La consommation d'électricité des ménages a augmenté de 31,92% entre 1990 et 2010, représentant le deuxième secteur de consommation après l'industrie et avant les services. La raison ? Une multiplication des appareils électriques, des usages plus nombreux et plus longs et des nouvelles caractéristiques encore plus consommatrices d'énergie, estime le Centre européen de recherche (JRC), dans une étude sur la consommation d'énergie (1) dans les secteurs résidentiel et tertiaire de l'Union européenne.
Pourtant, souligne le JRC, les politiques d'efficacité énergétique mises en place à l'échelle nationale et européenne (et parfois sectorielle) se sont souvent soldées par de réels progrès. C'est le cas pour l'éclairage, les appareils blancs (2) , le chauffage. En revanche, les consommations sont à la hausse pour les téléviseurs et les technologies de l'information et de la communication.
Eclairage et chauffe-eau : des marchés bouleversés
La disparition progressive, à l'échelle européenne, des ampoules à incandescence, et leur remplacement par des technologies plus efficaces comme les lampes fluo-compactes ou les LED, a entraîné une baisse de la consommation du poste éclairage de 5% en deux ans.
S'oriente-t-on vers la même révolution dans le domaine des chauffe-eau? "Au cours des deux dernières années, les systèmes de chauffage solaire thermique (3) ont connu un développement impressionnant sur le marché des 27. (…) La plus forte croissance annuelle provient du marché allemand, qui à partir de 2007 a augmenté de 123%, mais la demande pour le solaire thermique a également fortement progressé dans les petits marchés", précise le JRC. Si la demande a baissé récemment, en 2010, la capacité totale installée en exploitation a atteint 24,11 GWth dans l'UE27 et la Suisse. Et l'entrée en vigueur de nouvelles réglementations, comme la RT 2012 en France, devraient entraîner la disparition des chauffe-eau électriques au profit de technologies efficaces.
Des gains annulés par les usages ou les nouvelles offres
Les politiques d'efficacité énergétique menées dans le secteur des appareils blancs, comme les appareils de froid (réfrigérateurs et congélateurs), les machines à laver, les lave-vaisselle et les sèche-linge ont montré également de bons résultats. "Le succès est dû à une combinaison de la législation européenne (étiquette énergie et normes minimales de rendement énergétique), des programmes nationaux (déductions fiscales, primes à la casse, rabais de prix, certificats blancs) ainsi que des accords volontaires des constructeurs", estime le JRC.
En 2010, la moyenne annuelle de consommation par appareil des lave-linge, lave-vaisselle, réfrigérateurs et congélateurs dans l'UE23 était de 246 kWh, contre 265 kWh en 2005. Soit une diminution de la consommation de 7%.
"Les nouveaux appareils sont devenus beaucoup plus efficaces", se félicite le JRC, qui nuance cependant : "Les lave-linge font exception, en raison de capacités de charge plus élevées", de 1 à 3 kg supplémentaires pour les nouveaux modèles. Autre inquiétude : le développement de la technologie de froid ventilé (NoFrost) pour les réfrigérateurs et congélateurs, qui atteint 25% des ventes en 2010, et qui est pourtant plus consommatrice d'électricité.
Pour les appareils de chauffage, malgré l'absence de règles d'éco-conception, ces équipements sont de plus en plus efficaces en raison de la forte concurrence dans le secteur. Cependant, la taille des logements en mètre carré par personne a augmenté et les besoins en chauffage par habitant ont suivi la même courbe…
Même problématique pour les téléviseurs. Malgré une augmentation de leur efficacité énergétique, leur consommation totale d'énergie a augmenté de 2 à 3% en deux ans (2007-2009), pour atteindre 56 TWh en 2009. La raison ? L'augmentation de la taille des écrans, l'apparition des écrans plats, de la radiodiffusion, de la télévision numérique et de la haute définition (HD). Et le taux d'équipement très élevé des Européens n'a pas empêché une augmentation considérable des ventes de téléviseurs ces dernières années.
Ce phénomène est également très présent dans le domaine des technologies de l'information et des communications (TIC). "Dans la dernière décennie, les ordinateurs sont devenus omniprésents et leur rôle continuera d'être de plus en plus important en raison de leurs effets sur la productivité, l'éducation, la société et la vie privée. En conséquence, le nombre d'ordinateurs et de technologies de l'information est continuellement en croissance, l'Europe est de plus en plus informatisée, et l'accès à Internet se répand dans l'Union européenne". Avec eux se développent décodeurs, box Internet et factures d'électricité…
Les appareils "de confort" progressent moins vite… ou pas du tout !
Enfin, pour les technologies "de confort", où le taux d'équipement des ménages n'est pas encore très élevé, les progrès en termes d'efficacité énergétiques sont beaucoup moins marqués. Par exemple, les marchés des sèche-linge, lave-vaisselle et appareils de cuisson se transforment moins rapidement malgré le potentiel d'efficacité énergétique de ces équipements et leur part importante dans la consommation résidentielle.
Sur le marché de la climatisation, des technologies efficaces (de type Inverter) existent et le développement de l'étiquette énergie a permis de réaliser des progrès. Pourtant, les consommateurs semblent peu sensibles à ces caractéristiques. Pour le JRC, cela s'explique par un "achat d'impulsion".