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Industrie lourde : l'efficacité énergétique à la recherche de rupture

Energie : l'usine du futur sera efficiente ou ne sera pas Actu-Environnement.com - Publié le 07/09/2015

L'efficacité énergétique dans l'industrie lourde est dépendante de nouvelles technologies de rupture difficilement généralisables. La faiblesse des investissements freine les projets pilote. La réduction du coût de l'énergie fait figure d'alternative.

Energie : l'usine du futur sera...  |    |  Chapitre 4 / 6
Industrie lourde : l'efficacité énergétique à la recherche de rupture
Environnement & Technique N°350 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°350
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Selon une étude réalisée par l'Ademe et Total en 2012, les industries les plus énergivores présentent des potentiels d'efficacité énergétique conséquents d'ici 2030 : de l'ordre de 23% pour la production de papier-carton, de 14,4% pour les métaux non ferreux et de 8,1% pour la sidérurgie.

En mai 2014, une note d'opportunité rédigée par l'Ademe identifiait les enjeux notamment pour les secteurs les plus énergivores en vue de l'appel à manifestation d'intérêt "industrie et agriculture efficiente". Selon le document, les deux tiers des économies réalisables reposent sur des technologies d'ores et déjà disponibles. Néanmoins, les secteurs les plus énergivores, tels que celles du papier-carton, de la sidérurgie, des non-ferreux et des industries de fonderie, se distinguent : le plus souvent, ils nécessitent de nouvelles technologies qui restent à mettre au point.

Technologies innovantes et de rupture

Pour les industries métallurgiques, qui participent au Comité stratégique de la filière des "Industries extractives et de première transformation", le principal enjeu identifié par l'Ademe est l'accompagnement des "offres technologiques de rupture" pour des procédés spécifiques (tels que l'électrolyse ou les fours) et des "technologies innovantes" en matière de récupération et de valorisation de chaleur perdue.

L'exemple de la production d'aluminium primaire illustre parfaitement la difficulté à laquelle font face ces industries énergivores qui, le plus souvent, ont déjà largement tiré parti des mesures d'efficacité énergétique les plus accessibles. Alors que l'énergie compte pour 30% des coûts de production, "le besoin de rupture technologique" est aujourd'hui incontournable car "le procédé d'électrolyse a atteint une asymptote en termes de performance énergétique et les gisements d'amélioration sont épuisés", note l'Ademe. Le constat est similaire pour l'industrie du verre (technologies de rupture pour l'injection des matières premières, les comburants et combustibles ou la conception des brûleurs et des fours).

De même, s'agissant de la valorisation de la chaleur perdue, un domaine qui intéresse les secteurs des métaux, des matériaux non-métalliques et de construction, de nombreux travaux sont à réaliser concernant la récupération de la chaleur rayonnée, la récupération de la chaleur lors des cycles de traitements thermiques ou encore la gestion de l'intermittence. Cependant, l'application de ces technologies est complexe et difficilement généralisable. "De telles technologies (procédés de rupture et/ou de valorisation de chaleur fatale industrielle) fortement intégrées aux procédés et à haute valeur ajoutée – donc peu standardisables et moins exposées à la concurrence internationale – sont transversales à l'industrie mais nécessitent des phases de démonstrations probantes", souligne l'Ademe, reprenant les conclusions d'une étude du Département de l'énergie des Etats-Unis.

Réduire le prix de l'énergie

La mise en œuvre de ce potentiel d'efficacité dépend en grande partie du niveau d'investissement des entreprises, notamment en matière de recherche. Or, ce dernier ne semble pas à la hauteur de l'enjeu depuis la crise de 2008. En juin 2013, le rapport du groupe de travail sur la compétitivité des entreprises du conseil national de la transition énergétique, soulignait qu'"en 2010, les états généraux de l'industrie ont évalué à 100 milliards d'euros le déficit d'investissement dans l'appareil productif français". Ce déficit se traduit notamment par des difficultés de financement des démonstrateurs et une demande trop faible en équipements innovants, pointe l'étude réalisée par Total et l'Ademe.

Faute d'être en capacité d'investir massivement, la stratégie privilégiée semble être la mise en place d'un accès à coût réduit à l'énergie, dans la foulée de la stratégie contestée retenue par l'Allemagne. Il faut permettre aux énergo-intensifs d'accéder à une énergie à un coût raisonnable pour préserver leur compétitivité, plaidait un rapport d'information présenté par Fréderic Barbier, en avril 2014, pour le compte de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Selon le député PS du Doubs, "l'industrie européenne est plus efficace énergétiquement que sa concurrente américaine, (…) les améliorations d'efficacité énergétique suivant la règle des rendements décroissants, les marges d'amélioration sont moins importantes".

Dans ce contexte, un cadre spécifique aux énergo-intensifs se met en place par petites touches. Ainsi, en octobre 2013, un décret définissait les sites des entreprises entrant dans la catégorie des consommateurs gazo-intensifs qui bénéficieront de conditions d'un approvisionnement en gaz avantageuses, conformément à la loi Ddadue. La même année, les énergo-intensifs bénéficiaient d'une exemption de la contribution carbone. Quant aux électro-intensifs, ils bénéficiaient en mai 2014 d'une réduction de 50% sur le tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité (Turpe).

Enfin, la loi de transition énergétique pérennise la réduction du Turpe accordée aux électro-intensifs. Toutefois, le député Yves Blein (SRC – Rhône) a fait adopter un amendement mettant en place des contreparties. Parmi celles-ci figure une obligation de résultat en matière d'efficacité énergétique qui passe par la mise en œuvre des meilleures pratiques. Il s'agit de "compenser des procédés industriels peu performants", explique l'élu, qui propose ainsi d'ajouter une obligation de résultats. "Les industriels électro-intensifs qui ont vocation à bénéficier des conditions d'approvisionnement les plus favorables doivent se situer au plus haut niveau d'exigence en termes de performance énergétique", explique Yves Blein.

Philippe Collet

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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