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Hydrogène : les nouvelles orientations de la stratégie nationale sont en consultation

Le Gouvernement a mis en consultation, jusqu'au 19 janvier, les grandes lignes de la stratégie sur l'hydrogène révisée. Y sont précisés les mécanismes de soutien, les infrastructures prioritaires et les travaux lancés sur les importations.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Hydrogène : les nouvelles orientations de la stratégie nationale sont en consultation

Avec six mois de retard, le Gouvernement a mis en consultation (1) , du 15 décembre au 19 janvier, les nouvelles orientations stratégiques de la Stratégie nationale hydrogène (2) . Cette actualisation confirme les objectifs de production annoncés (6,5 gigawatts en 2030, 10 GW en 2035), le choix français de la neutralité technologique et de nouveaux mécanismes de soutien pour assurer la compétitivité de la production nationale. Le Gouvernement recentre la priorité sur les besoins industriels stratégiques et les infrastructures associées, mais n'oublie pas la mobilité lourde et intensive. Le document aborde également les enjeux liés à l'importation.

La Première ministre donne rendez-vous à la filière début 2024, à l'occasion d'un Conseil national de l'hydrogène, pour entériner cette révision. Et indique que la Stratégie française énergie climat (Sfec) fera l'objet d'une inscription législative début 2024.

La neutralité technologique martelée par la France

La stratégie française promeut la neutralité technologique entre hydrogène renouvelable et bas carbone, qu'il soit produit à partir du mix électrique national ou du nucléaire. Le Gouvernement se bat encore, au sein de l'alliance du nucléaire, pour que cette neutralité technologique soit également défendue par la Commission européenne et les futurs textes européens. Si, dans le cadre de la révision des directives Red III et Gaz, et de la réforme du marché de l'électricité, la France a emporté quelques victoires sur l'hydrogène bas carbone, en revanche, la Banque européenne de l'hydrogène ne soutiendra que la production d'hydrogène renouvelable.

Quelques chiffres

La stratégie table sur une consommation d'hydrogène de 700 000 tonnes en 2030 et d'un million de tonnes en 2035 en prenant en compte les besoins de l'industrie et de la mobilité lourde. L'objectif est de couvrir, avec la production décarbonée, une part significative et croissante des besoins industriels actuels en hydrogène (430 000 t) et tous les nouveaux usages (calcination à haute température ou traitement de surface). Cette production correspond à des besoins d'électricité de 30 à 35 térawattheures en 2030 et 50 à 60 TWh en 2035.

Les mécanismes de soutien français viseront, quant à eux, à garantir la compétitivité de l'hydrogène décarboné produit par électrolyse. Quatre milliards d'euros sur dix ans permettront de garantir un prix fixe de production, via des appels d'offres pour des contrats pour différence (CFD), pour un gigawatt (GW) de projets. Un dialogue concurrentiel sera ouvert début 2024. Le Gouvernement mise aussi sur une perte progressive de compétitivité du vaporeformage à partir d'énergies fossiles (moyen de production d'hydrogène prédominant aujourd'hui), grâce à une trajectoire dynamique du prix du carbone.

Le document ne ferme pas la porte aux autres techniques, notamment à partir de biomasse (pyrogazéification, pyrolyse, plasmalyse), « qui peuvent trouver toute leur pertinence dans des situations locales précises ». Des travaux exploratoires du sous-sol français ont également été lancés afin d'identifier et d'évaluer les gisements d'hydrogène naturel. Un premier permis de recherche a été délivré pour les Pyrénées-Atlantiques. En parallèle, des travaux sur les « techniques extractives les plus respectueuses de l'environnement » seront menés.

Côté demande, la taxe incitative sur l'utilisation des renouvelables dans les transports (Tiruert) sera étendue à l'ensemble des vecteurs énergétiques et à la quasi-totalité des modes de transport. Si l'hydrogène renouvelable est éligible aux crédits de ce dispositif depuis 2023, à partir du 1er janvier 2024, l'hydrogène bas carbone sera également éligible, avec une incitation jusqu'à 4,70 € par kilogramme pour réduire le prix de l'hydrogène carburant.

Un mécanisme de « bonus-malus incitatif à la baisse d'impact climatique de l'azote » sera également étudié afin de garantir une concurrence loyale entre les engrais produits en France et à l'étranger.

Anticiper les infrastructures prioritaires et à moyen terme

Les nouvelles orientations détaillent les besoins en infrastructures à 2030, mais restent prudentes sur les échéances plus lointaines. La priorité demeure le développement de hubs industriels à Dunkerque, Fos-sur-Mer, Le Havre-Estuaire de la Seine et dans la vallée de la chimie (Rhône), avec une production « au plus près des usages ». Les infrastructures prioritaires sont donc les réseaux de transport de l'hydrogène « intra-hubs » et leurs connexions aux infrastructures de stockage, estimées à 500 kilomètres de canalisations.

Un maillage territorial de ravitaillement sera également nécessaire pour les besoins en hydrogène de la mobilité « intensive » : véhicules utilitaires, bus, poids lourds et autocars à kilométrages journaliers très importants, engins agricoles et de chantiers, ou encore véhicules logistiques (« off-road »). L'hydrogène pourrait également être une alternative pour les lignes de trains régionaux non électrifiées ou le fret ferroviaire, souligne le document.

À plus long terme, le développement d'un réseau européen de transport de l'hydrogène, comme H2med, est envisagé « sous condition d'un cofinancement de ces infrastructures à vocation continentale par tous les utilisateurs potentiels ». Le développement d'un réseau entre les hubs sera également étudié, « en veillant à éviter le risque d'actifs échoués ».

Le document indique que ce réseau hydrogène sera distinct des infrastructures de transport de méthane, et qu'un tracé et des options réglementaires seront précisés d'ici à 2026. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a été missionnée sur les questions de régulation et de soutien de ces réseaux.

Des travaux seront également lancés sur les stockages massifs en cavité saline, notamment à proximité des hubs industriels de Fos-sur-Mer et de Lyon, et sur leurs rôles possibles dans la flexibilité du réseau électrique (effacement des électrolyseurs par exemple).

En revanche, les volumes importés d'hydrogène et de dérivés devraient rester limités à l'horizon 2030 et plus plausibles d'ici à 2040, estime le Gouvernement. Il a donc chargé, pour le premier trimestre 2024, l'Inspection générale des finances (IGF), l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) et le Conseil général de l'économie, d'analyser les opportunités et les modalités d'importation d'hydrogène décarboné en prenant en compte les modèles économiques de production et la question du bouclage énergétique national. L'analyse portera également sur les infrastructures pertinentes pour l'import d'hydrogène qu'il soit liquide, gazeux, sous forme d'ammoniac, de carburants de synthèse ou de minerai de fer (terminaux de déchargement et de regazéification, canalisations de transport…).

De son côté, le Gouvernement mènera une diplomatie de l'hydrogène afin d'assurer les conditions d'une concurrence loyale (standardisation, normalisation…) et de soutenir l'export du « savoir-faire » français. Il lancera également des travaux sur le bilan carbone des équipements.

Sécuriser la filière et les acteurs français

Le Gouvernement réitère sa volonté de construire une chaîne de valeur de l'hydrogène « pour assurer l'industrialisation des projets précédemment soutenus, renforcer l'intégration de l'écosystème autour des fleurons français et assurer la couverture de l'ensemble des produits et technologies clés de la chaîne de valeur » (électrolyseurs, piles à combustible et leurs composants). Un travail de cartographie a été lancé par l'Administration afin d'identifier les chaînons manquants tout au long de la chaîne de valeur, de l'approvisionnement en matières premières critiques (platinoïdes) jusqu'à l'intégration des technologies (électrolyse ou piles à combustible).

1. Accéder à la consultation
https://www.ecologie.gouv.fr/consultation-sur-nouvelle-strategie-francaise-deploiement-lhydrogene-decarbone#:~:text=Le%20Gouvernement%20a%20publi%C3%A9%20le,de%20la%20strat%C3%A9gie%20hydrog%C3%A8ne%20fran%C3%A7aise.
2. Télécharger la proposition de stratégie hydrogène révisée
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43166-strategie-nationale-hydrogene-revisee-2023.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Seul l'hydrogène vert et le blanc devraient avoir droit de cité. Les autres sont une véritable hérésie. Je veux surtout revenir sur le fait que l'hydrogène est très dangereux par son pouvoir explosif. Le stockage en surface n'est pas adapté, d'autant plus que les fuites ne sont pour le moment pas détectables, ce gaz étant incolore et inodore. Mettre des bonbonnes à l'air libre, sans protection autre qu'un petit capot sur les tuyauteries, relève d'une inconscience criminelle. Il y aura des morts, c'est inévitable. Tout stockage devrait être enterré, les conduits d'alimentation renforcés et sous surveillance h24. La moindre allumette, le moindre mégot mal éteint, la plus petite étincelle, et je ne parle pas des impacts de foudre, transformeront les réservoirs de ce gaz en bombes à la moindre fuite. Or, déjà j'ai observé que certaines réserves sont au contact de la population, près des trottoirs en ville, et ne sont pas protégées. On est beaucoup trop confiant avec ce mode d'énergie.

gaïa94 | 21 décembre 2023 à 22h45 Signaler un contenu inapproprié

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