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Élisabeth Borne : une Première ministre expérimentée face à des défis compliqués

Nommée Première ministre, chargée de la Planification écologique, Élisabeth Borne maîtrise parfaitement les sujets environnementaux. Mais son expérience et sa nouvelle feuille de route lui suffiront-elles à faire face aux défis climatiques ?

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Élisabeth Borne : une Première ministre expérimentée face à des défis compliqués
Actu-Environnement le Mensuel N°425
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°425
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Nommée Première ministre, le 16 mai 2022, par le président de la République, Emmanuel Macron, Élisabeth Borne va devoir assumer la responsabilité de la planification écologique voulue par ce dernier. Une mission cruciale, au regard des enjeux climatiques et sociaux, et censée transcender les querelles et les blocages entre les ministères. « Parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements, bref, toutes les politiques », déclarait Emmanuel Macron, il y a tout juste un mois, lors de son rassemblement à Marseille dans l'entre-deux tours de l'élection présidentielle. Si ses contours sont encore mal connus, et sans doute encore à inventer par la Première ministre elle-même, cette nouvelle gouvernance devrait au minimum s'appuyer sur une « feuille de mission publique », comme le suggère la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), une « stratégie nationale de soutenabilité », comme le conseille France Stratégie, ou une loi quinquennale.

Ministères sans mystère

Pour assumer cette fonction, Élisabeth Borne devrait être secondée par deux autres ministères chargés de la Planification énergétique et de la Planification écologique et territoriale. Le poste ne devrait pas effrayer cette polytechnicienne, ingénieure de l'École nationale des ponts et chaussées et ancienne préfète de Poitou-Charentes, qui n'a certes jamais siégé au Parlement, mais connaît sur le bout des doigts les clefs du fonctionnement des ministères. Passée par plusieurs d'entre eux (Équipement, Éducation nationale et Transports), entre 1987 et 2002, en tant que haute fonctionnaire ou conseillère, notamment, elle a également dirigé ceux des Transports, de la Transition écologique et solidaire, puis celui du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion, entre 2017 et aujourd'hui. Quant à ses pas de côté dans le privé, en tant que directrice de la stratégie de la SNCF, en 2002, directrice des concessions de la société Eiffage, en 2007, ou présidente-directrice générale de la RATP, de 2015 à 2017, ils ne l'auront jamais vraiment éloignée des lieux de pouvoir.

L'habituée des chausse-trappes

Considérée comme une excellente technicienne, travailleuse acharnée et fine négociatrice, Élisabeth Borne s'est déjà fait les griffes, tout au long de son parcours, sur de nombreux dossiers épineux, comme celui du renouvellement des concessions d'autoroutes, alors qu'elle était directrice du cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Écologie en 2015, celui de l'effacement de l'huile de palme de la liste des biocarburants bénéficiant d'une minoration de la taxe, en 2019, celui d'EuropaCity, finalement abandonné cette même année, ou encore celui de Lubrizol, en 2020. C'est elle aussi, entre 2018 et 2020, qui a géré l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, la transformation du statut de la SNCF et l'arrêt du recrutement au statut des agents, déclenchant au passage la plus longue grève de la SNCF depuis plusieurs décennies. À son actif, on peut également citer le lancement du Plan national vélo de 2017, le Coup de pouce vélo de 2020, l'écotaxe sur les billets d'avion à partir de 2020, les premiers jalons du zéro artificialisation nette et des zones à faibles émissions, mais également le lancement ou le vote de trois lois : loi d'orientation des mobilités, la loi énergie-climat et la loi sur l'économie circulaire.

Des sujets brûlants au programme

Un bilan malgré tout jugé encore insuffisant par le parti Europe Écologie Les Verts. « Élisabeth Borne, que ce soit en tant que ministre de l'Écologie ou ministre des Transports, a échoué à mettre la France sur la trajectoire nécessaire pour respecter l'Accord de Paris », estiment ses porte-paroles. Désormais, outre l'urgence climatique et le respect des Accords de Paris, elle devra mettre son expérience au service d'une longue liste de sujets prioritaires, sur le plan national comme dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne. Le plus pressant d'entre eux est sans doute celui de la crise énergétique, antérieur à la guerre en Ukraine, mais rendu encore plus brûlant par cette dernière sur les plans socio-économiques et environnementaux. En accord avec les nouvelles stratégies européennes, dont le REpowerUE, la France va ainsi devoir accélérer pour de bon sur la production d'énergies renouvelables et sur la sobriété énergétique, en termes de mobilité et de logement, comme de process industriels. Bien que manifestement réservée en matière de nucléaire, celle qui a supervisé l'arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim, en 2020, devra par ailleurs composer avec la volonté affirmée du chef de l'État de lancer six à quatorze EPR d'ici à 2035.

Agriculture et infrastructures

Également à l'ordre du jour : la question de la dépendance de l'agriculture aux pesticides et du plan stratégique national agricole, sévèrement critiqué par la Commission européenne. Élisabeth Borne, qui a œuvré pour la réduction de l'usage des biocides, aura fort à faire avec la FNSEA, d'accord avec le principe de la planification, dès lors qu'elle « se concilie avec l'objectif de souveraineté alimentaire », dans un dialogue, « équilibré entre économie, écologie et production agricole durable ».

ONG et laboratoires d'idées réclament aussi une forte mobilisation pour une mobilité durable et des investissements conséquents : dans les transports ou les véhicules bas carbone, mais aussi dans l'aménagement du territoire. La nouvelle ministre réussira-t-elle à s'emparer de cette nouvelle méthode de gouvernance écologique ? Et celle-ci se révèlera-t-elle efficace ? Tout dépendra sans doute de la capacité de la nouvelle Première ministre à imposer et à faire vivre concrètement le concept, mais aussi des moyens qui lui seront alloués, et de la volonté du chef de l'État de tenir sa promesse de « faire de la France une grande nation écologique ».

Réactions11 réactions à cet article

Le mélange pervers d'intérêts à court terme et de solutions de facilité nous précipite déjà vers des procédés qui, intelligents au départ, sont détournés vers le "rendement maximum" et deviennent dommageables. Parmi ces bonnes solutions détournées on peut citer la méthanisation qui voit se multiplier les sites avec cultures dédiées, sans parler de la pollution résultante toujours oubliée; les pseudo-biocarburants, qui mobilisent eux aussi des cultures dédiées; les microcentrales hydroélectriques, où le très faible intérêt énergétique (mais fortement subventionné par le contribuable) s'impose malgré les dégâts environnementaux sur les cours d'eau; les éoliennes mal positionnées etc.. Ce manque de rigueur entraîne un rejet - souvent lui aussi exagéré car systématique - de bons projets. Il y a aussi et surtout la chimère de l'énergie "propre" et "verte", que tout un chacun encense tant que ce n'est pas à sa porte.

petite bête | 18 mai 2022 à 09h22 Signaler un contenu inapproprié

Borne à l'écologie... Sous Royal, ça a été la décision de l'arrêt de Fessenheim, maintenant réalisé par son nouveau patron, avec à la clé le redémarrage d'un GW de charbon ; ça a été le cadre PPE, avec le projet d'arrêt de 14 réacteurs sans plan de rechange autre que du gaz. Quand elle était en charge de l'Ecologie, ses effectifs ont fondu de 15% et la FNSEA a continué à faire sa loi. Et le chef de cabinet qu'elle s'est choisi, en tant que directeur de l'ARS Île de France est responsable de la fermeture de milliers de lits d'hôpitaux et de la désespérance des personnels. On ne parlera pas de son passage au Travail et de la dégradation ignoble des conditions d'indemnisation du chômage, etc. Bref, il ne faut rien en attendre ni pour la France ni pour le climat. Tant que le schéma ultra-libéral sera aux commandes, il n'y aura pas de transition écologique.

dmg | 18 mai 2022 à 09h35 Signaler un contenu inapproprié

Chiche Elisabeth

pas cap de rétablir l'autorisation du transport transfrontalier au camion de 45 T entre le bénélux et la France.
c'est gratuit et réduit de 10 % les émissions de CO² par camion;
voila le type de décision qu'il va falloir combattre
tq décision Eropéenne qui a était prise des plus stupides pour soit disant harmoniser le transport transfrontalier en Europe et favoriser le transport par rail.

autre exemple réel : carrefour ou il n'y a que des panneaux STOP
quel impact CO² de tel décision?

allez Bon courage Elisabeth ; enfin une femme ingénieure

sonitus aqua | 18 mai 2022 à 09h36 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour, votre bulletin est-il un porte voix de EELV, adepte du leitmotiv "il faut aller plus loin" ? Aussi loin que rejoindre le parti de Mélenchon pour "mettre à bas le système" ?

Albatros | 18 mai 2022 à 09h44 Signaler un contenu inapproprié

Les Symptômes climatiques que nous subissons (inondations sécheresses et canicules ) sont les symptômes exacts d'une désertification des continents = disparition de la couverture végétale = déforestation ! les canicules sont causées par les sécheresses et les sécheresses par les inondations : Les océans couvrent DEUX fois
plus de surfaces que les continents , Donc pour faire baisser le niveau des mers de 1cm
Il faudrait couvrir les terres de 2cm d'eau , Quel pays ne révérait pas
de retenir 2cm de pluie
Pour éviter les inondations
et ne plus avoir de sécheresse ? https://www.instagram.com/p/CddGbwPIcSw/

laurent | 18 mai 2022 à 10h22 Signaler un contenu inapproprié

laurent : en France le couvert forestier est en progression depuis des décennies : +80 000 ha en moyenne par an (0,6 % par an) en une trentaine d’années selon l'inventaire forestier de l'IGN. C'est pas "bien" ça ?
NB : je me doute que la situation est complexe mais sur ce fil YAKAFOKON, la complexité...

Albatros | 18 mai 2022 à 12h11 Signaler un contenu inapproprié

Mme Borne ,ingénieure des Ponts , serait sensible à la protection des oiseaux ,des poissons,des rivières , de l'air , des plages salies par les algues vertes,sensible à la domination de l'agriculture par la FNSEA ?
On l'aurait vu quand elle fut très provisoirement ministre de l'écologie .

sirius | 18 mai 2022 à 15h47 Signaler un contenu inapproprié

Il faut regarder les photos aériennes, une foret entourée de champs secs l'été c'est une goutte d'eau dans le désert et les arbres finissent par souffrir du stress hydrique ! l'IGN a publié une vidéo pour faire la comparaison de la couverture végétale entre juillet 2019 et juillet 2020, on a favorisé les cultures sèches pour économiser l'eau ... une Terre sans eau et sans végétation c'est un désert : https://www.youtube.com/watch?v=hGxUV7Hgpp0&t=18s

laurent | 18 mai 2022 à 15h49 Signaler un contenu inapproprié

J'aime bien les dernières lignes du 1er message de petite bête.... yakafokon + padevantchémoi = çà limite les projets, quel que soit le gouvernement. Ce n'est donc pas forcément qu'une question de président, mais aussi une question de mentalité des contribuables....

Je lis d'autre part de Sonitus aqua une mention quant au transport frontalier.... ici en Alsace, çà fait 15 ans que les élites (de pinard) locales militent à cor et à cris pour instaurer l'écotaxe transport, pendant de la LKW Maut allemande.... avec le machin européen alsacien (CEA) qui vient d'être autorisé, ils vont enfin pouvoir la lancer... mais curieusement, on n'en est pour le moment qu'à la consultation publique, je pressens (énormément) d'exemptions à cette taxe.... c'est sans doute, là aussi, la différence entre les gens qui sont dans la fosse à aboyer et ceux qui passent ensuite aux manettes pour réaliser que tout n'est pas si facile que lorsqu'on est accoudé sur le zinc du Bistrot des Amis.

nimb | 19 mai 2022 à 09h10 Signaler un contenu inapproprié

Nimb
tu me parles de taxe sur le transport alors que je parle de l'impact CO² d'une réglementation ; ce n'est pas tout à fait la même chose.
précision : la france le bénélux autorise le transport de camion de 45T mais l'europe n'autorise le transport transfrontalier qu'au camion de 40T max car c'est le poids max dans toute l'europe.
donc pour être en conformité nous avons du réduire nos volumes transportés de 5T pour être en conformité.
un camion avec +5 T consomme bien entendu proportionnellement beaucoup moins.
c'est ce type d'aberration qu'il faut éliminer et combattre car cela coute 0 €

sonitus aqua | 19 mai 2022 à 09h55 Signaler un contenu inapproprié

nimb, je ne suis pas toujours d'accord mais j'apprécie énormément vos interventions.
Merci à vous et excellente journée à tous (et beaucoup de courage pour les non-habitués dudit zinc qui sont "aux manettes" !).

Albatros | 19 mai 2022 à 10h16 Signaler un contenu inapproprié

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