistes en termes budgétaires.

dmg | 21 mars 2022 à 09h51 Signaler un contenu inapproprié

Il serait effectivement pertinent d'assujettir toute aide à des critères de qualité, notamment pour les diagnostics énergétiques qui sont faits la plupart du temps par des margoulins indignes du statut de professionnels.
Cela ressemble au label "QualiBat": tout le monde l'a, il suffit de payer une cotise...

Albatros | 23 mars 2022 à 08h52 Signaler un contenu inapproprié

A tous;

Ces commentaires sont tous pertinents. Mais que peuvent les commentaires ?

Les citoyens commentent et les pouvoirs publics agissent. Si nous agissions ?

Exemple : https://www.collectif-seine-78-95.fr/

Votre avis ?

henri le roy | 23 mars 2022 à 10h56 Signaler un contenu inapproprié

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