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Transition énergétique : un nouveau facteur d'attractivité pour les territoires ?

Énergies renouvelables, politiques de décarbonation, économie circulaire… Les territoires en avance sur ces sujets-là pourraient en tirer un avantage pour favoriser l'implantation de nouvelles entreprises et/ou maintenir les emplois actuels.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Transition énergétique : un nouveau facteur d'attractivité pour les territoires ?
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
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Si la ville de Dunkerque a attiré deux des quatre projets de gigafactories de batteries (Verkor et Prologium), c'est grâce à son réseau de chaleur décarboné et à sa stratégie de transition énergétique, lancée il y a une dizaine d'années, selon Patrice Vergriete, le maire de la cité. « Le succès a tardé, nous n'avons pas eu tout de suite les implantations industrielles attendues. Mais on a tenu bon, tous les acteurs engagés avec nous depuis le début sont restés », raconte l'édile lors d'un atelier organisé dans le cadre des Assises de la transition énergétique, à Bordeaux, le 23 mai. Résultat : « Dans les cinq à dix ans, 20 000 emplois devraient être créés », estime-t-il. Pari réussi donc pour ce territoire en désindustrialisation, qui a voulu faire de la transition énergétique un levier de développement économique.

Identifier les ressources rares de demain

Il y a une dizaine d'années, Dunkerque a réuni l'ensemble des acteurs locaux (industriels, port…), afin de dessiner le territoire décarboné de demain. « Tous les acteurs ont joué le jeu, y compris les industriels comme ArcelorMittal », explique Patrice Vergriete. L'idée était de définir les actions pour décarboner les industries existantes et attirer les technologies de demain.

Parmi les réalisations : le développement d'un réseau de chaleur « décarboné et pas cher, qui a joué dans l'implantation des gigafactories ». Le territoire compte également sur la construction d'un projet éolien en mer et de deux EPR 2 à Gravelines, qui permettront de disposer de 10 gigawatts (GW) d'électricité faiblement carbonée. « L'industrie de demain aura besoin de beaucoup d'électricité. La décarbonation d'ArcelorMittal par exemple, c'est 800 mégawatts (MW) », indique l'élu. Des projets autour de l'hydrogène sont également dans les cartons.

Les autres ressources ont également donné lieu à des travaux. L'eau a fait l'objet d'une attention particulière afin de réduire les pertes industrielles et d'engager une réutilisation de cette ressource, avec la création d'une toile de l'eau industrielle. Le territoire a également réalisé une toile pour recenser les gisements d'économie circulaire, les besoins des différents acteurs et mettre en lien l'offre et la demande en s'appuyant sur l'intelligence artificielle.

Le défi reste d'embarquer la population dans cette stratégie. « Avec la décarbonation de l'industrie, nous avons lié climat et qualité de l'air, qui est un sujet sensible pour les citoyens au quotidien. L'enjeu était également de construire en parallèle la ville décarbonée. » Et surtout qu'elle ne soit pas vue comme une contrainte... Pour y parvenir, le territoire a choisi d'associer les actions à des gains de pouvoir d'achat : gratuité du réseau de bus, aides et accompagnement à la rénovation, plan vélo, subventions pour l'achat de récupérateurs d'eau de pluie…

Le coût de l'énergie devient un argument de taille

Le pari de la transition énergétique, la communauté de communes d'Argentan (Orne) l'a également fait, il y a une dizaine d'années. Ce territoire, qui rassemble 49 communes sur plus de 700 km2, a rejoint la communauté des Territoires à énergie positive en 2016.

“ Le coût de l'énergie fera l'attractivité territoriale de demain ” Frédéric Leveille, communauté de communes d'Argentan
Premier chantier : revoir le schéma directeur de l'éclairage public en 2017 avec, déjà, des actions de sobriété et de réduction. Économies à la clé : 106 000 euros en un an. Le territoire a ensuite cartographié ses besoins énergétiques pour identifier les coûts, les besoins et les priorités d'action. Cela lui a permis de passer de 13,2 % d'énergies renouvelables en 2016 à 28 % en 2023, en s'appuyant sur un réseau de chaleur avec chaufferie à biomasse, en développant le photovoltaïque, l'éolien, la méthanisation… En parallèle, un schéma directeur immobilier a été élaboré pour générer des économies, via le regroupement d'écoles, l'optimisation de l'usage des bâtiments… Les gains générés sont autant de nouvelles ressources pour le territoire.

Désormais, la collectivité planche sur la récupération de la chaleur fatale et l'autoconsommation collective en souhaitant embarquer les entreprises dans ce projet. Une étude est en cours pour identifier les gisements sur les bâtiments publics et privés. « Le coût de l'énergie fera l'attractivité territoriale de demain », estime Frédéric Leveille, maire d'Argentan et président de l'intercommunalité. La création de communautés énergétiques est également en réflexion pour associer les citoyens à la transition énergétique. L'objectif est de mobiliser des acteurs qui, sans cette démarche, ne passeraient pas le pas par manque de ressources financières, de temps ou simplement d'informations.

De nouveaux modèles pour les collectivités

Contrats d'achat direct (PPA) locaux, autoconsommation collective… De nombreuses collectivités réfléchissent à développer de tels systèmes pour embarquer avec elles les entreprises de leurs territoires et/ou en attirer de nouvelles. « La capacité des entreprises à investir est parfois limitée », explique Cécile Juliard, adjointe du service développement de la communauté des communes des Landes d'Armagnac (Landes). L'objectif est également de générer des retombées économiques directes pour le territoire et de faciliter l'acceptabilité des futurs projets, qui engendreront des déboisements.

La communauté de communes compte déjà une centrale photovoltaïque de 265 hectares, développée par un acteur privé, ce qui lui permet de bénéficier de loyers et taxes conséquents. Mais elle souhaite aller plus loin, avec davantage de bénéfices directs, en se lançant dans les PPA et/ou l'autoconsommation collective. Mais ces sujets nouveaux ne sont pas si simples à mettre en place. Après le lancement de deux appels à manifestation d'intérêt (AMI), « on se retrouve avec un faisceau de tarifs proposés pour un projet qui n'émergera que dans quelques années. Est-ce que le tarif négocié sera encore intéressant ? Nous n'avons pas la visibilité », résume Cécile Juliard. Il faut également disposer d'une demande suffisamment importante et stable pour attirer les porteurs de projets : « Nous menons les réflexions avec un collège et une entreprise locale. Ensemble, nous représentons 40 gigawattheures par an de consommation. Mais reste la question de la sécurisation de la demande, qui est essentielle pour les porteurs de projets. »

La Région Nouvelle-Aquitaine s'y intéresse aussi et accompagne déjà des entreprises dans la contratualisation de PPA. « Ce type de contrat permet de reprendre la main et de faire bénéficier une entreprise d'un prix stable, et, à l'issue, d'avoir des retombées locales sur l'emploi. Nous visons des PPA régionaux avec, par exemple, un industriel qui ne disposerait pas du foncier nécessaire pour développer lui-même les énergies renouvelables », explique Marion Papadopoulo, chargée de mission à la direction énergie-climat du conseil régional.

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